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EAN : 9782070342617
320 pages
Gallimard (06/12/2007)
3.49/5   35 notes
Résumé :
S'il n'avait pas fait si chaud à Saint Louis cette nuit-là, si deux journalistes ne s'étaient pas soûlés pour l'oublier au point de tout croire possible, s'ils n'avaient pas eu l'idée d'appeler un taxi pour se réfugier dans le seul endroit frais sur des kilomètres à la ronde, si le chauffeur n'était pas entré avec eux dans la morgue et n'avait pas soulevé le drap cachant le corps voluptueux d'une jeune prostituée, s'il n'y avait pas eu cet instant trouble où les tab... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Par une nuit d'été étouffante à Saint Louis, deux journalistes décident, pour se rafraichir, de passer un moment à la morgue. Ils y trouvent le cadavre d'une prostituée. Ce qui amène l'un d'eux à raconter à l'autre l'histoire de Raven, un mac doublé d'un tueur sans aucune pitié, qui a arraché au caïd Mendetta, qu'il a abattu de sang froid, le business des filles de joie pour en faire un trafic extrêmement lucratif dans lequel flics, magistrats et patrons d'entreprise corrompus baignent allègrement.
Seul un homme va oser se dresser contre le gangster et cet homme est un journaliste du nom de Jay Ellinger qui va venir en aide à Benny Perminger, un ami dont l'épouse Sadie, témoin du meurtre de Mendetta, ce que Raven ignore, est tombée sous la coupe du malfrat qui la retient dans un bordel et brise sa volonté en la torturant abominablement avant d'en faire sa "favorite".
Parvenant à retrouver la trace de la jeune femme dans la suite d'un luxueux hôtel de la ville et à la soustraire au truand, Jay Ellinger porte ainsi un premier coup sérieux au caïd. La révolte de quelques filles qui tuent dans un bordel les deux principaux lieutenants de Raven déclenche un scandale que personne ne peut étouffer et précipite la chute de Raven qui est maintenant traqué par le FBI à cause de l'ampleur de la traite des blanches mis en place dans différents Etats. Il va se réfugier dans un hôtel borgne avant de réussir à quitter la ville en se déguisant et en compagnie d'une fille à qui il a monté un bateau. C'est en voulant abuser d'elle comme il en a tellement l'habitude que le bandit perdra la partie.

Sixième roman de James Hadley Chase, publié en 1941, "Méfiez-vous, fillettes" est une nouvelle illustration de la guerre sans pitié que se livrent les gangs rivaux dans les grandes villes américaines des années 30 et 40 mais c'est aussi un portrait sans concession de la corruption qui mine la société américaine dont les notables tirent de substantiels revenus de l'empire du vice.
Cet excellent roman noir présente un double intérêt, au delà bien sûr de celui procuré par le plaisir de lire ce genre de littérature lorsqu'elle est imaginative et bien écrite. C'est, pour l'auteur, l'occasion d'abord de mettre en avant l'organisation casi scientifique et professionnelle du crime pour le faire passer d'un stade artisanal à un état plus industrialisé, multipliant à l'envie le montant des sommes générées par le racket de la prostitution en organisant, dans un premier temps, la pénurie pour faire monter les prix avant d'inonder le marché par la mise en place d'une traite des blanches à grande échelle. Mais c'est aussi et surtout une façon de mettre la société devant ses contradictions les plus profondes. le discours de Raven avant de s'assoir sur la chaise électrique est révélateur des celles-ci. Si les descriptions des sévices infligés aux filles pour les soumettre se posent en contrepoint des propos du journaliste dans le prologue de l'oeuvre selon lesquels personne ne peut obliger une femme à se prostituer et que celles qui exercent le plus vieux métier du monde le veulent bien pour avoir de l'argent facile, la harangue de Raven face à ceux qui sous couvert d'un puritanisme de bon aloi, viennent le voir griller montre qu'il n'est pas dupe et que ce sont les mêmes qui applaudissent à son exécution et fréquentent de façon assidue les bordels. Raven ne fait que répondre à la demande. Au pays du capitalisme triomphant, c'est une loi immuable que de satisfaire par une offre adéquate une demande existante. Ce type de racket ne saurait donc prendre fin tant que la demande sera là. Raven mort, c'est un autre qui prendra sa place, rien ne peut empêcher cela et, surtout pas les flics nous dit le condamné à mort.
C'est ainsi que Chase dessine au vitriol une société corrompue parce que bâtie sur des bases volontairement corruptibles. L'essor sans cesse grandissant du crime organisé montre bien la justesse de vue du grand maître du roman noir qu'est James Hadley Chase.
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"Miss Callaghan comes to grief" est le titre original du roman de James Hadley Chase publié en Angleterre en 1941 puis traduit et publié dans la collection Série Noire en 1949 sous le titre "méfiez-vous, fillettes".

Petit problème, il n'y a pas de "Miss Callaghan" dans la version française (traduction Jacques Legris). Bon, étant donné le sens du titre ( "comes to grief" = prend le deuil), je pense qu'il s'agit du personnage de Sadie Perminger …

Marrant qu'on se permette à la traduction de changer les noms de personnages ! …

Ce roman fut adapté au cinéma par Yves Allégret en 1957 sous le titre du roman en français ; je ne l'ai pas vu mais il me semble d'après ce que j'ai lu, que le film est un peu plus soft que le roman (même si le truand principal est interprété par Robert Hossein que j'imagine ô combien dans le rôle).

Oui, parce que pardon, le livre, faut s'accrocher un peu, car il s'agit d'une plongée – glaciale - dans le monde de la traite des blanches dans la bonne ville de Saint-Louis dans le Missouri.

Comme souvent chez Chase, les vingt premières pages sont là pour mettre dans l'ambiance et planter le décor et le lecteur a parfois du mal à voir où l'auteur veut en venir.

Par contre, une fois qu'on a franchi cette étape nécessaire, on ne peut plus lâcher le roman dans cette histoire effroyable où des jeunes filles ou des jeunes femmes sont kidnappées pour aller grossir un réseau de prostitution à grande échelle élaboré par des truands sans aucun scrupule, soutenu par des politiciens, des policiers ou même des patrons de presse largement corrompus. Au-delà de l'opération de kidnapping proprement dite, les méthodes employées pour briser les résistances et transformer les femmes en prostituées soumises font froid dans le dos.

Ce roman présente un petit intérêt, je dirais historico-judiciaire propre aux USA, que je n'ai pas vérifié mais qui m'intrigue. Au point que je me demande même s'il ne tient pas du fantasme de la part du romancier

Au risque de spoiler un peu, on ne sera pas surpris de voir que le truand "organisateur" de ce réseau infâme va finir sur la chaise électrique, ce qui est la règle générale dans les romans de Chase qui s'achèvent d'une façon plutôt morale. La scène est explicitement décrite mais ce qui a particulièrement retenu mon attention, c'est deux choses :

La première est que le condamné a le droit d'inviter une personne à son exécution (ici, il va inviter, une des femmes qu'il a soumise et torturée !).

La deuxième est que le condamné a le droit de parler aux personnes présentes et renvoie dos à dos son activité criminelle à la société qui le condamne. En effet, cette dernière, en permettant/autorisant la prostitution permet de facto ce commerce des femmes pour satisfaire une certaine clientèle.
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Cet auteur ne fait pas dans la dentelle ni dans le raffinement; on va direct au but, les dialogues sont percutants à défaut d'être subtils, pas de fioritures dans l'écriture. le privé de service est entêté, fidèle à sa parole et à ses principes, insensible aux menaces comme au soudoiement, se permettant même d'en donner plus que le client en demande. Et le rôle réservé aux femmes n'est pas, comment dire, conforme aux valeurs de notre époque . . . quoique certains devraient se méfier de les prendre que comme des jolis objets.

Qu'est-ce qu'un tel cocktail donne au final? Hé bien une lecture amplement satisfaisante pour qui sait dans quoi il s'embarque. Car l'intrigue principale soutient facilement l'intérêt, les caractères des principaux acteurs sont bien découpés, les dialogues savoureux, et un certain humour noir n'est jamais bien loin. Il en résulte une ambiance particulière qui, prise au deuxième niveau, est vraiment délectable. Évidemment il faut accepter de jouer le jeu, se reporter à l'époque et aimer le genre. Dans ces conditions c'est très bon, sinon vaut mieux s'abstenir car cela deviendrait vite imbuvable. Pour amateurs donc.
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. Il fait chaud à St Louis et le point fraîcheur idéal n'est il pas la morgue municipale ? C'est par ce prologue plein d'humour macabre que débute le roman qui s'articule autour de trois personnages : Raven , demi-sel sadique devenu caïd de la prostitution par élimination de la concurrence ; Sadie victime de la traite des blanches ;Jay journaliste fouineur et courageux .Une histoire très noire qui plonge le lecteur dans l'enfer vécu par les femmes enlevées et forcées à se prostituer pour le profit des macs , de notables corrompus et le plaisir des clients .Un roman qui peut se lire comme une dénonciation.
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James Hadley Chase, depuis son bureau anglais, décrit livre après livre l'univers impitoyable de la pègre américaine. Saint-Louis et son été torride, mais ce pourrait être n'importe quelle ville américaine. Une bataille pour le contrôle de la prostitution de la ville. Raven, un caïd venu de Chicago décide de terroriser les prostituées de la rue pour les obliger à travailler dans les bordels qu'il détient.

La police, la justice et même la presse sont corrompus et ceux qui essaient de s'opposer à la traite des blanches se retrouvent assassinés ou disparaissent. Mais, comme dit Raven à la fin, il ne fait que par répondre à la demande et lui mis hors circuit, un autre prendra sa place ...

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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
L’offre ne peut rejoindre la demande. Tant que vous aurez envie de filles nouvelles, le racket continuera, rien ne peut l’arrêter, en tout cas pas les flics. C’est vous qui pourriez l’arrêter et personne d’autre. Quand vous aurez décidé de passer toute votre vie avec vos femmes, les filles n’auront pas à vendre leurs corps. Mais vous ne ferez jamais ça. Moi mort, un autre prendra ma place, il y aura toujours une demande et faudra bien quelqu’un pour la satisfaire.
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Carrie O'Shea dirigeait le seul bordel élégant du quartier Est de Saint-Louis. Il ne manquait pas d'autres établissements dans la ville, mais pas un n'avait la classe de celui de Carrie.
D'abord, ce dernier se trouvait en face du bureau du procureur général et ce simple fait lui donnait du piment. Ensuite, Carrie qui dirigeait la maison s'arrangeait pour recevoir une nouvelle cargaison de filles tous les mois. Cela demandait du travail, mais Carrie savait que la variété est l'agrément de la vie et ses clients ignoraient toujours, quand ils quittaient la maison, quelles seraient les filles qu'ils trouveraient à leur prochaine visite.
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J'en ai eu pour mon argent et je n'ai pas peur de mourir. Vous savez tous ce qu'était mon racket. Si les gars comme vous ne voulaient pas de femmes, ça n'aurait pas été long. N'oubliez pas ça. Des crapules aussi moches que vous qui viennent me voir crever, elles sont aussi coupables que moi. Vous en aviez marre de vos femmes et vous vouliez une fille nouvelle, alors vous veniez me voir. Voilà tout. L'offre ne peut rejoindre la demande.
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Tant que vous aurez envie de filles nouvelles, le racket continuera, rien ne peut l'arrêter, en tout cas pas les flics. C'est vous qui pourriez l'arrêter et personne d'autre. Quand vous aurez décidé de passer toute votre vie avec vos femmes, les filles n'auront pas à vendre leurs corps. Mais vous ne ferez jamais ça. Moi mort, un autre prendra ma place, il y aura toujours une demande et faudra bien quelqu'un pour la satisfaire.
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Si une femme ne veut pas faire la putain, tu peux toujours essayer de la forcer. Si elles font ce métier, c’est qu’elles veulent avoir la bonne vie sans se fatiguer. T’as envie d’elles, elles te font payer. T’as rien pour rien. Elles trichent, volent, mentent et détestent les hommes
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Vidéo de James Hadley Chase
Bande annonce du film Eva (2018), nouvelle adaptation du roman Eva de James Hadley Chase.
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