...ivre- mort dans mon banc de neige. Voici la mort qui vise avec son long fusil de givre. Non ! je ne veux pas! je ne veux pas! je refuse! j'ai la bouche rivée de verglas et je ne peux pas crier. Je dévale la Côte-des-neiges, péniblement , à la vitesse de la lumière. Que la vitesse de la lumière est lente lorsque l'on fuit la mort.
«Je veux qu'on me retrouve ici, poing dressé vers le ciel, dans dix mille ans, comme on retrouve un mammouth sous la transparence d'un glacier. Je hurle avec le vent, je tente de saisir le vent du nord avec mes dents. (...) Je suis le vent du nord qui fonce aveuglément, ma peau tannée est une voile et je glisse à une allure vertigineuse sur les patins de mes os. Cette course n'aura pas de fin et je ne serai plus qu'un os immaculé traîné pendant l'éternité par les chiens blancs de la poudrerie. J'ai dans les entrailles un cri qui me dévore et ne sortira pas. Je suis une erreur et je me raye de ce monde.»