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Citations sur Le sommeil délivré (21)

Le lendemain, j'allai sur mon balcon pour apercevoir la campagne. Elle entourait la maison en face d'elle, celle du propriétaire absent. C'était une campagne très plate et qui émergeait de l'aube avec langueur...
Ma vie, comme cette campagne, s'étalait devant moi. Ma vie inévitable. Que pouvais-je en faire ? Il fallait cesser de se plaindre. Les maternités viendraient, l'une après l'autre, m'ôter le souci de moi-même. J'y songeais comme à un refuge, et je frémissais en même temps à la pensée de l'enfant qui naîtrait de ces nuits où le désir d'être morte défigurait mon visage.
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Chaque fois la chapelle m'apparaissait blanche, haute comme l'espace.
"Clic-clac." Il fallait mettre un genou à terre, se signer, se relever, entrer dans les bancs, s'agenouiller, se recueillir, et les prières s'élevaient de toutes les bouches en même temps. Elles ne m'étaient rien, avec leurs mots usés qu'on ne cherchait plus.
Je serrais les lèvres pour qu'ils ne passent pas, ces mots. Je mettais mon visage à l'abri de mes mains. Je me grisais d'autres mots, de mots à moi que je sentais et sur lesquels j'aurais trébuché si j'avais eu à les dire. Je pressais mes paupières, je voyais un monde, un autre monde, celui de l'envers de mes yeux. Avec ses lueurs roses, ses boules qui tournent, ses rosaces trouées, ses pétales, ses plumes d'oiseaux.
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Toutes ces naissances, tous ces garçons qu'on m'a souhaités avant que je n'aie eu le temps de les souhaiter moi-même ! Je sortais à peine de cette enfance que l'on s'acharnait à me voler. Pauvre enfance étouffée, qui s'en allait de moi avec des cheveux de morte. Mon enfance défigurée, prise entre des couloirs qui n'aboutissent pas, des portes qui n'ouvrent pas, et cette pensée qui me rongeait : "Il y a la vie... Elle existe la vie ! Elle avance, c'est un grand fleuve... Si tu écartes les roseaux jaunis, tu pourras l'apercevoir."
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Son mari portait une bague,un brillant cercle d'or.On sentait, à le voir,l'importance de son compte en banque.(..)
"Il faudra que tu viennes chez moi,disait Sarah.Je te montrerai mon trousseau."
J'avais honte d'elle et de son renoncement. J'avais honte de sa jeunesse qui ne demandait rien de plus à la vie.Je la détestais, mais dans le même instant je la sentais si démunie, que j'aurais voulu la prendre contre moi,lui souffler dans la bouche pour lui redonner vie et chasser la cendre. (Flammarion, 1976,p.57)
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Je me penchais pour regarder la voie.J'aurais voulu que le train allât plus vite, qu'il abandonnât tout derrière lui.J'aurais voulu qu'il traversât des continents et qu'il ne s'arrêtât jamais.Ou , s'il devait s'arrêter, que ce fût dans un pays sans mémoire.
Mais les trains ont des rails et des gares.
( Flammarion, 1976, p.197)
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Je n'étais plus retournée au village.
Qu'il fallait "tenir son rang ",cela les femmes l'avaient compris, et elles ne m'en voulaient pas.Un sentiment de malaise s'installa entre elles et moi pour une toute autre raison. J'étais stérile, et l'on se méfiait des femmes stériles. (Flammarion, 1976,p.145)
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Le sommeil s'emparait des villages et des villes. Ceux qui avaient des volets les rabattaient ; les autres, les plus nombreux, se contentaient de leurs paupières durcies. Le sommeil saisissait les nuques. Il les ployait en avant et rabattait les épaules. Il vous octroyait encore ce dernier sursaut de lucidité qui permettait de se lever pour aller s'abattre sur la couche la plus proche.
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Le matin, mon sommeil me quittait par lambeaux. Il se décollait lentement comme d'une blessure.
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-Bientôt, il faudra songer à te marier, disait mon père.
Il s'en inquiétait bien plus que de mes études. Une fille,quel problème ! Encore heureux de n'en avoir qu'une seule ! Il était tranquille de me savoir ici où on m'inculquait des principes,et je serais plus facile à caser.Mais l'instruction ? Il estimait déjà que j'en savais trop.
"Tant que tu pourras rédiger une lettre à ton vieux père pour lui annoncer la naissance d'un garçon, cela suffira", disait-il. (Flammarion, 1976, p.50)
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Je comprenais de mieux en mieux ce qui se passait. Il fallait masquer une faillite. On dépouillait les chambres dans lesquelles les visiteurs ne pénétraient pas, pour préserver les salons, les fauteuils dorés, leurs tapis. On se débarrassait de moi. J’encombrais, je coûtais, Il fallait me marier au plus vite. Il fallait sauver la face.
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