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EAN : 9782290303863
252 pages
J'ai lu (06/07/2000)
3.74/5   57 notes
Résumé :
Un jour, j'avais vu un poisson se débattre.
Il avait fait un trou dons le filet et s'était échappé en laissant beaucoup d'écailles. Mon frère l'avait injurié. (...) Près de lui, je tenais mes bras croisés, mes mains serrées sous mes aisselles, pour ne pas applaudir " Tout comme le poisson, Samya aussi aurait voulu s'échapper. Echapper à sa condition de femme, à son mariage arrangé par son père, à son existence d'épouse, dans un petit village au bord du Nil, à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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La tragédie qui ouvre le récit est un fait divers comme tant d'autres, c'est peut-être la conséquence, la déflagration d'une tragédie plus grande encore, abyssale, celle des femmes recluses à perpétuité au nom de la tradition, de la loi des hommes et des sociétés fabriquées par les hommes et pour les hommes, du droit que peut s'octroyer un seul homme tout simplement et du silence complice des autres qui vient s'enrober dans ce fait divers comme dans tant d'autres faits divers, hélas.
Le sommeil délivré, c'est l'histoire de Samya, une jeune femme égyptienne, c'est l'histoire de son mariage arrangé par son père avec un homme de quarante-cinq ans alors qu'elle n'a que quinze ans.
L'homme s'appelle Boutros, c'est un bey. Nous sommes dans un petit village au bord du Nil, dans les années cinquante...
Les premières pages avancent de manière implacable vers le drame qui va se jouer d'ici peu. C'est Rachida la belle-soeur de Samya, c'est-à-dire la soeur de Boutros, qui nous parle tout d'abord.
Plus tard, Samya reprendra la parole, elle dira les choses à sa manière... D'une autre manière que sa belle-soeur. Elle dira tout d'abord les choses comme elle les a vécues, dans sa chair. Elle dira les choses comme d'autres femmes auraient pu le dire à sa place... À la manière des femmes qui souffrent, oppressées, à qui l'on donne la parole le temps d'un récit écrit par Andrée Chedid.
Ce qui est terrible dans ce texte, bien sûr c'est l'oppression de cet homme qui révèle peu à peu sa dimension tortionnaire, mais ce qui rajoute à ce drame c'est la complicité malveillante de sa soeur, Rachida. Dans un précédent billet, je vous évoquais la complicité terrible des belles-familles dans un contexte si proche... Ici, elle s'incarne dans ce personnage de Rachida.
Le sommeil délivré, c'est le rêve impossible de Samya à devenir femme, devenir mère, être libre enfin libre, exister tout simplement.
D'une écriture belle, poétique, ciselée à merveille, d'une écriture qui vient capter la lumière d'un matin s'éveillant et glissant sur les eaux du Nil, l'autrice s'éprend du destin douloureux d'une femme qui s'appelle Samya et elle le dit sans concession.
C'est le silence de l'obéissance et de la soumission, c'est la soumission et la résignation...
Samya n'est pas seulement enfermée dans une maison... Elle est recluse à jamais dans une vie qui est la sienne, ou plutôt qui ne devrait pas être la sienne.
Le sommeil délivré, c'est donc à la fois le silence et la tragédie.
Quel geste pourrait délivrer cet enfermement ?
Samya, condamnée au silence, se retrouve là debout à devoir emplir le silence des pages qui se déroulent plus tard et leur donner de la lumière à sa manière, tâtonnant comme une femme peut essayer de tâtonner dans un monde verrouillé par les hommes.
Un jour, Samya, ne peut plus se lever, c'est arrivé comme cela un matin, elle a perdu définitivement l'usage de ses jambes. D'ailleurs, à quoi lui serviraient désormais ses jambes ? Pour s'échapper ? Mais pour aller où ? Pour aller jusqu'où ? Vers quel horizon ? Vers quels autres hommes ? le village d'à côté qui lui est interdit d'accès ? Retourner chez son père, chez ses quatre frères ?
Ici ce n'est pas la barbarie d'un seul homme, c'est celle d'un pan de l'humanité, cette humanité qui regarde en arrière, s'accroche aux vestiges de la tradition, aux zones les plus sombres des religions censées rassembler, mais au nom de qui, de quoi ?
On voudrait tant lire ce livre aussi comme une promesse à venir qui changerait le monde.
En contrepoint d'une noirceur qui pourrait dessiner la fatalité d'un monde sans retour, Andrée Chedid parle d'amour, l'amour de la vie plus que jamais, désolé moi j'y crois un peu encore.
Elle pose aussi cette question lancinante : est-il possible de se rebeller, quand on n'a connu que la soumission, sans participer à sa propre destruction ?
Ce n'est pas un récit qui dit la défaite et l'abandon, c'est un récit qui parle de la vie, les personnages secondaires sont beaux, résonnent en dissidence au drame qui va venir, ils sont beaux comme la vie qui s'exprime et se glisse dans les interstices d'une histoire écrite par avance, cette enfant qui chante sous la fenêtre une nuit et qui agace le mari et qui sera battue à cause de cela, cet aveugle du village voisin « sorte de divinité silencieuse qui régnait sur le village, au moment où les hommes étaient absents », la petite Ammal qui sculpte des figurines que son père va détruire parce que ses créations vont contre l'ordre des choses... Ce sont ces multiples personnages, malgré leur détresse respective, qui apportent de l'espoir au récit...
Être condamnée au malheur, ce n'est peut-être pas être résignée...
Ne prenez pas ce texte comme un chant désespéré, il faut s'en saisir pour changer le monde... Espérer...
C'est un texte beau et puissant, peut-être celui qui, venant d'Andrée Chedid, m'a le plus touché jusqu'à présent...
Ce livre, qui fut le premier publié par Andrée Chedid en 1952, est un cri qui rappelle ô combien que la cause des femmes est universelle et intemporelle.
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- Librairie de Paris-24 août 1985/// 19 mai 2022 !!

Un éblouissement absolu que ce roman d'Andrée Chedid...que j'ai près de moi,à ma grande honte, depuis si longtemps...

Ce livre publié par Flammarion en 1976, je l'avais de plus, commandé en 1985, dans la première librairie où je faisais mes 1ères armes dans ce métier. Cette librairie toujours existante, et aujourd'hui propriété des éditions Gallimard était La Librairie de Paris (Place de Clichy)....

Cette parenthèse à ses raisons d'être,car en dépit de sa publication, il y a près de 50 ans, l'histoire reste dramatiquement d'actualité, lorsqu'on entend proclamer les interdictions féroces des talibans à l'encontre des toutes jeunes filles et femmes: refus de leur instruction à partir du secondaire , retour à la burka intégrale,à l'extérieur.,etc. Plus d'accès aux études, soumission totale au père, aux frères, oncles, futur mari...et on se retrouve dans l'histoire de Samya qu'Andrée Chedid,nous fait vivre avec une intensité, un suspens et une poésie fulgurante !

Le destin tragique d'une petite fille,Samya, malheureusement née dans un pays, l'Égypte,où les filles ne sont que des objets encombrants, qui
"coûtent ",que l'on vend au plus offrant,dans des mariages arrangés entre des hommes d'âge mûr ou carrément "âgés", pour arranger les hommes de la famille, pour une raison ou une autre...Dans le cas de Samya, son mariage forcé doit renflouer les affaires, et effacer les dettes du Père,commerçant...

Le destin de Samya, seule fille d'une fratrie de 4 garçons, élevée par un père veuf, indifférent et traditionaliste dans ses rapports avec sa fille unique...
Samya a eu la malchance de perdre sa mère, très, très jeune. Pas la moindre affection ni de son "Paternel", ni de ses frères ; seule, la vieille nourrice,Zharifa, lui témoigne de la gentillesse, en dépit de son côté " bourru"...

"-Bientôt, il faudra songer à te marier, disait mon père.
Il s'en inquiétait bien plus que de mes études. Une fille,quel problème ! Encore heureux de n'en avoir qu'une seule ! Il était tranquille de me savoir ici où on m'inculquait des principes,et je serais plus facile à caser.Mais l'instruction ? Il estimait déjà que j'en savais trop.
"Tant que tu pourras rédiger une lettre à ton vieux père pour lui annoncer la naissance d'un garçon, cela suffira", disait-il. (Flammarion, 1976, p.50)"

Même si Samya n'est pas d'accord avec ce mariage, qu'elle tente de se révolter "faiblement", la pression paternelle et sociale est telle qu'elle plie, se mure dans une fausse docilité...
Elle espère au début que ce mari non choisi, ne sera peut-être pas si terrible, elle essaye de s'adapter à sa nouvelle maison, essaye de l'embellir, va rencontrer les femmes du village...mais chaque fois, c'est la Violence du mari, une suite ininterrompue d'interdictions...Samya se retrouve dans une véritable toile d'araignée effroyable,; elle étouffe...Son mari est dans la haine et la colère ,en permanence ( sauf avec sa soeur, Rachida, vieille fille acariâtre ,jalousant Samya), traitant très mal son personnel, et ses "domestiques", allant jusqu'à faire battre une petite fille qui chantait sous ses fenêtres !!

Autre malchance....: les années passent et pas d'enfant à l'horizon!... Évidemment, lorsque Samya excédée des reproches de Boutros à son égard, pour cette stérilité...lui renvoie la question, comme quoi, c'est peut-être lui qui en est la cause. Suprême insulte pour Boutros, qui,en guise de réponse, la frappera...

Naîtra finalement plus tard une petite fille, Mia, qui apportera une parenthèse merveilleuse de légèreté, de bonheur à la maman, Samya, en même temps que l'affection d'Amnmal, petite fille de berger, qui apporte le fromage à Samya.
Cette petite Ammal est un véritable soleil...et elle a un talent et une passion qu'elle doit cacher: elle sculpte des figurines, que son père a,une fois,découvert et détruit !!
Samya l'aide, et la protège comme elle peut, l'encourage, lui coud une jolie robe, lui raconte mille histoires ainsi qu' à sa petite fille, Mia....

D'autres malheurs terribles surviendront...que je ne dévoilerai en rien.( même si la narration est au début déstabilisante, car elle commence par le dénouement !)

Incroyable d'apprendre que ce roman,à l'intensité dramatique savamment dosée, à la poésie certaine, aux images, métaphores simples et intenses...était son premier livre....

Le cri de Samya contre sa vie "imposée et bafouée "....nous prend à la gorge, aux tripes...."D'autres, comme moi,ont dû sentir leur vie s'effriter au long d'une existence sans amour.Si je crie,je crie un peu pour elles...Mais nos filles, nos filles peut-être ne seront plus semblables à ces mousses qui végètent autour de troncs morts.Nos filles seront différentes. Elles surgiront de l'engourdissement..."

Et ce dernier extrait choisi , réveille, réactive des réalités malheureusement revenues empoisonner, paralyser, terrifier l'existence des femmes dans certains pays....

"Je détestais Boutros.Ma haine s'ajoutait à mon dégoût. Je le voyais,lui, et tous les Boutros du monde,compassés dans leur demi- autorité .Ils réglaient les destinées, ils écrasaient les plantes, les chansons,les couleurs, la vie elle-même ; et ils réduisaient tout à la mesure rabougrie de leur coeur.(Flammarion,1976,p.122)"

*** 28 juillet 2022; ayant involontairement " confiné " et oublié ce magnifique roman trop longtemps, je tente de réparer un peu, en l'offrant aujourd'hui à une amie, qui repart dans 48h aux États-unis, où elle vit....Un livre - voyageur qui va rattraper dans une maison-amie une mise à l'écart injuste !...
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Un soir, Samya, paralysée, tue son mari, le bey, d'une balle dans la tête. Vue par sa belle-soeur Rachida, cette femme est folle. Qu'est-ce qui a bien pu lui prendre ? Elle avait tout : un mari, une maison, de la nourriture en quantité suffisante et il ne lui reprochait même pas de ne pas lui avoir donné de fils, il la gardait auprès de lui alors qu'elle passait ses journées dans son fauteuil sans plus pouvoir en sortir. Et puis le récit revient sur Samya, son enfance au pensionnat, son mariage à 15 ans avec un homme de 45. Son entrée, le jour de ses noces dans cette maison isolée, face à celle du maître qui ne vient jamais, loin du village où elle n'a pas le droit de se rendre et à deux heures de train de la ville où elle ira une fois, et de sa famille que de toute façon elle ne verra plus. Et on comprend très vite le désespoir de Samya, enfermée dans sa maison et dans les traditions, condamnée à vivre uniquement pour donner des fils à son mari, accumulant petits et grands renoncements, qui viennent s'ajouter à la haine et à la rancoeur qu'elle éprouve contre ce mari et cette belle-soeur qui l'ont toujours considérée comme un élément du décor, moins jolie qu'une fleur et même pas aussi pratique qu'un meuble.
Le style d'Andrée Chédid est beau et puissant et elle décrit à la perfection les sentiments de cette jeune femme, certainement représentative de beaucoup d'autres, avec toujours cette touchante justesse qui la caractérise. Un beau récit, empreint de désespoir.
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"Le sommeil délivré" est un court roman d'Andrée Chedid, le premier que je lis.

Son langage est simple et poétique.

Samya est une jeune chrétienne libanaise, seule fille d'une fratrie de quatre, élevée par un père veuf.

Sa vie ne sera qu'une succession d'espoirs déçus : un père sans amour, des frères indifférents, un pensionnat religieux désespérant, une religion sans pardon, un mariage précoce avec un homme de trente ans son aîné, la perte d'une enfant chérie.

La tristesse, l'abandon, l'ennui, la perte de tous ses talents.

Pourtant, elle valait mieux que ça, la petite Samya. Mais naître fille au Liban est une terrible épreuve : pour la famille qu'elle appauvrit, pour soi. Une fille attire la malchance, c'est un être à peine humain, guère plus qu'une poule, dont la seule mission est de donner naissance à un garçon. Hors du fils point de salut, et la vie se traîne comme une mort lente et ignominieuse.

Tout est gris dans ce livre subtil. Pourtant l'ombre d'une espérance l'éclaire par touches. Et survient le personnage d'une petite musulmane artiste : son oeuvre est taboue et son père détruira ses petits personnages de terre. Mais la grâce est irrémédiable, comme le sont l'abandon et la solitude. En elle triomphe l'amour, qui n'est autre que l'acte créateur.

Lui seul peut nous sauver, que nous soyons la mère magicienne qui anime toute chose pour faire rire son enfant ; le poète, ou une sculptrice comme la petite musulmane qui va vers sa vocation : "Comme elle court, Ammal, comme elle court !"

Car face à l'âpreté de notre destin, tous, hommes ou femmes, ne sommes finalement que des fillettes mal aimées : des êtres facultatifs, décevants pour nous et pour autrui, peu attendus, à peine regardés, voués à la tristesse et à la mort.

Mais il arrive que nous portions en nous l'étincelle sacrée. Et alors nous serons délivrés de la peine de vivre par des instants intenses.

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Ce livre est fantastique ! Je n'avais jamais rien lu de cet auteur et je n'ai qu'une hâte, c'est de renouveler l'expérience à travers une autre histoire.

Le Sommeil délivré m'a ébloui de par sa qualité, son histoire et surtout sa façon de l'engager. C'est un récit qui commence par la fin. Lorsqu'on débute la lecture, le personnage principal n'est pas celui qu'on croit et on nous en fait un piètre tableau. Puis on fait un bond dans le passé et on se retrouve nez à nez, seul à seul, avec cette femme qu'on imaginait mauvaise puisque c'est ainsi qu'on nous l'avait décrite. le ressenti change au fur et à mesure et on s'étonne à apprécier ce personnage et à le soutenir dans ses démarches.

L'histoire est incroyablement bien menée car au delà de l'intrigue, l'auteur traite de sujets graves tels que le mariage forcé, la place de la femme et sans grand discours, fait réfléchir sur l'importance de l'instruction autant que sur les conséquences des jugements faciles. Ce qu'il y a d'extraordinaire dans ce livre, c'est que tout y est dit, mais seulement à celui qui voudra bien le voir.

Histoire magnifiquement épurée pour n'en garder que le meilleur, un livre plein d'intelligence et un auteur doté d'un talent incommensurable !
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Chaque fois la chapelle m'apparaissait blanche, haute comme l'espace.
"Clic-clac." Il fallait mettre un genou à terre, se signer, se relever, entrer dans les bancs, s'agenouiller, se recueillir, et les prières s'élevaient de toutes les bouches en même temps. Elles ne m'étaient rien, avec leurs mots usés qu'on ne cherchait plus.
Je serrais les lèvres pour qu'ils ne passent pas, ces mots. Je mettais mon visage à l'abri de mes mains. Je me grisais d'autres mots, de mots à moi que je sentais et sur lesquels j'aurais trébuché si j'avais eu à les dire. Je pressais mes paupières, je voyais un monde, un autre monde, celui de l'envers de mes yeux. Avec ses lueurs roses, ses boules qui tournent, ses rosaces trouées, ses pétales, ses plumes d'oiseaux.
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Le lendemain, j'allai sur mon balcon pour apercevoir la campagne. Elle entourait la maison en face d'elle, celle du propriétaire absent. C'était une campagne très plate et qui émergeait de l'aube avec langueur...
Ma vie, comme cette campagne, s'étalait devant moi. Ma vie inévitable. Que pouvais-je en faire ? Il fallait cesser de se plaindre. Les maternités viendraient, l'une après l'autre, m'ôter le souci de moi-même. J'y songeais comme à un refuge, et je frémissais en même temps à la pensée de l'enfant qui naîtrait de ces nuits où le désir d'être morte défigurait mon visage.
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Toutes ces naissances, tous ces garçons qu'on m'a souhaités avant que je n'aie eu le temps de les souhaiter moi-même ! Je sortais à peine de cette enfance que l'on s'acharnait à me voler. Pauvre enfance étouffée, qui s'en allait de moi avec des cheveux de morte. Mon enfance défigurée, prise entre des couloirs qui n'aboutissent pas, des portes qui n'ouvrent pas, et cette pensée qui me rongeait : "Il y a la vie... Elle existe la vie ! Elle avance, c'est un grand fleuve... Si tu écartes les roseaux jaunis, tu pourras l'apercevoir."
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Son mari portait une bague,un brillant cercle d'or.On sentait, à le voir,l'importance de son compte en banque.(..)
"Il faudra que tu viennes chez moi,disait Sarah.Je te montrerai mon trousseau."
J'avais honte d'elle et de son renoncement. J'avais honte de sa jeunesse qui ne demandait rien de plus à la vie.Je la détestais, mais dans le même instant je la sentais si démunie, que j'aurais voulu la prendre contre moi,lui souffler dans la bouche pour lui redonner vie et chasser la cendre. (Flammarion, 1976,p.57)
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Je me penchais pour regarder la voie.J'aurais voulu que le train allât plus vite, qu'il abandonnât tout derrière lui.J'aurais voulu qu'il traversât des continents et qu'il ne s'arrêtât jamais.Ou , s'il devait s'arrêter, que ce fût dans un pays sans mémoire.
Mais les trains ont des rails et des gares.
( Flammarion, 1976, p.197)
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Videos de Andrée Chedid (53) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andrée Chedid
« Une anthologie de femmes-poètes ! - Eh oui, pourquoi pas ? […] On a dit du XIXe siècle que ce fut le siècle de la vapeur. le XXe siècle sera le siècle de la femme. - Dans les sciences, dans les arts, dans les affaires et jusque dans la politique, la femme jouera un rôle de plus en plus important. Mais c'est dans les lettres surtout, - et particulièrement dans la poésie, - qu'elle est appelée à tenir une place considérable. En nos temps d'émancipation féminine, alors que, pour conquérir sa liberté, la femme accepte résolument de travailler, - quel travail saurait mieux lui convenir que le travail littéraire ?! […] Poète par essence, elle s'exprimera aussi facilement en vers qu'en prose. Plus facilement même, car elle n'aura point à se préoccuper d'inventer des intrigues, de se créer un genre, de se faire le champion d'une idée quelconque ; - non, il lui suffira d'aimer, de souffrir, de vivre. Sa sensibilité, voilà le meilleur de son imagination. Elle chantera ses joies et ses peines, elle écoutera battre son coeur, et tout ce qu'elle sentira, elle saura le dire avec facilité qui est bien une des caractéristiques du talent féminin. […] Et puis, au moment où la femme va devenir, dans les lettres comme dans la vie sociale, la rivale de l'homme, ne convient-il pas de dresser le bilan, d'inventorier - si l'on peut dire, - son trésor poétique. Les temps sont arrivés où chacun va réclamer le bénéfice de son apport personnel. […] » (Alphonse Séché [1876-1964])
« Il n'y a pas de poésie féminine. Il y a la poésie. Certains et certaines y excellent, d'autres non. On ne peut donc parler d'un avenir spécial de telle poésie, masculine ou féminine. La poésie a toujours tout l'avenir. Il naîtra toujours de grands poètes, hommes ou femmes […]. Où ? Quand ? Cela gît sur les genoux des dieux, et nul ne peut prophétiser là-dessus. […]. » (Fernand Gregh [1873-1960])
0:00 - Angèle Vannier 1:22 - Andrée Chedid 2:07 - Juliette Darle 2:51 - Anne Perrier 3:26 - Claire Malroux 4:01 - Anise Koltz 4:26 - Liliane Wouters 5:20 - Générique
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Références bibliographiques : Couleurs femmes, poèmes de 57 femmes, Paris, co-édition le Castor Astral/Le Nouvel Athanor, 2010. La poésie à plusieurs voix, rencontres avec trente poètes d'aujourd'hui, sous la direction de Serge Martin, Paris, Armand Colin, 2010. Françoise Chandernagor, Quand les femmes parlent d'amour, Paris, Cherche midi, 2016
Images d'illustration : Angèle Vannier : https://traversees.files.wordpress.com/2020/11/angele-vannier-biographie-cristel-couverture.jpg Andrée Chedid : https://www.bulledemanou.com/2015/03/andree-chedid.html Juliette Darle : http://academiereneevivien.unblog.fr/salon-litteraire/salon-litteraire-6-juillet-2019/ Anne Perrier : https://www.recoursaupoeme.fr/auteurs/anne-perrier/#iLightbox[aac8e1aa6f5de8aeaab]/0 Claire Malroux : https://twitter.com/ColeHenri/status/717368378826956801/photo/1 Anise Koltz : https://www.luxtimes.lu/en/culture/anise-koltz-wins-top-poetry-prize-602d5ef2de135b92369270dd Liliane Wouters : https://www.lezardes-et-murmures.com/2016/10/testament-liliane-wouters.html
Bande sonore originale : Arthur Vyn
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