Quand l'amour embrase nos corps opaques
Soudain règne la
Vie
Tu fourmilles de fini et d'infini ensemble
L'enfance surgit de ses trappes
L'hiver avance sans détruire.
De siècles en siècles
De place en place
De vies en vies
L'homme se prend aux pièges
Qui l'écartent du lieu
Où ta parole Ô vie
Ne cesse de s'émouvoir.
Éclaboussé de sang
Pénétré de mémoires
Broyé par les bourreaux
Aplani par la mort
Taillé aux mesures des haines ou de l'amour
Tu t'obstines à renaître visage!
Filtrant le temps
Filtrant le clair
Filtrant l'obscur.
De toutes mes naissances
De tous mes sentiers
Je remonte vers tes plaines
visage!
Les écailles me quittent
Tes rivières me portent
Je te nomme dans chaque âge
Tu me rêves à chaque pas
Je ne suis jamais seul
Dans les ruches du temps.
Ce jour-là
Tout ravivait l'espérance
Était-ce cette musique intime
Venue on ne sait d'où?
Ou cette bouffonnerie joyeuse
Qui s'empare parfois de nos cœurs
Transformant chaque ride en rire
Chaque broussaille en horizon?
Était-ce un écho
Qui comble soudain l'appel?
Un rayon qui transperce les mailles?
Une présence qui écarte les barreaux?
Était-ce l'oiseau tenace
Balayant de ses ailes nos laborieux chagrins?
Ce jour-là la vie
Fendit ses écorces
Pour s'ébattre sans entraves
Dans tout l'espace du corps.
Le corps des fleuves s'empierre entre les berges
Plus arides que l'os les bois se sont figés
Le cadavre des feuilles n'émeut plus personne
Indifférence des actes du ciel
Et de cette ville couvant ses pi
Sous l'aveugle neige un autre sang mûrit-il?
Je le savais jadis
Je le saurai plus loin...
Sous l'amas des cendres
La vie toujours s'explore et se retaille
Vie!
Quand l'aube s'éprend de la ville
J'émerge des linges de l'absence
Je fracture les serrures du temps
J'échappe au cerne des mots
Quand l'aube s'éprend de la ville
L'avenir élève ses arches
La mémoire tire braises de l'ombre
Vivre innove le logis.
Ces corps n'ont pas eu lieu
Ni ces cœurs ni ces nuits
Sans les fleuves de l'émoi
Rien rien ne s'assemble
Il nous faut le partage
Il nous faut l'incendie
Pour que s'amorce la source
Pour que vive la vie.
Érige des villes
Pour le temps et ses graines
Pour le cœur et pour l'œil
Pour l'âge et pour l'enfant
Puis romps l'enveloppe!
Suspends-toi
au vent sans territoires
Chavire dans toutes les mers
Renais sur toutes les plages
Gravis cette dune
qui n'engendre que silence
Puis à nouveau
Rejoins ces villes
où l'événement t'attend.
L'homme se souvenait
du ventre
de la demeure
de l'étreinte du jardin
de l'escale des mots
du crépuscule enfoui
en de juteuses racines
Un regret furtif le fit osciller vers l'arrière
Puis demain s'anima d'autres secrets
Et l'homme s'élança vers l'espace nu.
tanières d'ombres
Quand le jour n'offre que tanières d'ombres je m'abrite encore sous le sommeil et ses rameaux veinés de sèves
Je fais halte
J'étreins l'image féconde
Je me charpente pour le retour
2
Plus souvent au matin
J'accède à marée basse à la plate-forme de vie
Mes univers se rassemblent.
Réparé reconstruit
Je me replante
Je touche des parois
Je me lie aux visages
Je baise le sol reconnu
Exister m'est propice!