L’espérance
J’ai ancré l’espérance
Aux racines de la vie
*
Face aux ténèbres
J’ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits
*
Des clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbaries
*
Des clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérir
*
J’enracine l’espérance
Dans le terreau du cœur
J’adopte toute l’espérance
En son esprit frondeur.
Poème publié dans l’anthologie Une salve d’avenir. L’espoir, anthologie poétique, parue chez Gallimard en Mars 2004
Cendres vives
Avec l’astre jeune et bleu pour escorte,
Un essaim de lunes solides,
Une traîne de soleils rares,
Nous allons fabuleusement
Vers les cendres vives de notre mort.
Adieu les chemins inertes,
Les forteresses et les clôtures.
Enfants prodigues de nous-mêmes :
Voici les régions sans édifice,
Voici le pays des toujours.
Parfois l’accord
J’habite chaque visage
Les paumes de la vie se desserrent
Je quitte mes traces
Je vais
Alors qu’importe l’ornière du temps
Les filaments des choses
Ou les mots en lézardes
Le fanal
Laquelle de nos nuits s’incline si bas
Qu’elle nous force à toucher cendres
Laquelle de nos nuits nous prend pour cible
Détisse ou rompt le jour
Comment retrouver l’aube
Et son métal dissous
Avec quoi reforger le fanal
De quel œil rivé sur l’horizon
Défier la carapace des ombres
De quel cri saluer l’éclair entrevu ?
L’écume
Sur la plage candide
L’écume lâcha sels et débris
Elle zébra de rainures
Le sable immaculé
Entama la soie de sa trame
Entailla le grain de son tissu
Sur les plages ingénues
Les vagues accordèrent leurs dissonances
Rythmant le sol
d’algues de nacre et de scories.
Empreintes
D’où surgissent
Ces empreintes
Qui cisaillent
Le temps ?
Où mène
Le signe
Qui rompt
L’encerclement ?
Que dévoilent
Ces traces
Qui franchissent
Leurs limites ?
Qui invente
D’autres angles
Qui ranime
L’instant ?
Ballade pour un rêve
Sur cette toile
Que je peignais en rêve
Deux citrons voisinaient
Avec des touches d’azur
Sur une nappe oblique
D’un blanc incandescent
Au réveil
Je déplorais l’absence
De l’impétueuse image
Mais au moindre appel
Ces couleurs vivaces
D’un coup resurgissaient
Éclaboussant d’ailes
Mes peines et mes décrues.
Reverdir
En sa raideur farouche
Et ses habits de cendre
L’arbre hivernal
Perd mémoire des sèves
Qui se hissent sans faillir
Hors des sépulcres de terre
Explosent en feuillages
Défient la menace du temps
Tandis qu’oscillent nos vies
En leurs si brèves saisons
Souvent perclus de tourmentes
Nous égarons nos sources intimes
Qui sécrètent sans trêve
De vertes floraisons.
L’intime horizon
Loin des berges stridentes
Égarer l’ancre
Rompre
les amarres
Suivre l’appel
De l’intime horizon
Respirer
Être ici
Mais dans l’esquive
Des mailles
Être là-bas
Mais dans la pulpe
Du fruit