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Critique de yanndallex


Cet ouvrage est la deuxième BD de Léonard Chemineau en partenariat avec Matz chez les éditions Rue de Sèvres.

Voilà donc qu'après le "conquérant" Julio Popper , les deux comparses se lancent dans un tout autre registre biographique avec la vie particulièrement marginale de Alexandre Marius Jacob.

Le dessin :

Le dessin de léonard chemineau est juste magnifique. Dans un style réaliste/semi-réaliste, en aquarelle au trait fin et léger.
Leonard Chemineau nous avait déjà séduits sur Julio Popper, voilà qu'il récidive avec cet album.

Les décors sont toujours aussi somptueux et détaillés, le moindre petit détail prend son importance.

Les personnages sont efficacement déterminés et typés par leurs gestuelles suggérées et leurs émotions bien palpables. Ce dessinateur rend ses personnages vraiment expressifs et c'est un bonheur, on se croirait vraiment plongé dans les dialogues et actions.

Les couleurs chaudes permettent de placer une ambiance anarchiste et accueillante, voulue par le protagoniste de l'histoire.

On remarque aussi particulièrement le travail de recherche sur l'époque notamment avec les vues de Marseille et son port bondé de voiliers, ou bien Paris avec ces industries en plein essor etc...

Un labeur remarquable pour notre plus grand bonheur visuel.

Le scénario :

Les BDs sur ce personnage ne sont que peu nombreuses. Je ne connais que le "Alexandre Jacob : Journal d'un anarchiste cambrioleur" aux éditions Sarbacane ayant déjà traité sa biographie.
Voilà donc pourquoi c'est un plaisir de lire une autre vision sur cette personnalité.

Ce livre est structuré sur cinq chapitres, avec pour fil conducteur le procès permettant ainsi de revenir sur la vie de cet homme depuis sa jeunesse jusqu'à son incarcération et justifiant aussi son vécu d'après bagne.
Matz oeuvre donc magistralement sur ce principe classique de flashback, inspiré certainement de série policière ou de film de genre, mais de manière très réfléchie et efficace.
Cette chronologie orchestrée de la destinée d'Alexandre Jacob nous permet donc de comprendre d'où vient son esprit idéaliste et sa tendance anticapitaliste et rebelle.

Les valeurs portées par ce libertaire sont bien retranscrites dans ce récit :
• Ne voler que les profiteurs du système (représentants et défenseurs de l'ordre social jugé injuste : les patrons, les juges, les militaires, le clergé),
• Ne pas toucher aux personnes dont le métier est "utile" (architectes, médecins, artistes, enseignants, etc.) à moins qu'elles ne soient reconnues comme viles,
• Éviter de verser le sang sauf si sa vie et sa liberté sont en jeu, et qu'envers les policiers.
• Et surtout utiliser l'argent volé pour la cause anarchiste et pour les camarades dans le besoin (Ce qui inspira selon les dire, le personnage d'Arsène Lupin à Maurice Leblanc).
Matz s'est aussi évidement documenté pour créer cet opus, ainsi nous pouvons découvrir avec joie l'efficacité du fameux "coup du parapluie" inventé par Alexandre Marius Jacob, ou bien l'anecdote pour laquelle notre cambrioleur laisse un mot d'excuse à l'écrivain Pierre Loti lorsqu'il visite sa demeure...

Le découpage est tout aussi vivant et dynamique que le personnage. Les cases sont peu nombreuses par page laissant place à l'action et la contemplation, permettant d'autant plus de se projeter dans le récit.

Cette BD est donc splendide. Une belle réussite à la hauteur de mes espérances que je m'étais forgées avec l'exceptionnel livre "Julio Popper".

L'une de mes meilleures lectures pour ce début d'année 2017.

Lien : http://www.7bd.fr/2017/05/le..
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