Qui accueille s'enrichit
Qui exclut s'appauvrit
Qui élève s'élève
Qui abaisse s'abaisse
Qui oublie se délie
Qui se souvient advient
Qui vit de mort périt
Qui vit de vie sur-vit
Ton regard tout de rêve et d'attente
Si offert à la transparence que jamais
l'aube y dépose sa promesse
Aube de la vie, aube de ta vie, attendant
Qu'au fond de la nuit s'esquisse une âme sœur
et lentement prenne corps l'être de ton rêve
Sachant faire siens faim et soif, gel et flamme
Suivre en silence le courant des murmures
et remonter jusqu'à la source des larmes
Faire fi des saisons, des lointains
sur le long chemin qui mène vers toi
Cueillir en passant roses d'été, pétales d'automne
frissons de grillons, laudes de l'alouette
Pénétrer l'intime de la moindre fibre
des feuilles, des fleurs, puis des fruits
Être humble assez pour entendre l'impalpable
dévoiler l'indicible, épouser l'inouï
Se dépouiller tel un arbre en hiver
ouvert aux affres et aux effrois
Dressant ses branches contre le ciel étoilé
Franchissant une à une les couches de la nuit
Et venir enfin
au-devant de la transparence de l'aube
Et te dire, avec l'évidence du jour,
"me voici!"
Toi le féminin
Ne nous délaisse pas
Car tout ce qui n'est pas mué en douceur
ne survivra pas
Toi qui survivras
Révèle-nous ton mystère que peut-être
Toi-même tu ignores
sinon le mystère ne serait pas
N'est-ce pas que le printemps est empli
d'oiseaux dont l'appel se perd au loin
Que l'été nous écrase de son incandescence
sont la senteur nous poigne jusqu'aux larmes
Que l'automne nous laisse désemparés
par son trop-plein de couleurs, de saveurs
Que l'ultime saison rompt le cercle
Nous plongeant dans l'abîme
de l'inguérissable nostalgie
Mais en toi demeure le mystère que peut-être
toi-même tu ignores
En toi ce que est perdu, ce qui est à venir
Étant d'avant la pluie au furtif nuage
Colline après l'orage au contour plein
Ne nous délaisse pas
Toi le féminin
Hormis ton sein
quel lieu pour renaître ?
Ce qui vient de là-bas
Un orage qui s’annonce
Ce qui résonne ici
Un orage qui s’éloigne
Entre deux, patiemment
Soudain précipitée
Une marée qui s’amène
Qu’une mouette enlève
Ivre d’embruns, de vent
Nous mordons dans le sable
De nos désirs enfouis
Au goût d’algues séchées
Ne nous délaisse pas
Toi le féminin
Hormis ton sein
Quel lieu pour renaître ?
Survivre au désir
Porter la soif plus loin que l'oasis
À l'orée de l'ombrage et du bruissement
Céder sans remords
À l'âpre ivresse de l'immense...
Ne laisse en ce lieu, passant
Ni les trésors de ton corps
Ni les dons de ton esprit
Mais quelques traces de pas
Afin qu'un jour le vent fort
À ton rythme s'initie
À ton silence à ton cri
Et fixe enfin ton chemin
Embruns …
Ne laissez nulle part vos empreintes
Pour que notre regard conserve entier
sa saveur de larme et de sel
Embruns...
Ne laissez nulle part vos empreintes
Pour que notre regard conserve entier
sa saveur de larme et de sel
Non corps à corps
Mais âme à âme
N'annulant nullement chair et sang
N'évacuant ni source ni flamme
Laissant cependant circuler l'air
La brume, la vapeur, éclair et tonnerre
Bourrasque et averse, ardente déchirure...
De la vallée du manque monte à présent
Les choses par l'azur aspirées
La lumière envahit tout l'intervalle
Propageant haleine d'embruns et vapeur d'algues
Le lointain est l'envol des pétales
Éperdus de vent
Et le proche l'écho d'une louange
Au nid éclaté
Alors souffle le juste Vide médian
Alors passe, in-aperçu, l'ange