Suite orphique

Herbe sauvage qui partout hantes nos horizons,
Tu es la couleur vitale de la planète nôtre.
Inlassable, j'ai traqué les rayons verts dont tu émanes,
Du bord des mers d émeraude jusqu'à l'aurore boréale.

Rappelle-toi la clairière où la forêt ouvre son coeur
Pour que nos confidences coulent enfin de source.
La lune est pleine, et nos voeux insensés exaucés.
La vraie vie, en un éclair, dévoile sa splendeur.

Du fond de la verdure se détache
Une tache rose prête à prendre forme.
Sera-t-elle prunus, ou orchidée ?
Flottante, elle préfère promesse rester.

Or, dévisager Ta lumière nous aveuglerait;
Il nous reste à creuser en nous-mêmes jusqu'au tréfonds.
Un âtre y entretiendrait une flamme en équilibre :
Juste éclat qui capte, ombre juste qui irradie.

On chantait jadis The Last rose of summer ;
Je hante à présent l'ultime feuille d'hiver.
La feuille tout entière consent à sa chute ;
Le cœur humain ne sait où vont ses regrets.

Les morts sont parmi nous, se mêlent à nos heures,
Nous intimant d'être à l'écoute...Initiés,
A travers l'épreuve abyssale, au grand secret,
Ils n'auront de cesse qu'ils nous l'aient confié.
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Etre réduit à rien
est le début de tout.
Que les mots survivants
t'arrachent de ton gouffre !

La mort ne nous sépare point de nos morts, elle nous renvoie
À leur transformation. Entrons en échange avec eux
En vue du change. Toute aspiration montante participe
De l’indivisible Souffle qui sans relâche meut la Voie.

Que ton attente de l'être aimé soit dénuée d'impatience ;
Tout le trajet de sa venue fera partie de ta joie.
Ce trajet, de fait, abolit le temps ; l'être aimé n'est-il
De toute éternité en route vers toi, toujours déjà la ?

(Quatrain 12)

J’irai là où tu es passée, là où,
Tendant la main, tu n’as reçu aucun geste,
Criant au secours, entendu nul écho,
Toi, pain Pitié qui désormais me nourrit.