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Critique de Tricape


Quel superbe voyage dans le monde de la poésie, quel envol vers un horizon mystique, quelle vision ouverte sur l'entièreté de la Vie !

François Cheng, né en Chine et arrivé à Paris à l'âge de dix-neuf ans, nous fascine par son acculturation à la langue française ; il l'habite encore plus profondément que Akira Mizubayashi dans "Une langue venue d'ailleurs" lorsqu'il nous présente les spécificités de notre langue : précision du vocabulaire, rigueur de la structure et souci du style. Il nous explique le charme lié à la musicalité du français en s'appuyant sur un poème de Baudelaire (L'invitation au voyage) et nous dit prendre "beaucoup de mots comme des idéogrammes (...) par leur prononciation qui suscite l'image de la chose désignée".

La contemplation de la voie lactée qui "ignore sa propre existence" le conduit à réaliser que "tout n'est pas là pour rien, car cette splendeur a bouleversé [son] être".

La citation de Paul Valéry "La France est un creuset où l'on devient français" s'applique à merveille à l'académicien venu de l'autre extrémité de l'Eurasie. Ne devrait-elle pas inspirer notre politique d'accueil des étrangers ? Rejoignant en cela Michel Serres, il balaie d'un revers de main la soi-disant menace que l'anglais exercerait sur la langue française : le français "n'a pas vocation à être un simple outil linguistique pour un monde globalisé (...). Une menace pour la langue française ne pourrait venir que des Français eux-mêmes".

Je peine à rendre compte de toute la puissance de ce livre et du plaisir qu'il procure lorsque, devenu poète français lui-même, l'auteur admire ses prédécesseurs, mais je suis heureux d'en partager le message : c'est le verbe qui fonde les sociétés humaines.
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