Citations sur The Elements, tome 2 : The fire (120)
Parfois, je fermais les yeux et j'essayais de me rappeler une époque où ma mère n'était pas si dure, si impitoyable. Dans mes souvenirs, je la revoyais plus ou moins en train de sourire, mais peut-être que c'était juste mon imagination qui voulait quelque chose de beau à quoi se raccrocher. Etait-elle devenue froide le jour où papa nous avait quittées ou bien était-ce sa chaleur à lui qui dissimulait la froideur de son âme à elle ?
Le garçon avec le sweat à capuche rouge me regardait fixement derrière ma caisse.
Je l’avais déjà vu, souvent, et encore pas plus tard que ce lundi matin. Tous les jours, lui et ses copains traînaient dans la ruelle derrière le supermarché où je travaillais. Je les voyais quand mon patron me demandait d’aplatir les cartons et de les jeter dehors.
Le garçon au sweat à capuche rouge était là tous les jours avec ses copains. Ils faisaient beaucoup de bruit, fumaient des cigarettes en jurant grossièrement. Il se détachait du lot parce que les autres riaient et souriaient. Lui semblait muet, un peu comme si son esprit était très loin de ce qui l’entourait. Les coins de sa bouche ne se relevaient pratiquement jamais, je me demandais s’il savait ce que sourire veut dire. Peut-être qu’il était une personne qui existait seulement, mais qui ne vivait pas.
Nos regards se croisaient parfois, et je détournais toujours les yeux.
Il m’était difficile de fixer ses yeux caramel, parce qu’ils contenaient plus de tristesse qu’ils n’auraient jamais dû pour un garçon de son âge.
- Hé, je me disais... ça te dirais de s'adonner à de petites frasques sexuelles avant la réception au restaurant de ce soir ?
Je haussai les épaules, sans enthousiasme.
- Pourquoi pas ? Ou alors, on pourrait regarder le nouveau documentaire sur Michael Jackson que j'ai acheté hier et manger un reste de pizza avec des Oreos à la framboise.
Il écarquilla les yeux.
- Oh mon Dieu ! J'adore ça quand tu me dis des trucs cochons.
Il m'embrassa, et je sus que notre éternité commençait à cet instant précis.
- Vérité ou mensonge ?
- Mensonge.
- Je ne suis pas accro à ton sourire. Tes yeux ne font pas battre mon cœur plus vite. Ton rire ne me donne pas de frissons. Ton shampoing parfumé à la pêche ne me rend pas fou, et quand tu mâchonnes le col de ton T-shirt, je ne tombe pas encore plus amoureux de toi. Parce que non, je ne suis pas amoureux de toi.
Sa respiration se fit encore plus lourde.
- Et la vérité ?
- La vérité, c'est que je te veux. Je veux que tu reviennes dans a vie, et plus encore. Je n'arrête pas de penser à toi, High. Pas pour échapper à la réalité, mais pour la vivre, au contraire. Tu es mon cœur. Tu es mon âme. J'ai envie de toi. Je veux tout de toi. Et plus que tout, là tout de suite, j'ai envie de t'embrasser.
Dis quelque chose ! N'importe quoi !! Mais dis quelque chose !
- Va-t'en Alyssa. Et ne reviens pas.
La gorge sèche, je déglutis avec difficulté.
Dis n'importe quoi, sauf ça.
Mon frère, mon héros, mon meilleur ami avait un cancer.
Et je n'arrivais plus à respirer.
- Vérité ou mensonge ?
- Mensonge.
- J'arrange la fleur dans tes cheveux.
Je fixai ses boucles derrière son oreille.
- Maintenant, repose-moi la question.
- Qu'est-ce que tu fais ?
Je m'approchai un peu plus, et je sentis ses mots effleurer mes lèvres.
- Vérité ou mensonge ?
- Vérité.
- Je n'arrête pas de penser à toi. Pas seulement maintenant, je veux dire tout le temps. Le matin, l'après-midi, le soir, tu es dans mes pensées. Je n'arrête pas de penser à t'embrasser non plus. Je n'arrête pas de penser à t'embrasser lentement. Il faut que ce soit lent. Parce que, plus c'est lent, plus cela dure longtemps. Et je veux que ça dure.
Quand il avait envie de pleurer, les larmes commençaient toujours par couler de mes yeux. Quand son cœur menaçait de se briser, le mien volait en éclats.
J'enfermai ses doigts dans les miens.
'' Nerveuse ? Demandai-je .
'' Nerveuse '', répondit-elle.
J'ai haussé les épaules.
Elle haussa les épaules .
J'ai ri.
Elle a ri.
J'ai entrouvert mes lèvres .
Elle entrouvra ses lèvres .
Je me suis penché vers elle .
Elle se pencha vers moi.
Sur l’élastique, on lisait « force », ce qui était bizarre parce que, moi, j’avais l’impression d’en être totalement dépourvu.