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Citations sur Une histoire érotique de la psychanalyse (16)

On peut mourir subjectivement quand on voit, sous ses yeux, la personne qu'on aime se faire enlever par une autre. C'est la raison pour laquelle Lacan a pu dire que l'énamoration est toujours "hainamoration", c'est à dire que l'amour que l'on a pour autrui est toujours plein de notre propre narcissisme et donc peut, à tout moment, se retourner en haine. Jamais la psychanalyse ne pourra dire aussi bien que la littérature ce qu'est la douleur d'une femme jalouse.
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Peut-on vivre plusieurs vies au sein d'une même vie ? Peut-on "refaire"sa vie ou s'agit-il d'une autre vie ? Refaire sa vie suppose qu'il y aurait donc un début, une fin, et qu'on pourrait, à un moment donné, raturer tout ou partie de ce qui a déjà été fait, pour le refaire, différemment. Il existe cependant des configurations différentes : on voit des êtres que le chagrin ou l'angoisse avait laissés pour morts renaître sous une tout autre forme.
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(...) ces accusations viennent en général des mêmes qui fantasment sur le prix insensé des séances d'analyse sans savoir que bon nombre d'entre nous travaillent en institution où les séances sont gratuites et que pour ceux d'entre nous qui travaillent en libéral, il nous arrive de recevoir certains patients très démunis pour quelques euros (j'ai bien dit quelques euros et non pas quelques dizaines d'euros).
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De quel droit devrions nous être assignés, à vie, à ce que nous avons été à un moment donné ? Un jour, nous sommes le fantôme de notre vie, une loque en errance sous notre linceul de peau. Deux ans, cinq ans, ou vingt ans plus tard, nous sommes tout autres, la vie nous a repris sous son aile et les horreurs par lesquelles nous sommes passés appartiennent à un passé dont nous n'avons rien oublié mais qui semble appartenir à une autre vie. C'était nous, mais ça n'est plus nous.
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régnait l'inhibition victorienne à l'égard de la sexualité, qu'on imagine facilement au principe des hystéries de la patientèle bourgeoise de Freud
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On songe, en lisant ce que raconte Catherine Millot à propos de Jacques Lacan, à ce mot de Jean Allouch à la fin de L’Amour Lacan : « Aimer, c’est laisser l’autre être seul. Effectivement seul et cependant aimé. […] Qu’advient-il donc à l’aimé ? Il est aimé, mais pas pour autant d’un amour qui porterait atteinte à sa non moins précieuse solitude. Aimé, il pourra s’éprouver non aimé. Non aimé, il pourra s’éprouver aimé. Ce qui se laisse abréger ainsi : il aura obtenu l’amour que l’on n’obtient pas. »
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L’amour de transfert, c’est en principe un amour « à côté », un qui pro quo (en latin, « une personne pour une autre »). Mais le transfert, ça n’en est pas moins de l’amour. Ne serait-ce que parce que l’amour s’adresse de façon privilégiée à la personne dont vous avez l’impression qu’elle vous comprend, qu’elle comprend votre souffrance secrète, cette souffrance qui vous est à vous-même mystérieuse, et celui ou celle à qui vous vous adressez « sait » qui vous êtes « vraiment ».
Aimer, c’est-à-dire aussi vouloir se faire aimer de cette personne, va donc vous faire accéder à une vérité inouïe sur vous-même. Pourquoi ? Parce que le savoir qu’on attend de l’amour de l’autre, car on attend également de lui un savoir et pas juste une compréhension consolante, c’est le savoir qui porte précisément sur cela : sur la chose réelle qu’on est pour l’autre, celle dont on n’a pas idée, et même aucune image, et dont on ne sait jamais si elle est bonne ou mauvaise.
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Mélanie Klein replonge alors dans la dépression. Elle en émergea avec une conférence faite au Congrès de Lucerne où elle formulera sa célèbre théorie de la « position dépressive » : un enfant devient grâce à elle capable, en grandissant, d’appréhender sa mère non plus comme un sein destructeur, un objet partiel menaçant, mais comme une personne complète, qu’il peut aimer et pour qui il peut avoir de la gratitude, et où la partie mauvaise est intégrée sans le détruire dans un objet globalement bon. Et ce qui est vrai de l’enfant et du sein se généralise à l’adulte. Sa mère la détestait ; mais quand elle mourut, Mélanie Klein s’effondra. Mélanie Klein adorait sa fille ; mais quand elle grandit, les deux femmes finirent par se détester. C’est en pensant à leur histoire - et à d’autres - que je suis toujours attentive à ce qui se cache chez un patient ou une patiente qui, au détour d’une séance, annonce, de façon bien trop sûre pour ne pas être ambivalente : « J’attends que mon père crève » ou « J’ai décidé de couper radicalement les ponts avec ma mère. »
Aucun amour n’est pur - même l’amour d’une mère pour son enfant et d’un enfant pour sa mère. La haine est même ce qui, parfois, dans le couple mère-fille, fait davantage lien que l’amour.
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La vie d’un bébé est traversée de monstres, d’angoisses paranoïdes, et d’envies dévorantes d’un « sein » qu’on craint d’abîmer ou qu’on veut avaler. On pense aussi au mécanisme psychologique auquel Mélanie Klein donnera le nom d’ « identification projective », et qui a connu une fortune extraordinaire dans la psychanalyse après elle. Bien sûr, officiellement, ce mécanisme permet de projeter au-dehors de bonnes parties du soi. Mais les cas les plus spectaculaires impliquent le plus souvent les mauvaises. Ainsi, par impossibilité (peut-être congénitale, d’ailleurs) de « contenir » en elle la haine, c’est-à-dire de défléchir l’impact de la pulsion de mort, une personne va la projeter dans son environnement familial. Une patiente me raconta comment, depuis sa plus tendre enfance, elle avait dû faire face à la méchanceté et l’agressivité permanentes de sa mère. Chaque fois que la patiente disait à sa mère : « Mais maman, calme-toi », la mère, incapable, du fond de sa psychose, d’admettre la part du mal en soi, c’est-à-dire le fait qu’elle était agressive, rétorquait à sa fille : « Mais je suis calme et équilibrée, moi, c’est toi qui as qui un problème, va te faire soigner, ma pauvre fille ! »
Chez Freud, ce mécanisme projectif avait avant tout une forme grammaticale : « Je hais cette personne » devient « Cette personne me hait et veut me détruire », comme dans la persécution chez les paranoïaques. Avec Mélanie Klein, c’est désormais le scénario angoissant d’un film expressionniste, d’une densité dramatique et visuelle, d’une richesse de moyens symboliques et d’une intensité interpersonnelle inouïe. Car non seulement ce qui est projeté dans l’autre a pour premier objectif de s’en débarrasser soi-même comme intolérable, mais cet objet installé dans l’autre sur un mode fantasmatique ambitionne aussi de le manipuler de l’intérieur, de s’en approprier les bonnes parties. Bref, de le réduire à une extension de soi.
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C’est drôle, dit-elle, comme on peut ne pas s’aimer soi-même, et tomber amoureuse d’un autre précisément parce qu’il nous ressemble.
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