Si je compte bien (je le fais avant l'apéro, on ne sait jamais!),
Carmen à mort est le cinquième volet des aventures de notre justicier bohème, Jack Reacher.
Piquouze de rappel:
Jack, ancien de la Police Militaire, mesure plus d'un mètre quatre vingt dix, blond aux yeux bleus, avec toute la rigueur d'une vie passée dans l'armée et une conception pure de la justice, telle que la loi ne peut pas forcément l'appliquer, tout en muscles. Il a quitté l'armée car elle ne pouvait plus rien lui apporter et depuis, il vadrouille au gré de ses envies. Mais il semble être un aimant à problèmes… sûrement à cause de la jalousie que sa liberté suscite… allez savoir! L'esprit vif et les muscles affutés, Jack Reacher est un loup solitaire peu prolixe, se contentant d'un confort spartiate mais… faut pas le chercher!
Présentation faite ou refaite, revenons à nos moutons!
Il a le goût de l'aventure le bougre! Faire du stop avec des températures de l'enfer sur terre… et au Texas. Il y a plus luxuriant et avenant comme paysage, non?
Son pilote du moment se prénomme Carmen, est jolie comme une poupée, raconte une histoire à faire pleurer dans les chaumières et souhaite que Reacher tue son mari. Rien que ça. Elle ne doute de rien la minette!
Mais Jack Reacher décide tout de même de traîner un peu dans le coin. Et de « simples » violences conjugales, il ne sera point tout à fait question…
Nous avons tous en tête les clichés habituels sur cet État du sud américain: rétrograde, ultra-conservateur, raciste et dont les habitants adorent se faire secouer les testicules et le cerveau à dos de taureau ou de cheval sauvage.
On imagine encore les cow-boys, fusil à la hanche, chevauchant sur fond de paysages désertiques, entre deux ranchs démesurés.
Et c'est sur ces clichés (réels ou pas) que
Lee Child a décidé de jouer.
On oubliera donc que les texans sont urbains à 80%, que Houston abrite la NASA donc pas totalement les ploucs attendus et pas seulement des compétitions de rodéo, que les milieux naturels sont beaucoup plus variés que ce que l'on imagine et que cet État est la deuxième communauté hispanique des États-Unis.
Donc, nous sommes dans le Texas profond et la frontière mexicaine proche exacerbe les tensions raciales. Carmen est d'origine hispanique dans une famille de blancs estampillés purs texans et le moins que l'on puisse dire est qu'elle n'a pas la vie facile et que la porte de sortie n'est pas aisée à ouvrir. Ni pour elle, ni pour sa fille, métis.
Coupable toute désignée du meurtre de son cher époux si doux et aimant, ce n'est pourtant pas si limpide que cela! Les petits trous qu'arborent maintenant son mari sur son innocent front sont un peu trop précis et nets pour être l'oeuvre d'une néophyte.
Reacher va devoir démêler la vérité du mensonge pour aider cette jeune femme mais la tâche est ardue quand on est seul contre tous et que même la police locale est de mèche.
Le moins que l'on puisse dire est que notre Jack Reacher a encore mis le doigt dans l'engrenage qu'il ne fallait pas. Fidèle à lui-même et à sa brosse à dent, Reacher n'a pas froid aux yeux et ne supporte pas l'injustice. Avec sa désinvolture cynique à laquelle il nous a habitué, il va fouiller un peu le passé poussiéreux de ce bled où tout le monde se connait et se côtoie depuis l'enfance. Il a encore trouvé le moyen de se fixer une belle cible sur le corps!
Avec
Carmen à mort,
Lee Child nous parle de la procédure juridique aux États-Unis en matière d'arrestation, des effets de manche des uns et des autres pour enterrer une affaire, des méthodes d'élection des magistrats qui peuvent très vite couvrir corruption et collusion et des problèmes soulevés par l'immigration clandestine en provenance du Mexique (rappelons que le Texas partage toute sa frontière du sud avec le Mexique).
Les thèmes sont intéressants, bien documentés et argumentés, toujours portés par un suspens permanent et l'énergie débordante de Jack.
Un excellent thriller d'action, comme d'habitude!
Mais vous auriez tort de n'y voir que cela car
Lee Child, sans se lancer dans de longs plaidoyers éclatants, aborde dans chacun de ses romans, des sujets plus pointus qu'il n'y paraît. Et même si la trame reste sensiblement la même d'un opus à l'autre, c'est cette faculté à diversifier ces petites réflexions diffuses qui renouvelle à chaque fois le plaisir de la lecture.
L'auteur est fidèle à son style nerveux et très fluide, à sa manière de décortiquer chaque action sans en ôter la rapidité et l'efficacité!
On ne change donc pas une équipe qui gagne: mission encore une fois accomplie, je me suis régalée!
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