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3,7

sur 350 notes
Ce roman raconte une enfance et une adolescence marquées par la faim, la violence et la peur, ainsi que par la haine envers le père, un ivrogne d'une brutalité monstrueuse ayant assassiné un de ses propres enfants sous les yeux des siens. C'est le récit d'une errance, celle d'un gamin des rues contraint très tôt à travailler ou à voler pour survivre qui découvre la drogue et l'alcool et surtout la sexualité de manière précoce. Fascination pour le corps des femmes, masturbation, zoophilie, homosexualité et prostitution : le sexe occupe chez le jeune héros une place primordiale, seul apaisement, seule source de plaisir dans une vie de souffrance et de misère extrême se résumant à un combat pour le pain. Un combat au jour le jour qui ne laisse aucune place aux nourritures spirituelles.
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L'écriture de Mohamed Choukri est comme une lame tranchante où les sentiments sont étalés à vif.

Dans cette narration initiatique autobiographique, le langage du romancier marocain, à la fois cru et poétique, n'a d'égal que les épreuves de sa vie dans une extrême pauvreté imbibée de violence, de délinquance, des drogues consolatrices et de prostitution compensatrice.

Dans le pain nu, l 'analphabète devenu l'un des écrivains majeurs de la littérature marocaine actuelle se livre dans un style brut, crachant les mots de la misère, de la haine, de la colère, de l'envie de vengeance et de revanche.

« Seul dans le miroir de son âme » Mohamed Choukri ouvre son coeur et son âme sans aucun artifice.


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Ecrit en 1972 et publié en France 10 ans plus tard, cet ouvrage autobiographique concis et violent a longtemps été interdit au Maroc et dans de nombreux pays musulmans. le scandale était inévitable : la crudité du texte et sa poésie intermittente n'est pas sans rappeler celles de Bukowski, ce qui en dit long sur l'intérêt de l'oeuvre car on ne peut imaginer mélange plus détonnant que le parcours sexuel et criminel de ce jeune mendiant dans les rues de Tétouan et de Tanger, dans une société religieuse qui, à la fin des années 40, est encore régie par des codes stricts et certains tabous ancestraux. Ce texte est d'autant plus touchant que l'auteur est resté analphabète jusqu'à ses 20 ans (le livre se termine justement sur son entrée à l'école). Et on découvre avec surprise que La Beat Generation aura donc étendu son influence jusqu'aux auteurs musulmans.
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Un livre très dur qui décrit la vie d'un enfant d'une famille très pauvre dans le nord du Maroc (à l'époque zone espagnole) à la fin des années 40/ début 50.
Un livre battu sans arrêt par son père, qui a vu son frère étranglé par son père, qui connaît la misère, la faim, la prostitution. il nous décrit un monde dur et dangereux. Ne parlant au début que le rifain, il ne comprend pas l'arabe et en core moins le français. Il parle un peu l'espagnol, ce qui fait qu'il est isolé du monde (ou plutôt que les gens autour de lui peuvent parler sans qu'il les comprenne). C'est seulement à la fin du livre qu'on entrevoit le bout du tunnel. Il va aller sur recommandation, à 2à ans, à Larache dans une école pour apprendre à lire et à écrire. J'aurais aimé, mais c'est peut-être l'objet d'un autre livre, le voir raconter cette sortie du tunnel.
Je reste un peu sur ma faim à la fin de ce livre trop descriptif de la vie d'un enfant puis d'un adolescent. C'est en tout cas un témoignage impeccable sur des personnes coupées de tout.
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Le Maroc, ses gens accueillants, ses riads, ses marchés colorés qui fleurent bon les épices, ses plats abondants et roboratifs...
Bon, soyons clair, ça n'est pas ce Maroc des touristes que nous décrit ici Mohamed Choukri. Au contraire : il nous montre le Maroc hors des cartes postales : la misère, l'analphabétisme, la prostitution, les violences faites aux femmes et aux enfants, la pédophilie quasiment endémique.
Le Pain nu est une courte biographie du jeune âge de l'auteur, sa génèse, en quelque sorte. C'est cru, tranchant, sans fioritures et efficace : un petit livre mais une grande oeuvre. Et si ça ne tenait qu'à moi, sa lecture devrait être obligatoire pour quiconque veut faire le touriste au Maroc.
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Ecrit en 1973
Le Pain nu a un statut important dans la littérature arabe, car il est l'un des premiers livres qui touche des thèmes tabous dans la société maghrébine de l'époque, comme la drogue, la violence ou la sexualité

. Il raconte l'enfance et l'adolescence de Mohamed, qui a suivi sa famille dans son exode depuis le Rif jusqu'à Tanger. le recit reprend la figure du père, figure , alcoolique, virulent, . Mohamed sombre peu à peu dans l'alcool et la drogue. Il connaît la vie des rues et décrit la violence qu'il vit au jour le jour. Il fréquente le milieu de la prostitution. La description de ses fantasmes sexuels, à propos de viols de jeunes filles, ou bien de son viol d'un jeune garçon, sont les passages qui expliquent la censure du texte. Les passages descriptifs présentent au lecteur le Maroc des années 1930 aux années 1950, mentionnant la domination française et les troubles qu'elle engendre, la soumission au régime espagnol, ou bien la famine qui fait des ravages dans le peuple marocain. La fin du roman voit Mohamed, analphabète jusqu'à ses 20 ans, demander à entrer dans une école pour apprendre à lire et à écrire.
Un roman captivant tout simplement.
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Une tranche de vie brute et brutale. La critique est délicate, c'est une lecture que j'ai trouvé à la fois terrible et précieuse, comme témoignage des bas fonds de l'humanité, comme témoignage de la rédemption aussi, assez inespérée parfois.
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Ce roman est une autobiographie singulière par le fait que son auteur n'ait appris à lire qu'à 21 ans, l'âge auquel on le quitte à la fin de son récit. le livre a été interdit au Maroc et pour cause, il dénonce de façon crue et sans aucun artifice l'injustice sociale, la violence de cette société, l'existence d'une prostitution courante mais cachée, et de plus il s'attaque à l'image sacrée du père et de la famille. L'histoire commence alors qu'il n'a que 6 ans, il vit dans le Rif qui subit alors une famine destructrice, nous sommes dans les années 40. le pain nu est le récit d'une enfance misérable, misère sociale, affective, educative et bien sûr matérielle. Une mère impuissante face à la violence de son mari, un père haineux, barbare et pervers qui ancrera chez son fils une colère envahissante qui l'habite comme une possession. La sexualité semble être le seul échappatoire ponctuel et récurrent à ce démon intérieur.Sa libido est presque compulsive. Et pourtant elle n'est pas dénuée également de poésie, le regard que M.Choukri porte sur les femmes est proche de la fascination et il y a de très belles images. S'il ne parle jamais d'amour on sent pourtant que ces rapports charnels sont bien plus que cela mais qu'il n'est pas permis d'en prendre conscience ou de s'avouer une quelconque faiblesse. Sa vie est jalonnée de violence, d'érrance, de faim, de peur. On termine la lecture sur l'ouverture vers un autre possible puisqu'un ami lui remet une lettre afin qu'il puisse se présenter dans une école afin d'apprendre à lire.
La préface de Tahar BenJelloun est très belle et introduit ce texte dans un profond respect de l'auteur.
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N'étant pas grande amatrice de littérature contemporaine de manière générale, j'ai toujours beaucoup de mal à me laisser emporter dans un récit avec ce style d'écriture presque blanche, mais heureusement de temps à autre je tombe sur de bons livres comme celui que je vais vous présenter aujourd'hui.

La plume de l'auteur oscillant entre la chaleur d'une écriture travaillée et la froideur de l'écriture "blanche" contemporaine, provoque un contraste plutôt séduisant. Cela est dû principalement à la sensualité qui transpire des mémoires de l'auteur (puisqu'il s'agit d'une autobiographie et non d'un roman), de son éveil aux plaisirs de la chair ou bien de la manière très charnelle de parler de nourriture, d'odeurs ou tout autres sensations de chaleur enveloppante qui nous invitent à la découverte de cette culture et de cette langue.

Cela dit, ce témoignage m'a fait apprécier encore plus le fait d'avoir été entourée d'hommes européens depuis ma naissance parce que l'auteur dévoile sans pudeur la vision des femmes qui est encrée dans l'inconscient collectif (et donc dans le sien), et c'est une catastrophe, chaque homme que l'auteur rencontre se comporte mal avec les femmes, ou bien parle d'elles de manière dégoûtée et violente. C'est vraiment dérangeant, malgré tout ça a le mérite d'être honnête.

Enfin bref... Si vous appréciez les petites perles d'écriture contemporaine je pense que vous pouvez la dévorer sans attendre, mais si vous cherchez un récit poétique et sensuel écrit par un auteur arabe, je vous recommande beaucoup plus les récits de Nedjma par exemple.
Lien : https://bookymary.blogspot.c..
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Plongez en cette histoire si vous souhaitez découvrir la vie de Mohamed son enfance et adolescence (autobiographie) et y découvrir une sociologique au Maroc, la vie dans les années 40.
Drogue, violence, famine, sexualité..
Roman interdit au maroc jusqu'en 2000, car l'histoire parle de nombreux sujets tabou.
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