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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Oh ! Ooh ! Oh oh oh ! Je ne sais comment m'y prendre pour parler de cette pièce qui demanderait au minimum deux lectures, facilement trois. J'avais demandé que pour les derniers niveaux du challenge Théâtre on nous propose des auteurs un peu moins accessibles que les autres, et j'avais également, de façon fort irréfléchie, lancé le nom de Claudel en passant. Eh bien, pour quelqu'un qui n'avait jamais lu Claudel, et qui aurait sûrement attendu longtemps avant de le lire s'il n'y avait eu ce petit coup de pouce pour m'y pousser, je confirme que l'auteur n'est pas facilement accessible et que j'en ai chié (qu'on ne s'y trompe pas, je ne me réfère pas pour autant à la métaphore de la défécation de Valère Novarina, que je trouve... grotesque).


Et c'est une souffrance (une souffrance et un plaisir ? Non, essentiellement une souffrance) que d'avoir eu à réfléchir à cette critique, et à présent de l'écrire. Souffrance, c'est d'ailleurs bien le terme qui convient à cette pièce qui met en scène trois hommes et une femme sur un bateau en partance pour la Chine. Ysé est au centre de l'attention des trois hommes ; elle a été la maîtresse d'Amalric, qu'elle n'a pas aimé, est mariée à de Ciz, qu'elle n'aime pas, et elle est attirée, de façon réciproque, par Misa. le premier acte ne m'a vraiment intéressée que lorsque Misa et Ysé se retrouvent face à face, pour se dire que leur amour est impossible, interdit puisqu'adultère - bien que l'interdit soit surtout problématique pour Misa. Ellipse temporelle. En Chine, on retrouve Ysé et Misa qui s'avouent ouvertement, cette fois, leur amour réciproque et décident de consommer leur relation. Nouvelle ellipse. Toujours en Chine, en pleine insurrection, Ysé vit alors avec Amalric et l'enfant qu'elle a eu de Misa. Ils s'apprêtent à mourir à l'aide d'un dispositif d'explosifs, mais l'arrivée inopinée de Misa, détenteur d'un passe qui leur permettrait, à Ysé, l'enfant et lui-même, d'échapper à la vindicte de la population chinoise. Mais le roué Amalric subtilise le passe à Misa après l'avoir blessé pour s'enfuir avec Ysé. Pourtant, Ysé reviendra alors auprès de Misa pour mourir avec lui.


Claudel s'est inspiré de sa vie amoureuse et de sa relation avec Rosa Vecht, rencontrée sur un bateau qui allait en Chine. Si le personnage d'Ysé doit à Rosa Vecht, celui de Misa doit encore plus à Paul Claudel lui-même, surtout lorsqu'on sait qu'avant cette rencontre, il avait pensé sérieusement à entrer dans les ordres. Depuis longtemps, pour Claudel, la révélation spirituelle (qui prend chez lui la forme du catholicisme) s'était combinée à la révélation littéraire. Dans Partage de midi, l'autobiographie s'en mêle également pour nourrir une oeuvre où l'homme est la femme sont sans cesse confrontés, où l'aspiration au spirituel est contrarié par le désir charnel, où l'amour divin et l'amour humain entrent en conflit par le biais du personnage de Misa. Mais Ysé elle-même est contradictoire, à la fois pleine de vie et lasse de vivre, aspirant à quelque chose qu'elle ne nomme pas et qui reste assez vague pour le lecteur, jusqu'à cette union finale qui réconcilie le profane et le sacré, l'humain et le divin, et dépasse même tous les conflits intérieurs, toutes les souffrances qu'ont pu endurer les personnages, pour leur permettre d'accéder à un apaisement clairement d'origine divine (Claudel n'était pas catholique pour rien).


Je me vois écrire cette critique (nous appellerons ça de la métacritique, histoire d'en jeter), et je me dis que raconté comme ça, ça a l'air génial et que tout le monde va penser que j'ai adoré la pièce - alors que j'ai parfois peine à faire comprendre que j'aime les pièces de Maeterlinck. Pas du tout ! J'ai eu beaucoup de mal avec le style de Claudel, et si ce n'a pas été un mur entre sa pièce et moi, ça a clairement rendu ma lecture peu aisée. Les versets de Claudel, c'est quelque chose de très à part, qu'on ne retrouve guère que dans la poésie, avec une prosodie marquée par des césures dont je n'ai pas réussi à percer les arcanes. Et puis ce passage de dialogues vaguement naturels à des passages ultra-lyriques, le lyrisme en lui-même... Ben j'ai eu du mal, quoi. Donc bon, je pourrais chanter les louanges de Claudel et de Partage de midi, mais ce serait un tantinet hypocrite, vu que, oui, ça été une souffrance (supportable, certes) de lire cette pièce. le plaisir n'est venu qu'ensuite, quand je me suis posée pour réfléchir à cette satanée critique que j'allais devoir pondre pour le challenge.


Je ne suis donc pas la mieux placée pour analyser la beauté et la profondeur du texte. Néanmoins, c'est une découverte qui, après réflexion, vaut le coup à mes yeux, et cela même si j'en appréhendais la lecture après avoir abandonné L'Échange du même Paul Claudel. C'est donc au final une souffrance et un plaisir, pour paraphraser un réalisateur français (oui, j'avais déjà utilisé cette référence, il est temps que je me renouvelle !)

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Pour ma première rencontre avec le verset claudélien, j'ai beaucoup apprécié l'écriture de cette pièce. Il y a des passages magnifiques.
J'ai eu plus de mal avec l'histoire, les trois actes me semblant un peu trop éloignés, peut-être parce que je suis plus habituée à l'unité de temps et de lieu dans le théâtre classique.
Quant aux personnages, je n'ai pas trouvé Ysé très attachante, à la différence de Mésa qui est plus touchant.
Au final, un bilan mitigé, mais qui me donne envie de poursuivre la découverte de l'oeuvre de Paul Claudel.
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Il s'agit là d'une oeuvre autobiographique. La rencontre d'une femme mariée, la réponse qu'elle donne à son appel, à un moment où Dieu, qu'il interrogeait sur sa vocation monastique, s'est tu ; leur liaison tumultueuse, leur séparation, la naissance de l'enfant bâtard : ces épisodes concernent, bien évidemment, les protagonistes Mesa et Ysé.
Les héros du drame prendront des routes divergentes. le thème ici, c'est moins le débat entre l'adultère et le devoir, ou encore entre la Loi ou la Grâce, qu'une nouvelle naissance que les deux amants se sont données l'un à l'autre, que Dieu aussi leur donnera par la « transfiguration de Midi ».
Avec « Partage de midi » on a le sentiment que Paul Claudel réécrit sa propre vie.
Mais, c'est à partir de cette oeuvre que le thème du sacrifice devient dominant chez lui et, notamment, dans « le Soulier de satin ».
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J'ai une admiration sans limite pour les oeuvres complexes, celles qui vous entraînent dans des régions étranges, qui vous confondent et vous interrogent. J'aime avoir ce même sentiment d'admiration hébétée que lorsque je contemple un coucher de soleil : c'est une beauté qui m'est tellement supérieure que je ne peux que me taire et l'apprécier, même si je n'en comprends pas l'essence.

Je reconnais toutes ces qualités à « Partage de midi », car l'écriture claudélienne — que je découvre ici pour la première fois dans son intégralité, après en avoir lu plusieurs extraits — est chargée d'une beauté indiscutable. J'aime, ou plutôt j'aurais dû aimer, cette sorte de mysticité qui se dégage de chacune des répliques, ce monde onirique et sensible. Toutes les cases sont cochées : réflexion sur Dieu, sur l'amour, sur la vie, des thèmes qui me touchent. Pourtant il n'y a pas eu d'éblouissement, je suis même resté plutôt froid à la lecture de la pièce, en reconnaissant les qualités sans pouvoir les apprécier vraiment à leur juste valeur. J'ai bizarrement été davantage conquis par « Tête d'or » — ou du moins par les extraits que j'en ai lus —, qui m'a paru plus clair dans son exécution.

Je reste donc légèrement sur ma faim, et en attendant d'explorer l'oeuvre de M. Claudel un peu plus sérieusement, j'essaierai de me renseigner en profondeur sur ses intentions derrière cette pièce.
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Beaucoup d'émotion à la lecture de cette pièce qui nous narre cet amour impossible. Je la recommande vivement pour le style inégalable de Claudel dont je me suis délectée tout le long de la lecture.

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