Mon unique lecture de
Bernard Clavel, avant
le voyage du père, remonte à 1975 et
Malataverne. Une sorte d'éternité pendant laquelle je n'ai plus gouté aux pages de l'auteur.
Et puis il y a peu, dans un Emmaüs ou une autre librairie solidaire, j'ai rencontré
le voyage du père et sa couverture illustrée et réaliste comme la collection J'ai lu avait coutume de les réaliser dans ces années 60 et 70.
Et puis, je me suis dit que
Bernard Clavel méritait une nouvelle visite sans trop tarder.
Une belle redécouverte, que ce récit d'un court voyage au bout de la tristesse et de la désillusion.
Pauvre Quantin, pauvre père et pauvre mari!
La colère de sa femme, les pleurs de celle-ci et de sa fille cadette le décident, sur le champ, à partir quérir
Marie-Louise partie à la ville et qui ne revient pas pour la Noël.
Sa mission dans la grande ville, pour tenter de ramener sa fille aînée, ressemble à une offensive désespérée dans une bataille perdue d'avance.
La ville est hostile, comme tout terrain que l'on ne connaît pas. le froid et l'obscurité y sont différents de la campagne de Quantin. le temps y bat plus vite, et le paysan ne suit pas. Son pas n'y est pas assuré. Il se sent anachronique, on dirait "has been", maintenant! Quantin sent son impuissance et sa colère croître à chaque nouvelle étape de sa randonnée urbaine.
Les rencontres de Quantin avec ceux qui connaissent
Marie-Louise, sont ambigües et soufflent le chaud et le froid. Les portes se referment sur le vieil homme seul... Et il va falloir rentrer à la ferme! Que dire, que faire?... Et il faudra continuer de vivre.
Ah, ces retrouvailles d' Horusfonck avec
Bernard Clavel!
J'ai eu tellement froid, avec Quantin, dans cette ville de Lyon. J'ai ressenti tant de désarrois et de tristesse dans ces pages superbement composées, de cette précision d' horloger du bien écrit.
Mon coeur s'est serré comme celui de la cadette Denise que sa soeur aimait tant.
J'ai ressenti l'égarement désespéré de l'instituteur amoureux transi et définitif de
Marie-Louise.
Comme ce livre est beau et cruel, profond et tendu comme ce temps qui passe et s'échappe.
Juste ce qu'il faut pour un livre.