Citations sur Sauf les Fleurs (145)
Je voulais une mère avec des épaules pour poser mes joues brûlantes. Je voulais un père avec une voix pour m'interdire de faire des grimaces à table. Je voulais un chien avec un passé de chat pour ne pas oublier qui j'étais. Je voulais un professeur pour me surprendre. Je voulais des livres pour construire une cabane à la cime des arbres. Je voulais être un homme pour sentir ce que ça fait d'être une histoire. Je n'ai pas eu tout ce que je voulais mais je suis là, avec mes zéros, ma vie soldée du jour qui vaut bien ma vie absente d'avant. Je tombe rond ; mon compte est bon.
[...]. Il me semble alors que le savoir peut guérir. Que lire, écrire, traduire, c'est reformer le sein, étaler l'origine, aérer le fumier d'où sortiront les fleurs derrière chaque tort redressé. Il en va de cette colonne ancienne comme des chevreaux qui naissent : sitôt à terre, déchiffrer, l'échine aveugle, le pacte encore tendre. Il me tarde d'avoir des élèves et de faire leurs preuves.
Demain, j'irai m'inscrire à l'université pour faire des études comme Maman les auraient voulues en me souhaitant Bonne chance, Je ne sais pas lire, je ne sais pas écrire mais tu feras pour toi ce que je n'ai pas su faire, Élever l'arc et viser large.
J'aide maman à brosser les bêtes. Au village, ils croient que nous travaillons tristement, que l'odeur nous punit ou que les sabots nous cabossent. Ils se trompent ; les bêtes nous sauvent.
Aujourd'hui, je n'étais pas heureuse sans savoir pourquoi. Demain, je le serai de nouveau sans savoir comment. Je rame, le bonheur est là
Son odeur sur mon ciré, son goutte-à-goutte dans mes veines, naît, parle, éclaire et va chercher
Je n'ai qu'une amie, Myriam, notre voisine. Elle comprend ma peur installée partout où je me trouve. Une image me hante et me dissuade d'avoir d'autres amies : j'invite Sonia à la ferme, je m'entends bien avec elle, nous jouons dans l'étable et nous apprenons à lire aux bêtes. Papa surgit, hurle Où est maman ? Je réponds je ne sais pas, je te présente Sonia, elle est dans ma classe. Papa lève les yeux au ciel, c'est ta mère que je veux, pas deux idiotes de votre âge. Il éteint et disparaît. Entre Sonia et moi, le courant ne passe plus. Notre amitié a sauté, nous sommes dans le noir. Nous rangeons le banc et rassurons les bêtes. Sonia jette "il est tard, je dois rentrer". Je la raccompagne au portail. Je bredouille "je suis désolée mon père fait toujours ça". Je regarde Sonia s'éloigner, qui fait semblant de m'avoir appréciée. Je n'ai pas le courage de porter plainte pour effraction de ce que j'aime.
Je n'ai qu'une amie, Myriam, notre voisine. Elle comprend ma peur installée partout où je me trouve. Une image me hante et me dissuade d'avoir d'autres amies : j'invite Sonia à la ferme, je m'entends bien avec elle, nous jouons dans l'étable et nous apprenons à lire aux bêtes. Papa surgit, hurle Où est maman ? Je réponds je ne sais pas, je te présente Sonia, elle est dans ma classe. Papa lève les yeux au ciel, c'est ta mère que je veux, pas deux idiotes de votre âge. Il éteint et disparaît. Entre Sonia et moi, le courant ne passe plus. Notre amitié a sauté, nous sommes dans le noir. Nous rangeons le banc et rassurons les bêtes. Sonia jette "il est tard, je dois rentrer". Je la raccompagne au portail. Je bredouille "je suis désolée mon père fait toujours ça". Je regarde Sonia s'éloigner, qui fait semblant de m'avoir appréciée. Je n'ai pas le courage de porter plainte pour effraction de ce que j'aime.
Nous étions une famille de deux enfants, plus les parents. Je m'appelais Marthe, mon frère s'appelait Léonse, né un mensonge après moi. Nous habitions une ferme éloignée du village, dans une vallée de cèdres où l'hiver nous empêchait parfois d'aller à l'école.
Que jamais notre vallée de charmes ne se tarisse.