« Nous voulions nous purifier l’esprit . Il fallait inventer nos histoires au lieu de les recevoir.
Les paysages somptueux, l’ampleur du cadre , cette lente ascension vers le ciel, la verticalité même de notre périple nous décloisonnaient le cerveau et nous ouvraient le regard .
Rien ne venait plus enfermer la pensée . La marche nous renforçait les jambes, le cœur et l’imagination.
Elle renforçait aussi l’amour indéfectible, bien que tourmenté , qui nous unissait mon père et moi » ….
Comment faire face à ce qui m'attendait ? J'avais beau avoir vingt-neuf ans, ma mère a toujours été ma boussole. Sans elle, je perds le nord et le sud.
« Natalya était droguée aux « Likes », incapable de décrocher.
Elle se levait et se couchait avec son portable, se réveillait au milieu de la nuit pour répondre à ses messages et partager ses insomnies .
Son téléphone continuait sa relation la plus passionnée et la plus exclusive .
Elle aurait voulu retrouver ses gratifications dans la vie réelle .
Comme dans toute addiction——-j’étais bien placé pour le savoir—— Natalya voulait plus et plus fort » ….
Natalya avait aujourd'hui vingt-huit ans, soit six mois de moins que moi, un physique ravissant - celui de ma mère il y a trente ans - et un petit pois en guise de cervelle. Mon père ne prétendait pas le contraire :
" Tu n'imagines pas comme sa simplicité me repose. L'intelligence de ta mère, l'exigence de ta mère, sa manière de partir au combat sur tout, tout le temps. Son militantisme politique dès le petit déjeuner, ses révoltes du soir, ses indignations permanentes : elle m'a épuisé, cette femme. Natalya me montre ses nouvelles robes et ses nouvelles culottes. Il suffit de lui acheter des bijoux et de l'emmener en week-end pour qu'elle soit contente. Truffaut, pour elle, c'est une jardinerie. Elle n'a jamais vu un Bergman ni un Godard. Elle ne regarde que des vidéos de maquillage sur YouTube et tout ce que je fais l'épate. Elle est la bonne humeur incarnée. Elle est tendre, attentionnée et très gentille. Avec ta mère, c'était le fouet et la mine. Il fallait être un génie ou rien. Avec Natalya, ce sont les grandes vacances. "
Elle m'a affirmé que j'allais faire des merveilles, que j'étais une grande. Je devais prendre soin de mon talent, ne pas le gâcher par peur ou par paresse.
Nos séances de travail surtout créaient une intimité entre nous qu'il aurait fallu des années à construire dans un simple contexte amical, et l'écriture nous révélait l'un à l'autre chaque jour davantage.
Tu es, pour moi, tout ce que quelqu'un peut être. Tu es le commencement et la fin. Je ne veux plus être séparé de toi, ni de corps, ni d'esprit. Je te l'interdis. Parle-moi. Et si tu dois partir, où que tu ailles, emmène-moi.
On ne se remet pas, Oscar [...] Mais la douleur s'éloigne oui. Tu le sais déjà. Les souvenirs s'estompent, le visage, la voix. Tu y penseras moins souvent, puis tu y penseras sans souffrir. Il restera en toi des lignes de faille. A la faveur de détails minuscules, elles peuvent t'ouvrir en deux.
Comment faire face à ce qui m'attendait ? J'ai beau avoir vingt-neuf ans, ma mère a toujours été ma boussole. Sans elle, je perds le nord et le sud.]
En plus d'une belle nature, ils ont, tous les trois, une discipline de la gaieté.