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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Cette lecture m'a été envoyée par les éditions Stock que je remercie énormément pour cette belle découverte.

Avec « L'indolente » de Françoise Cloarec, j'apprécie le livre à mi chemin entre le roman et l'essai. On ne peut parler d'un roman car il amène par sa documentation une vraie réflexion sur Marthe Bonnard, ainsi que sur le milieu artistique en général. Mais on ne rentre pas dans un essai non plus, car les envolées lyriques et les dialogues nous font forcément rentrer dans un texte romancé. En tout cas, je me suis prise au jeu et je referme cette lecture conquise par tout ce que j'ai pu y apprendre !

On va plonger dans le quotidien d'un grand peintre : Pierre Bonnard et de sa mystérieuse compagne. Avec talent, ce livre soulève de nombreux points de vue. On va tenter de connaître plus en profondeur cette femme secrète que fut Marthe Bonnard, mais on nous présente aussi le milieu artistique à travers les grands noms de l'époque et de leurs muses respectives. L'auteure nous dresse également le portrait d'une France sous l'occupation, d'une France entre deux guerres. En résumé, on se plaît dans des balades qui nous emportent de Paris à Nice, de la campagne à la mer. C'est avec plaisir que l'on découvre qui fut Marthe Bonnard et son implication dans le travail de son conjoint.

Avec brio, on va nous conter la vie d'une inconnue, un modèle pour un peintre, une muse, et pourtant une femme si mystérieuse. Marthe Bonnard : compagne, modèle, amante et femme du peintre Pierre Bonnard demeurera une énigme tout au long de sa vie. Elle a fait de sa vie un tableau en maquillant son nom, son âge, ses origines et même l'existence de sa propre famille. A travers ce texte romancé, on tente de comprendre ce choix et d'en mesurer les conséquences.

On apprécie le travail de documentation de l'auteure, qu'elle nous retranscrit à merveille. On va vivre dans ce monde artistique, un monde compliqué où tout n'est pas aussi sensationnel que l'on semblerait croire. Des années de débrouille pendant de longs mois de guerre, mais des années jouissives également où l'argent, les connaissances et les mondanités font rages. L'auteure nous emporte dans une France d'antan, des années 10 aux années 50 on va vivre avec ce couple magique, conflictuel, compliqué, mais toujours unis malgré leurs nombreux soucis.

Avec ce texte on appréciera le style très touche à tout, qui ne fait que démontrer la maîtrise dans cet exercice de style. Pour terminer à se demander, mais qui était cette fameuse Marthe bonnard : une inconnue ou une femme mystère ?
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Courant août, je suis allée visiter le musée de l'Orangerie, où se trouvent les fameux "Nymphéas" de Monet, et depuis la peinture est partout autour de moi, jusque dans mes lectures. La preuve, Françoise Cloarec dans "L'indolente", entraîne le lecteur à la suite de Pierre Bonnard - peintre qui jusque là m'était totalement inconnu - ou plutôt de sa muse: Marthe de Méligny.

La passion de Pierre Bonnard est portée par son don pour la peinture, mais surtout par cette femme, qui sera (presque) son seul et unique modèle tout sa vie durant. Marthe est au coeur de sa vie, et il la protège, la surprotège même lorsqu'elle commence irrémédiablement à l'éloigner de toutes ses relations, à cause de sa maladie, qui oscille entre asthme et symptômes psychotiques.

Cet amour est tout de même fondé sur un mensonge de taille car Marthe ne révélera pas sa véritable identité à son amant le jour de leur rencontre. Quelles sont ses motivations? La honte avant? le remord ensuite? Françoise Cloarec tente de percer ce mystère au travers des archives et des gens qui ont connus le couple de près ou de loin. Car de cette infime omission découlera un procès retentissant entre les héritiers du couple. Une discussion captivante s'ouvre, au travers de cette histoire de succession, concernant la propriété intellectuelle d'une oeuvre artistique. L'affaire Bonnard a fait jurisprudence dans ce domaine.

L'auteure se place davantage sur le plan de l'investigation - il faut savoir qu'elle est elle-même peintre, mais aussi psychanalyste - que sur celui du roman. le lecteur suit pas à pas les pérégrinations de Françoise Cloarec au cours de ses recherches dans les multiples archives qu'elle a pu consulter, afin de cerner la personnalité de cette femme: Marthe Bonnard.

Le récit n'a pas franchement de trame- à part chronologique bien sûr - car il est guidé par les recherches de l'auteure. Elle insère d'ailleurs des extraits d'archives, de correspondances, de journaux, d'ouvrages bibliographiques, etc. Néanmoins, à défaut d'être happer par le récit, le lecteur continue de tourner les pages, curieux lui aussi de comprendre les motivations de cette femme, Marthe Bonnard, si particulière.

A coups d'esquisse, elle dévoile progressivement une idée de la vie, et du couple qu'ont pu former ces deux êtres, si dissemblables et pourtant si fusionnels. La narration est un peu perturbante, quand cette biographie romancée, est soudainement interrompue par le surgissement inopiné de la narratrice. Ces changements de tons sont assez déstabilisant car ils interviennent sans aucune logique apparente. Malgré sa profession, Françoise Cloraec ne se pose quasiment jamais en psychanalyste face à ce couple, ou à l'attitude de cette femme, malade. Elle raconte des faits, et laisse le lecteur se faire sa propre opinion sur Marthe.

Pierre Bonnard a peint l'amour de sa vie sous toutes les coutures, comme pour percer le secret que cette femme-enfant semblait dissimulé, et son intuition était bonne, même s'il n'en a jamais rien laissé paraître. L'amour est plus fort que la vérité semble-t-il, du moins pour ces deux-là. Malgré les atermoiements de l'auteur entre romance et fait réels, la conclusion de Françoise Cloarec laisse le lecteur dans une profonde réflexion... (...)
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Avec L'indolente, Françoise Cloarec nous fait remonter le temps vers une époque où la vie d'artiste était la plus romantique et faisait rêver. Direction l'atelier de Pierre Bonnard, un peintre maniant les couleurs avec une originalité toute personnelle. On le découvre. Parce que je connaissais Ma-tisse, Picasso, Monet, Manet, etc… Mais Pierre Bonnard, je n'en avais jamais entendu parler. Grâce à ce livre, j'ai pu découvrir un peintre atypique, qui ne suivait aucun mouvement artistique, et bien que cela lui ait été reproché, je l'admire pour ça. Difficile de ne pas suivre une mouvance, encore plus à l'époque où l'art était si foisonnant. J'ai également découvert une histoire d'amour, pure, totale, passionnelle. Marthe Bonnard et Pierre Bonnard, ce fut le coup de foudre.

Le livre de Françoise Cloarec, le titre nous en informe, tourne autour de cette mystérieuse Marthe Bonnard. Mystérieuse car elle ne donne pas son vrai nom à Pierre lorsqu'ils se rencontrent et qu'elle ne lui parlera jamais de cette autre femme qu'elle était (et qu'elle est toujours un peu) avant de le rencontrer. Étrange. C'est ce mystère que tente de résoudre l'auteure à travers les pages, égrainant au fur et à mesure les années du Paris du début du XXe siècle.

Difficile de retranscrire une biographie quand on a si peu d'information sur la personne à qui l'on cherche de reconstruire une vie. C'est le cas avec Marthe Bonnard. Les recherches ont été compliquées et cela se sent. Les premières pages sont écrites d'un style saccadé, épuré avec de belles phrases. Les mots assemblés sont beaux. Et pourtant, cela ne suffit pas. L'auteure commence à semer des moments de ses recherches, au milieu d'une reconstitution, parfois complètement imaginée.

A cause de ces passages, j'ai eu beaucoup de mal à me laisser porter par l'histoire. Est-ce que les moments de récits sont totalement fantasmés ? Quelle part de vérité y'a-t-il dedans ? Je me suis posée de nombreuses fois ces questions dans la deuxième moitié du livre. Je n'arrivais pas à basculer soit dans une reconstitution historique pure, soit dans une biographie romancée. J'ai eu l'impression que l'auteure elle-même avait eu du mal à choisir au moment de la rédaction. Dommage, parce que tous les ingrédients sont là : le mystère, le Paris bohème, la vie d'artiste. Tout ce que j'aime. Reste ce sentiment d'indécision.

Sentiment d'indécision accentué par la frustration car qui est réellement Marthe Bonnard ? La question reste en suspend. Car il n'y a pas de sources historiques pour. Alors pourquoi ne pas inventer, romancer ? Comme d'autres parties du livre ?

Cependant, la conclusion du livre est intéressante car si l'auteure n'a pas vraiment trouvé de réponse à sa question : le mystère Marthe Bonnard, elle en a trouvé une autre. L'existence de cette femme, étrange et un peu oubliée, aura eu le mérite de servir à quelque chose (et je vous laisse découvrir à quoi dans le livre)....https://pauseearlgreyblog.wordpress.com/2016/08/29/rentree-litteraire-lindolente-le-mystere-marthe-bonnard-francoise-cloarec/
Lien : https://pauseearlgreyblog.wo..
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Marthe Bonnard, Marthe Solange, Marie? Trop de nom différent pour une même femme. Ce qui partait à la base d'un simple coup de tête finit dans un tribunal. Un essai plus qu'un roman qui nous montre un autre aspect de la vie d'un artiste : celui de son héritage ou comment un faux nom peut boulverser l'histoire de l'art
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L'Indolente ou le mystère Marthe Bonnard est une biographie qui se propose de retracer la vie énigmatique de Marthe, cette muse qui apparaît sur les toiles de Pierre dès 1893 et qui ne les quittera plus jusqu'à sa mort. Énigmatique Marthe car celle-ci a caché sa véritable identité pendant trente ans à son compagnon, jusqu'à leur mariage, et continuera de la taire auprès des autres. Celle-ci s'appelle en réalité Maria Boursin, elle n'est ni fille naturelle d'un noble italien désargenté, ni orpheline, et, par son silence obstiné, elle provoquera une longue querelle juridique entre les ayants-droit du couple Bonnard. Querelle qui fera jurisprudence et étendra le droit moral du peintre sur son oeuvre.

Je vous le dis tout de suite : si vous pensez que cette biographie va éclaircir le passé de Marthe, va proposer une enquête sur la vie de cette femme mystérieuse, va apporter un éclairage nouveau sur la psychologie de cette femme fragile, oubliez, vous allez être déçu ! Françoise Cloarec a livré un travail de recherche minutieux dans les archives, sa biographie regroupe un nombre important d'articles, de lettres d'amis, de témoignages. Mais tout ne va porter que sur Pierre Bonnard et sa vie avec Marthe. Et je suis navrée de le dire, mais Pierre Bonnard a la vie la plus chiante que je n'ai jamais lue !

Alors, entendons-nous bien, « chiante » ne veut ici pas dire nulle et inintéressante, il a une vie comme tout un chacun. Mais ce n'est pas ce que j'attends quand je lis une biographie, romancée ou non, sur les peintres. Peut-être suis-je trop imprégnée de l'image de l'artiste maudit, au génie incompris, méprisé des critiques, qui connaît une vie faite de haut et de bas, qui croise amis et ennemis célèbres et partage son point de vue artistique, qui défende sa vision de l'art contre vents et marées. Pierre Bonnard est un chanceux : issu d'un milieu bourgeois qui ne comprend pas forcément qu'il arrête ses études de droit pour se consacrer à la peinture mais ne le rejette pas non plus, il ne manquera jamais de rien dans sa vie, sera reconnu de son vivant et admiré. Il fera de nombreux voyages dont il ne rapportera strictement rien (aucun impact sur sa peinture), préférant la lumière de la Normandie ou de la Côte d'Azur, représentant jusqu'à la fin sa vie quotidienne, quelques amis et surtout, Marthe. D'abord proche du groupe des Nabis, Pierre Bonnard conservera toujours son indépendance vis-à-vis des mouvements artistiques picturaux : ni impressionniste, ni post-impressionniste, ni cubiste ni surréaliste, Pierre Bonnard suivra toujours la voie qu'il s'est fixée, se méfiant peut-être des « modes » ou de l'esprit des groupes. Il faut dire que cet homme a aussi subi la maladie de Marthe, qui s'enferme peu à peu dans sa paranoïa, refusant de voir du monde et isolant son mari de ses amis lentement mais sûrement.

C'est d'ailleurs une des seules choses remarquables chez cet homme – exception faite de sa peinture, bien évidemment. Sa fidélité envers cette femme valétudinaire, que certains décrivent un peu comme une mégère, alors que d'autres y voient une créature fragile, instable mais agréable dans ses bons moments. Jamais Pierre n'abandonnera sa femme, quelles que soient les difficultés. Il aura bien sûr quelques maîtresses, mais les quittera dès que Marthe en prendra ombrage. Entre la passion fugace et le durable amour, Pierre a choisi. Marthe sera son modèle favori, peut-être parce qu'il sent inconsciemment le mystère qui entoure cette femme, une part qui lui reste inaccessible et qu'il cherche à découvrir en la fixant sur une toile. Une fois femme provocatrice et abandonnée au désir, une fois femme qui lit dans une salle à manger, d'autre fois femme rejetée dans l'ombre d'un tableau, cachée sur un balcon, ou à la pâleur et à la rigidité cadavérique dans une baignoire, Pierre communique ses états d'âme et de couple à travers ses toiles, révélant là toute l'influence de Marthe sur la peinture de son mari.

En refermant ce livre, Marthe restera une inconnue. Je ne comprends pas très bien le projet de faire une biographie autour d'une femme que nous ne pourrons jamais connaître, même en psychanalysant les toiles de Pierre Bonnard. Pourquoi ne pas proposer tout simplement une biographie sur le peintre, qui aborderait automatiquement l'intimité de ce couple étrange et de cette femme évanescente mais approfondirait les théories artistiques, ses évolutions picturales, les influences et les amitiés de Pierre Bonnard.

À la place, nous avons une biographie certes vraiment bien documentée, mais très redondante et qui reste un peu en surface de tout. de temps en temps, la voix de la narratrice surgit pour nous dire qu'elle a cherché ici mais n'a rien trouvé là, qu'elle s'est rendue sur tel lieu mais que c'était une impasse et que Marthe de Méligny, hasard ou travail minutieux, a posé une chape de plomb sur son passé. Pourquoi ? Pourquoi ce mensonge de toute une vie ? pourquoi cette haine de soi ? détestait-elle vraiment son milieu, haïssait-elle son père au point d'honnir son nom ? le mystère est entier.
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