- Le sens de ce que nous entreprenons chaque jour ici ? A qui cela sert-il ? Nous participons à l'agitation environnante, à la ruée des consommateurs sur des produits asiatiques moins coûteux et de qualité douteuse uniquement pour permettre aux actionnaires de la boîte d'entretenir leurs belles voitures, leurs nombreuses maîtresses et leurs enfants dégénérés.
Samy haussa le sépaules.
- Tu vois, j'adhérerais à ton discours s'il s'inscrivait dans une pensée politique construite ou exprimait un intérêt pour tes contemporains. Mais, tu ne milites pas et ne t'intéresses à personne. Tu ne t'interroges jamais sur la manière dont tu pourrais contribuer à rétablir la justice, à œuvrer pour plus d'égalité. Non, tu ne fais rien pour changer ce qui ne te plaît pas, ni même modifier les paramètres de ta propre existence. Pire, tut te places au centre du monde et tu l'observes telle une victime incapable d'agir. Tu subis, ta vie, te contentes de dénoncer son absurdité. Je te l'ai déjà dit, Noam, on ne peut pas aimer les autres quand on ne s'aime pas soi-même.
Le monde n'est qu'un grand cimetière, un amas de terre jeté sur les milliards d'êtres que l'univers a créés, illustres ou inconnus, riches et pauvres et sur lequel osent danser ceux qui se croient éternels.
Fais gaffe, on est psy ou on ne l'est pas.Et quand on ne l'est pas,on n'est pas "une sorte de psy" mais un charlatan.
-Et ton père, tu le vois parfois?
Les traits de Noam se durcirent;il ne répondit pas.
-Tu sais qu'il est malade,n'est-ce pas?
-Il n'est pas malade,il est alcoolique.
-L'alcoolisme est une maladie,Noam.
-Une maladie qu'on décide d'avoir.
-C'est plus compliqué.