Citations sur Trois cantates policières : La digitale ; La douce-amère .. (12)
Vous vous êtes débarrassée, jadis,
d’un mari trop encombrant
en faisant accuser Garance,
en vous servant des plantes !
Et vous pensiez que Martin, ensuite,
se chargerait de Flore.
Jamais vous n’auriez pu deviner
qu’il en profiterait pour éliminer Karl
et vous priverait d’un fils.
D’abord c’est l’acte,
puis vient le verbe.
L’acte puis le verbe,
dans cet ordre-là.
Mais pour Garance ce fut
le silence après l’acte,
et le verbe ne vint pas.
Tout porte à croire
qu’il a précédé l’acte.
Il faut croire que le vrai poison,
c’était le verbe :
celui des mots de sa mère.
Il faut bien choisir, c’est ainsi
entre une femme et une autre.
J’étais un homme, somme toute
mort d’avoir été trop bon vivant.
En choisissant Silène, j’abandonnai Marguerite
sans même savoir, ni deviner,
ce qui dans son ventre était déjà semé.
Trois femmes, trois plantes.
La digitale, la douce-amère
et la dame-d’onze-heures :
c’est un herbier de choix,
un bouquet maléfique.
Le crime est le virus invisible
qu’elle charrie dans ses veines.
Caligula ! Locuste ! Agrippine !
Violette Nozière !
Olympe de Mancini ! La comtesse de Soissons !
La liste est longue
et les poisons plus nombreux encore…
Il n’y a pas de victimes
parfaitement innocentes.
Il y a ceux qui savent
et ceux qui pensent savoir.
Ceux qui savent se taisent,
les autres parlent trop.
Certains êtres portent le mal
inscrit sur leurs visages
comme un horrible masque.
C’est assez rare, il faut le dire.
On trouve parmi les plantes
des spécimens plus efficaces :
datura, belladone ou ciguë vireuse.
Les alcaloïdes atropiniques
sont des substances à effets
bradycardisants et antimitotiques.
En sorcellerie, c’est l’herbe d’amour,
aux vertus aphrodisiaques
et contraceptives.
La vengeance est la caresse
le miel très doux
la main
amer
des griffes
invisibles…