Citations sur Bal de givre à New York (47)
Nous aussi, et le monde qui peine, nous passons :
Mais là, parmi les âmes qui tournoient
Avant de s’effacer comme les eaux promptes
De l’hiver incolore, là, parmi les étoiles qui passent, cette autre écume,
Un visage survit, une solitude.
(W.B.YEATS, La rose du monde)
Les toits de New York, sur les bords de l’Hudson, dessinaient sous la brume un patchwork éblouissant. Partout, des géants d’acier et de verre se frayaient un chemin vertical entre des lacis de ponts aériens. Des faisceaux argentés fouaillaient le ciel.
La tour Seth-Smith se dressait là-bas, sur les bords d’un Central Park constellé de lacs obscurs, rayé de routes lumineuses. Un jeu de construction titanesque, voilà ce qu’était devenu New York, et sur ce plateau minéral, un homme – mon père – avait tracé des lignes, jeté des passerelles, déroulé des toits plus larges que le monde. Dans un silence ombré, l’auguste dirigeable aux flancs nacrés de lune glissait sur le labyrinthe des buildings, par-delà les noires et souveraines contorsions du fleuve.
La porte s'ouvrit pour me laisser sortir. Le matin était devenu bleu, éblouissant.
Je descendis quelques marches puis m'arrêtais. Le parterre était jonché de pétales de roses : des
milliers de pétales, d'un rouge intense qui ne laissait plus voir le sol.
Quelque chose en lui me submergeait et je savais, où croyais savoir, qu’en me liant ainsi à sa personne, j’abandonnais pour toujours le cours tranquille de mon existence, jetais au feu mes espoirs et mes projets puérils, à peine formés, et le pire était que je m’en moquais : car rien de ce que je pouvais vivre sur cette terre n’avait jamais été à ce point essentiel – j’étais à lui, je ne voulais être qu’à lui.
-Dis-moi que ce n’est pas un rêve.
Il ne répondit pas, mais personne ne pouvait rêver aussi fort.
Car le temps sans repos poussa déjà l’été vers l’hiver monstrueux et va le mettre en terre.
(Shakespeare)
Le brouillard se morcelait, lissant la place à des trouées azuréennes. Quelques paillettes dorées gravitaient dans la lumière. Une grille en fer forgé se dressait, vertigineuse. Ses battants étaient ouverts. Deux mots en lettres gothiques se détachaient sur la partie haute. THERE: HADES.
Et si j'erre en ceci, si mon tort est prouvé, Je n'ai jamais écrit, nul n'a jamais aimé.
(shakespeare)
Les toits de New York, sur les bords de l’Hudson, dessinaient sous la brume un patchwork éblouissant. Partout, des géants d’acier et de verre se frayaient un chemin vertical entre des lacis de ponts aériens. Des faisceaux argentés fouaillaient le ciel.
La tour Seth-Smith se dressait là-bas, sur les bords d’un Central Park constellé de lacs obscurs, rayé de routes lumineuses. Un jeu de construction titanesque, voilà ce qu’était devenu New York, et sur ce plateau minéral, un homme – mon père – avait tracé des lignes, jeté des passerelles, déroulé des toits plus larges que le monde. Dans un silence ombré, l’auguste dirigeable aux flancs nacrés de lune glissait sur le labyrinthe des buildings, par-delà les noires et souveraines contorsions du fleuve.
Un pas en arrière : celui qu'il fallait pour perdre l'équilibre. J'eus le temps de voir Wynter tendre la main, l'ultime tentative. Mais aucune force, cette fois, n'aurait pu me maintenir dans les airs. Parce que je ne le désirais pas.
Mes souvenirs revenaient, hésitants : on aurait dit des enfants perdus, couverts de cendres et de poussière.