Il faut regarder les choses en farce.
-Les gens de la météo, c'est comme les devins. S'ils ont raison, tout le monde applaudit mais s'ils se trompent, tout le monde oublie.
-Simone, fais-moi le plaisir de ranger ta chambre.
-Si c'est pour ton plaisir, pourquoi tu ne le fais pas toi-même ?
-Simone !
Le bonheur, on le sait, est la chose la plus fragile au monde. Figurez-vous un vase de cristal. Figurez ce vase à l'extrémité d'une falaise, un matin de grand vent.
Ce que je voulais vous dire, c'est "merci". Merci, parce que, sans vous, les femmes n'auraient peut-être pas le droit de décider ce qui se passe à l'intérieur d'elles. Ou alors, ce serait tellement plus difficile. "Le droit des femmes à disposer de leur corps". Moi, un homme a disposé du mien. Et je suis censée l'accepter ?
L'intérêt, hasarde Simone, ça pourrait être de comprendre ceux qui sont de droite. Parce que si on n'écoute que les gens qui pensent comme nous, eh bien, on pense toujours pareil.
L'enfer s'est évaporé. [•••] Le camp lui-même est comme aseptisé, il n'y a plus de crématoires, personne ne crie plus, personne ne tombe plus à genoux devant le mur des exécutions. Restent, sur les murs, des traces de griffures.
Aujourd'hui, Auschwitz s'est volatilisé. Ce qu'était Auschwitz n'est plus visible à l'oeil nu. Demeure une chose souterraine et secrète que seuls ceux qui ont vécu ici connaissent. Une vibration.
Les autres peuvent en parler. Ils peuvent filmer le décor. Ils peuvent imaginer, essayer. Essayer, c'est tout ce qu'on a.
Le 15 avril au soir, le train entre en gare dans un long et terrible soupir. Les portes grincent. Les SS hurlent. Claquements et projecteurs. Voici le lieu où tout s'achève.
Ici, les souvenirs se délitent. Restent des bribes, des chiffres. Ce que disent les livres, ce qu'ils essaient de faire comprendre, ce que racontent les rares témoins.
Le temps trébuche. Là, six mois ne laissent aucun souvenir ; ailleurs, dix secondes demeurent à jamais gravées.
Les voix se mêlent aux pleurs qui se mêlent à la nuit qui se mêle au froid qui fait taire les voix. Une longue plainte, ce voyage. Le train s'enfonce toujours plus vers l'est, comme un couteau dans une chair encore tendre.