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Critique de Antyryia



Le 02 février prochain, Sandrine Collette va publier son cinquième roman : Les larmes noires sur la terre.
Les plus curieux, en regardant le résumé, auront lu qu'il s'agirait de l'histoire de Moe, jeune femme logée avec son bébé dans une ville pour miséreux faîte de carcasses de voitures, un lieu surnommé "la Casse". Sa résidence ? Une peugeot 306. Ses voisines et amies dans cet univers futuriste ? Jaja, Marie-Thé, Nini, Poule et surtout Ada.
 
Si j'évoque ici son prochain livre, ça n'a rien d'un hasard. Parce que ce monde, Sandrine Collette l'avait déjà créé comme cadre de sa nouvelle Une brume si légère, publié avec la troisième édition des petits polars le monde / SNCF, en septembre 2014, c'est à dire entre Un vent de cendres et Six fourmis blanches. Sur les deux couvertures, on peut d'ailleurs distinguer un cimetière de voitures, ville d'un nouveau genre. Un univers que l'auteur a probablement eu besoin de développer tant il y avait matière.
 
L'héroïne d'Une brume si légère se prénomme quant à elle Jo. Elle était dessinatrice, vivait à Paris avec son mari Victor, banquier. Mais elle va tout perdre. Divorce, chômage, dettes : elle ne peut plus rembourser son emprunt et se retrouve à la rue. L'auteur insiste d'ailleurs : Nul n'est à l'abri de la précarité. Elle sera emmenée à la Casse et se verra attribuer son nouveau logement : Une peugeot 306 grise, exactement comme son homologue dans le futur roman. Mais ce ne sont pas les mêmes femmes : Jo n'a pas d'enfant et est plus âgée que Moe.
 
On ne sait pas grand chose de cette ville faîte de tôle et d'acier. Elle a été créée pour loger presque dix mille pauvres dont la société souhaitait se débarrasser ("Que les pauvres aillent s'entretuer loin de nous !" ). Elle est composée de carrés numérotés, comme des parcelles cadastrales. On a sorti les véhicules usagés de leur circuit de démolition ( broyage, déchiquetage, "empilements de couleurs fracassées" ), principalement les plus volumineux, afin de leur offrir une nouvelle utilité et de les convertir en domiciles pour miséreux. On y retrouve des hommes, des femmes et même des enfants.
"La préhistoire, version Mad Max ou pire."
"Bon dieu, cet endroit c'était un bidonville, un vrai, au coeur de notre pays bien civilisé, au XXIe siècle."
Un monde au bord d'une rivière, où l'on travaille dans les champs pour soixante centimes de l'heure, avec un seul commerce. La crasse règne, les odeurs sont nauséabondes, les rats sont partout. Le troc est le principal moyen d'échange. Et les viols y sont nombreux.
 
Dans son malheur, Jo est bien tombée. Son quartier n'est composé que de femmes qui l'accueillent chaleureusement : Catherine, Virginie, Marthe et la vieille Ada, herboriste qui soigne et avorte, un pilier pour cette communauté qu'on retrouvera donc dans le roman à venir.
"Elle est notre mère à toutes, la gardienne de notre humanité et de notre paix."
Et Jo sera également la protégée du gardien Nathan, ex-militaire reconverti en surveilllant. C'est une nouvelle à deux voix, qui alterne entre les points de vue de Jo et d'Aristote, qui patrouille avec Nathan, représentants d'une mafia locale dont on ne sait quasiment rien. Une courte histoire qui rappelle quelque peu Meurtres pour rédemption de Karine Giébel pour sa noirceur et pour sa romance interdite entre un geôlier et une prisonnière, même si les rôles ne sont pas aussi tranchés ici.
 
J'aurais d'abord pensé à une oeuvre à part pour la romancière. Comme dans des noeuds d'acier il est question de vivre en autarcie, de cultiver la terre, mais c'est principalement un récit d'anticipation dans un cadre cette fois davantage urbain. En outre, les phrases sont plus longues qu'à l'accoutumée et je n'y ai pas vraiment perçu "la patte" de l'auteur.
Je la retrouverai cependant peut être dans Les larmes noires sur la terre. Avec Une brume si légère, cet univers riche n'a été qu'esquissé et il ne demandait en effet qu'à être approfondi.
 
Un dernier petit mot sur les illustrations, au nombre d'une dizaine : Elles sont de Dominique Corbasson ( les soeurs Corbi, Parisienne ) et représentent des personnages dessinés très sommairement, longilignes. Je ne les ai pas beaucoup appréciées, mais je n'ai rien d'un expert en la matière.
 
 
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