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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Domestique de maison dans une plantation de canne à sucre en Jamaïque, Frannie Langton est revendue par son maître en Angleterre pour devenir bonne dans une famille aisée et estimée. En elle on ne voit qu'un objet, une négresse, une mulâtresse, une machine capable de répéter ce qu'on lui apprend, un perroquet bien dressé. Elle deviendra l'outil des expériences les plus viles ou des caprices d'une femme triste presque sans raisons. Noires ou blanches les femmes ne sont pas libres à cette époque, mais les unes plus que les autres.

La femme noire, intelligente, avide de romans, de liberté et de passion raconte, et ses mots nous assomment. Des mots tranchants comme des lames de ciseaux, comme des scalpels pour révéler la vérité, dénoncer la sauvagerie des hommes blancs, cachée derrière leurs bonnes manières et leurs airs de savants. Les abolitionnistes et leur soif de bonnes actions, leur compassion, leur curiosité malsaine, leur frivolité parfois, ne sont pas épargnés non plus. Rien n'est noir ni blanc, le racisme est tenace, il colle à la peau.

Une histoire qui se déroule au XIXe siècle, une histoire de femmes, de soumission, de haine enchaînée à l'amour. On peut la rapprocher de la Servante écarlate car Frannie est une femme à qui on a enlevé son humanité, tout comme Defred dans le roman de Margaret Atwood. Deux esclaves, deux témoignages de femmes blessées, à la liberté étouffée. Romans noirs pleins de frissons, émouvants.

Lu dans le cadre d'une masse critique privilège, je remercie Babelio et les Éditions Belfond pour ce roman de Sara Collins. J'ai aimé l'écriture de l'auteure ; incisive, touchant à la réalité, sans voile, donnant vie à cette femme, Frannie Langton l'esclave savante, perdue entre docilité et rébellion, haine et amour.
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Frannie Langton est accusée du meurtre de ses employeurs. Ancienne esclave, elle leur a été offerte comme bonne à tout faire par son ancien maître et accessoirement père... Frannie est une mulâtresse, comme on disait alors. Toute jeune encore, elle traîne derrière elle un sacré passé. Eduquée pour pouvoir confirmer que la couleur de la peau a une incidence sur l'intellect - seuls les blancs sont capables de réflexion, de création, de bon sens et de raison... Frannie n'est pas une esclave comme les autres, c'est un sujet de laboratoire, un rat sacrifié à la science !

"Les livres étaient mes compagnons, dis-je enfin, haussant la voix pour couvrir le bruit du vent qui soulevaient les feuilles et ses jupes. Et je suis heureuse d'avoir pu apprendre, quelque soit la raison pour laquelle c'est arrivé. Cela m'a permis de voir qu'une vie n'est pas figée, qu'elle peut être pleine d'aventures. Parfois, je m'imaginais que j'étais une dame comme dans les romans et les histoires d'amour. Cela va peut-être vous paraître bête, mais j'avais l'impression d'appartenir à un monde qui sinon m'aurait été inaccessible."

A travers l'histoire de son héroïne, c'est tout un pan de l'histoire de l'esclavage, de l'abolitionnisme, du racisme que Sara Collins nous met en scène. J'ignorais, pour ma part, même si cela ne me surprend pas, les expériences soi-disant scientifiques menées sur les esclaves...
J'ai trouvé que Sara Collins traite son sujet avec beaucoup de pudeur, tout en restant très percutante dans son histoire et dans son style. Certes, cela fait beaucoup pour une seule femme quand on considère tout ce qui arrive à Frannie, mais cela ne m'a pas tant gênée, tant je me suis laissée happée par son récit.

On a envie de la sauver, Frannie, de déjouer le sort, même si on sait, très vite, dès les premières pages, qu'elle ne s'en sortira pas. Parce qu'ancienne esclave, parce que femme, parce que pauvre et noire dans un monde où seul l'homme blanc et bien né peut être sûr de trouver (et garder) sa place...

"Que voudriez-vous que l'on se rappelle de vous ? Si vous aviez une dernière page et une dernière heure, qu'écririez-vous ? Voici ce que j'ai choisi. Un récit de moi-même. J'ai aimé deux choses : les livres que j'ai lus, et les personnes qui les ont écrits. Car, malgré le cas qu'on en fait, la vie n'a pas de sens, mais les romans nous permettent de croire que, en fait, elle est quelque chose."

Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour la découverte de ce livre et de cette auteure que je lirai de nouveau avec plaisir.
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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Je remercie tout d'abord les Editions Belfond et Netgalley de m'avoir permis de découvrir ce roman palpitant à plus d'un titre.
Quand le roman commence, Frannie Langton est en prison déjà reconnue coupable aux yeux de la société anglaise du double meurtre dont on l'accuse. Cette mûlatresse a été retrouvée dans le lit de sa maîtresse les mains rouges de sang et la seule chose qu'elle accepte de dire c'est qu'elle ne se rappelle pas de ce qui s'est passé. En attendant son procès, Frannie écrit ses confessions. Car elle n'est pas une sauvage sans âme comme on se plaît à la présenter, elle est instruite et cultivée. Elle est née en Jamaïque, propriété d'un couple infâme, les Langton, et si elle a reçu une instruction, ce n'est pas par bonté d'âme de leur part mais pour suivre un plan concocté par M. Langton. Peut-on instruire un noir ? Et si oui, qu'est-ce cela veut dire de leur nature ? En grandissant, Frannie va servir Langton de la plus ignoble des façons : il se targue d'être un scientifique et il étudie les corps des esclaves morts (et même vivants d'ailleurs), cherchant à déterminer ce qu'ils sont. Des expériences répugnantes dont Frannie est le témoin mais aussi la complice. Quand la grange dans laquelle se déroulent ces expériences brule, la femme de Langton en profite pour se débarrasser du mari. le voilà de retour en Angleterre avec dans ses bagages Frannie, qu'il laisse aux bons soins des Benham. Installé dans la maison du couple, en proie à la méchanceté d'une gouvernante qui ne voit en elle qu'un suppôt de satan, Frannie devient la « dame » de compagnie de Mme Benham dont elle s'éprend. Frannie se retrouve alors le jouet d'une femme mariée insatisfaite de sa vie et d'un mari, se posant en homme de bien, alors qu'il n'est qu'un hypocrite de la pire espèce. Dans ces conditions, elle ne peut rien contre la tragédie qui va se manifester sous ses yeux. Qu'importe la vérité, Frannie est la coupable parfaite pour une société figée dans ses certitudes bien pensantes.
Ce n'est pas une lecture facile car la vie de Frannie n'est qu'une suite de maltraitances, de violences, de trahisons. On l'exploite, on la manipule, on la juge, on lui accorde des miettes d'attention, on la rejette… On a envie de hurler avec elle contre ces blancs qui ne la voient que comme un objet et non un être humain. Ce qui est terrifiant c'est cette pensée partagée par Langton et Benham que les noirs sont inférieurs, qu'on pourrait certes abolir l'esclavage mais que pour autant, on ne peut les laisser vivre comme ils le souhaitent et leur accorder leur libre arbitre. Une manière comme une autre de justifier le colonialisme et l'exploitation de milliers de gens. le roman m'a certes secouée mais je le recommande.

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Les confessions de Frannie Langton est un roman qui m'a attiré pour ses similitudes avec la série Captive (alias Grace) d'après le roman de Margaret Artwood. Comme j'ai énormément aimé cette série télévisée diffusée sur Netflix, j'ai eu envie de lire ce roman du même genre dans le sens où l'héroïne ici, Frances Langton, une métisse originaire de Jamaïque, est accusée du double meurtre de ses maîtres qu'elle servait à Londres au XIX siècle. C'est en prison durant le procès que Frances écrit son histoire afin de la communiquer au monde.
Cette histoire débute dans une plantation de canne à sucre en Jamaïque en 1812 lorsque Frannie, c'est son surnom, sans parents, est emmenée à l'âge de sept ans dans la grande maison pour être mise au service de Miss-Bella, la maîtresse de maison. Celle-ci qui s'ennuie lui apprend à lire mais se montre pourtant par moment malveillante. Ses maîtres sont d'ailleurs souvent difficiles et irascibles.
John Langton, le maître de la plantation, la contraint quelques années plus tard à l'assister dans toutes sortes d'expériences scientifiques qu'il pratique sur des corps. Lorsque Frannie atteint l'âge de vingt ans, John Langton l'amène à Londres où il l'offre en cadeau à George et Marguerite Benham, l'un des couples les plus raffinés d'Angleterre. C'est ce couple que l'on retrouve un jour assassiné et dont Frannie est accusée.
C'est la vie d'une métisse ignorant ses origines qui raconte ainsi sa vie durant une quinzaine d'années qui peut apparaître sous diverses facettes pour des yeux qui l'observeraient et la jugeraient de l'extérieur. C'est ce qui est très intéressant dans ce roman car il y a le point de vue des apparences et ce que vit et raconte Frannie de son propre vécu et ressenti. J'aime beaucoup ce genre de récit qui révèle les faux semblants et préjugés. Comme souvent, tout n'est jamais ni tout blanc ni tout noir et l'honnêteté n'est pas toujours là où on veut bien nous faire croire qu'elle se trouve. Alors, Frannie, est-elle une esclave née dans une plantation devenue le jouet de ses maîtres, une domestique au service d'un couple qui n'est raffiné qu'en surface ou la séductrice de Marguerite dans le seul but de se débarrasser des Banham ? Ou bien n''est-elle pas tout simplement une victime de tout ce qu'elle a vécu ?
Les confessions de Frannie Langton est un roman noir de très grande qualité alors qu'il est le premier roman de Sara Collins. Dans un style gothique, il évoque le colonialisme, l'esclavage et le racisme. Il est aussi l'expression de rage d'une héroïne dans la volonté de s'élever de son rang sans pouvoir comprendre ni accepter pourquoi elle se trouve tout en bas. Mais le cours de sa vie l'amènera à devoir faire face à sa propre culpabilité, à se retrouver l'objet d'un amour sulfureux incontrôlable, à se rendre compte de la situation de de la femme sous le joug masculin à cette époque qu'elle soit noire ou blanche et enfin à trouver le chemin de la rédemption.
C'est un roman historique dont la symbolique traverse les âges et les frontières avec une héroïne qui nous touche et nous subjugue dans le récit poignant de sa quête d'amour, de justice et de liberté.
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Frannie Langton va être jugée par un tribunal anglais pour le meurtre sauvage de ses employeurs, George et Marguerite Benham...Nous sommes en avril 1826. Elle a été retrouvée dans le lit de Mme Benham, à ses côtés, les mains pleines de sang. Elle sait qu'elle va être condamnée à être pendue, même si elle ne se rappelle pas ce qui s'est passé. Aux yeux de tous, elle devient la "négresse meurtrière"...bien qu'elle soit mulâtre.
Oui, Frannie est une "négresse", on ne disait pas encore "une Noire", une vulgaire marchandise qui dira d'elle : "Toute ma vie on m'a appris que les corps noirs n'ont aucune valeur, mais un prix supérieur à celui des rubis".
Frannie raconte sa vie, son enfance en Jamaïque à Paradise, la plantation de canne à sucre de Langton, son maître qui lui donna son nom. Elle était domestique, un peu plus haut placée dans la hiérarchie des nègres qui y travaillent que les esclaves qui cultivent les cannes. Elle avait même appris à lire, ce que les autres nègres étaient incapables de faire. Elle adore lire, surtout Candide. Langton l'a faite venir avec lui en Angleterre et l'a offerte à Benham...sans état d'âme comme un vulgaire cadeau !
Langton et Benham se connaissent depuis longtemps, et mènent ensemble des recherches qui passent à leurs yeux pour "scientifiques", qui font froid dans le dos, et indignent le lecteur. Je n'en dirai rien, je vous en laisse la surprise.
Après tout, ces nègres ont-ils une âme, ne sont-ils pas fait pour travailler ? Langton et Benham n'hésitent pas à affirmer : "Le nègre est heureux de servir. Il est né pour ça. les nègres n'ont jamais produit de génies, et attendre de leur part du génie ne serait que source de malheur. Ils sont aussi différents de nous que les chiens le sont des vaches. Il faut donc permettre au nègre de faire ce qu'il est heureux de faire, car le libérer n'aurait d'autre effet que de lui faire entrer le démon dans la tête."
Leur noirceur ne touche-t-elle pas également leur âme ?
Révoltant. le lecteur passe d'une surprise à l'autre, d'une turpitude à l'autre, et navigue au fil des souvenirs de Frannie ou Frances d'indignation en indignation, depuis la condition des femmes jusqu'à celle des noirs, des esclaves.
Le juges quant à eux seront vraisemblablement indignés parce que Frannie et Marguerite Benham, épouse abolitionniste et d'origine française de Benham, s'aimaient. Ces amours contre nature ne plaident pas en faveur de Frannie. Comment aurait-elle pu lui faire le moindre mal? Toutes deux chassant peut-être un mal de vivre utilisaient souvent le laudanum, l'opium.
Frannie nous conte ces dernières années depuis 1812, ces années en Jamaïque, puis en Europe, les expériences de son maître, ce que ses yeux virent, ce qu'on lui imposa de faire, d'écrire.
Alors surtout, ne commencez pas cette lecture sans lire les deux petites pages de note de l'auteure. Sara Collins s'est appuyée sur des histoires vécues, sur des lectures qualifiées de scientifiques lors de leur parution, sur des archives de procédures judiciaires qu'elle mentionne.
Très beau premier roman !
Frannie écrit : "Dans tous les hommes il y a de la cruauté. Ceux que nous considérons comme bons sont ceux qui prennent la peine de le cacher."
À méditer !
Un très grand merci à Babelio et aux éditions Belfond, qui m'ont offert cette lecture et ce plaisir dans le cadre d'une opération "Masse critique privilégiée".
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Frannie couche sa vie sur papier pour la sauver, son avocat lui a demandé de l'écrire pour établir sa défense. En effet, comment éviter la pendaison à une jeune femme métisse jugée à Londres pour crime en ce début du 19ème siècle ?
Elle a grandit dans une plantation de canne à sucre de la Jamaïque où règne la violence, la misère et l'ignorance. A sept ans, elle est retirée de la plantation pour vivre dans la maison des maîtres, elle ne sait pas pourquoi. S'en suivent beaucoup de souffrances, et de mystères dont les révélations arriveront plus tard dans le récit.

Malgré une existence impossible, Frannie refuse de subir sa vie, refuse l'ordre établi où les noirs sont des êtres inférieurs. Elle saisit les occasions de bonheur, avec sensibilité et intelligence. Ce courage en fait un personnage fort et attachant, très proche du lecteur.

Certains passages sont exceptionnels, comme l'arrivée à Londres de Frannie, où le contraste est violent entre l'île et la capitale britannique.
Ce livre éclaire sur la question de l'esclavage, le temps pour effacer les préjugés et discriminations, la place de l'instruction et des livres, le manque de morale chez les scientifiques de l'époque.
Toute cette richesse se retrouve dans ce roman dévorant, magnifiquement tragique, composé de belles phrases telles que celle-ci :
« La vie n'a pas de sens, mais les romans nous permettent de croire que, en fait, elle est quelque chose ».
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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L'histoire débute lors du procès de Frannie Langton en 1826. En effet, la jeune femme est accusée d'avoir assassiné ses maîtres, le problème, c'est qu'elle n'a aucun souvenir du déroulement des faits, sa seule défense repose sur le fait qu'elle aimait sa maîtresse et qu'elle se sentait donc incapable de lui faire le moindre mal...

La chronique complète en cliquant sur notre lien !
Lien : https://songedunenuitdete.co..
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Je ne sais par où commencer tant ce roman est puissant. Il suffit d'ailleurs de parcourir la note de l'auteure dans les premières pages pour comprendre que Sara Collins ne fera pas les choses à moitié. Elle évoque rapidement toutes les oeuvres sur lesquelles elle s'est appuyée pour écrire cette histoire et sa plume n'y fera pas défaut.

Son style se décline sous différentes formes. Sara Collins donne pleine voix à Frannie Langton et manie à merveille récit narratif, extraits de journal, aveux rédigés depuis sa cellule et déroulement du procès. La force de ce récit n'est pas le seul fait de cette diversité, mais aussi de la richesse du vocabulaire de l'auteure. La forme est mise et nous transporte aisément au coeur de la Jamaïque du XIXème siècle.

Le fond n'est pas en reste. Sur cette île qui se veut paradisiaque, les ombres s'étirent sous le soleil de plomb baignant la plantation où a grandi Frannie. Métisse, elle a toujours été quelqu'un d'à part. Ni blanche, ni noire, ni maîtresse, ni esclave. On l'a maintes fois surnommée « la négresse de maison ». Enfant naïve, elle pense être appréciée à sa juste valeur quand les Langton l'installent dans la maison principale pour y vivre et servir madame. Entre l'esclave dure mais juste qui gère les tâches domestiques et une maîtresse qui prend un malin plaisir à la tourmenter, Frannie se perd pourtant un peu plus. Elle n'en est pas encore consciente mais derrière son apprentissage de la lecture et de l'écriture, on se joue d'elle et on l'emmène contre son gré dans les ténèbres d'un ignoble laboratoire et d'un pari malsain.

Un laboratoire dont elle peine à avouer ce qu'il s'y est passé. Frannie louvoie, se tait ou détourne la conversation chaque fois qu'on lui demandera plus tard ce que Langton y a fait ; elle ne se confessera que tardivement sur le sujet. Pour ma part, c'est un côté du colonialisme dont j'ignorais encore l'existence, où il s'agit soi-disant de démontrer que les Noirs sont limités et inférieurs à travers une approche scientifique. Comme si le principe même de l'esclavage et de la traite d'êtres humains n'était pas déjà assez odieux et révoltant…

Ces recherches finissent par amener Langton et Frannie à Londres où il la met au service des Benham sans l'en avoir informée au préalable. Mise au pied du mur, abandonnée du jour au lendemain, Frannie perd tous ses repères. Elle qui aimait manier les mots, la voici désormais les mains dans la soude et le charbon. Ses traits d'esprit attirent néanmoins l'attention de la maîtresse de maison, Marguerite dite Meg la Merveilleuse. Une jeune femme fantasque et inconstante, qui aime se faire remarquer entre deux prises de laudanum pour faire taire ses démons intérieurs. Leur passion commune pour la lecture se développe en quelque chose de plus profond et de plus intime. Envers et contre tout, elles vont s'aimer en cachette. Malgré la complexité de leurs situations, malgré leur statut social aux antipodes, les valeurs de l'époque et les complications liées à leur addiction et leur interdépendance. Leur relation va malheureusement prendre une pente dangereuse où l'on ne sait plus qui profite de l'autre.

Jusqu'au fameux soir où le couple Benham est retrouvé mort, Frannie tranquillement endormie aux côtés de Meg, les mains couvertes de leur sang.

Je n'en dis pas plus sur la trame ; Sara Collins joue habilement entre présent et passé pour distiller les détails de son intrigue et nous tenir en haleine. Jusqu'au bout, on essaie de se figurer les motifs de chacun, de démêler le vrai du faux, de chercher des griefs, des alibis. Ce roman débute sous le soleil de la Jamaïque et ne fera que s'assombrir de page en page jusqu'au final déchirant. Il est glaçant par bien des aspects. L'auteure nous relate tout ceci dans une atmosphère qui se veut à la fois gothique et authentique de par son travail de documentation.

Elle nous saisit aussi par la force des thèmes abordés : l'esclavage, le colonialisme, le racisme, la place de la femme dans la société, l'amour – hétéro ou homosexuel. C'est une oeuvre percutante qui se veut encore tristement d'actualité quand on l'adapte au monde d'aujourd'hui, avec toutes ces discriminations qui ont la peau dure.

Son héroïne est délicieusement ambiguë : Frannie est à la fois forte et vulnérable, innocente et coupable. Malgré les multiples trahisons dont elle a été victime, il y a une soif intarissable en elle : d'apprendre, d'aimer, de trouver sa place, de s'élever. Une soif qu'elle tentera d'étancher en devenant à son tour une mangeuse d'opium et qui la mènera droit vers sa perte.
Lien : https://dragonlyre.wordpress..
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Ce roman fait partie de ces livres qui envoutent, qui ensorcellent le lecteur. Dès le début on est pris par cette histoire racontée par Frannie Langton. Une histoire qui commence par son procès pour les meurtres de son maitre et de sa maitresse. Car nous sommes en 1826 et Frannie est une esclave jamaïcaine qui a été offerte par son ancien maitre a un couple londonien. Dans son récit Frannie nous parle de son passé d'esclave en Jamaïque puis de sa vie à Londres en tant que domestique. La grande force de ce livre c'est qu'il ne se limite pas à être un roman sur l'esclavagisme. C'est un roman d'une grande puissance dont on ressort un peu K.O. Assommé par l'alchimie que l'auteure réussit à créer en mélangeant les genres, que ce soit le récit d'esclave, le roman d'amour et le roman psychologique. En général quand un auteur essaie de mêler ces genres, le résultat final est au mieux un roman sympathique et au pire une infâme bouillabaisse. Mais ici rien de tout cela. Ce livre est un roman gothique flamboyant qui cueille le lecteur dès le départ et ne le lâche jamais pour l'emmener au dénouement de l'histoire de Frannie Langton. Une héroïne forte qui nous marque par son histoire et sa destinée. C'est superbement écrit, l'immersion dans ce Londres du XIX ème siècle complète et l'intrigue est parfaitement menée de bout en bout. Un roman passionnant et passionné.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Belfond pour m'avoir permis de découvrir ce roman et cette auteure.
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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Un coup de coeur ! Il m'a conquise dès la lecture du résumé, je l'attendais beaucoup, et ça y est, j'ai lu ce beau roman, et c'était génial.

On peut commencer par dire que… j'ai lu ce roman de 400 pages en une journée. Et ça fait bien longtemps que ça ne m'était pas arrivée. J'ai commencé naïvement ce livre alors que j'étais encore dans mon lit le matin, tout juste réveillée. Et je me suis faite embarquer dans cette histoire forte. Et je ne l'avais pas vu venir.

J'aime les romans historiques, donc j'ai été directement attirée par ce roman. Mais il ne s'agit pas seulement d'un roman sur l'esclavagisme. C'est à la fois un roman historique, un roman d'apprentissage, un roman « policier » et un roman d'amour aussi. Roman historique par le contexte. Une plantation en Jamaïque où Frannie fait ses premiers pas dans ce roman. Puis le Londres des années 1820. Et puis les conditions de vie de la jeune femme dans ces deux environnements. Roman d'apprentissage avec une Frannie qui va s'émanciper petit à petit d'une certaine façon, qui va devenir femme, qui va découvrir la culture, la littérature. Roman policier, puisque le récit débute à cause d'un meurtre, celui des maîtres de Frannie. Et roman d'amour, avec cette passion qui naît entre une bonne et sa maîtresse.

J'ai vraiment beaucoup aimé suivre la vie de Frannie, et j'ai trouvé que le roman apportait une perspective intéressante sur l'esclavagisme et sur la relation entre maître et esclave. de la même façon, on a un focus qui est fait parfois sur des expériences, comme le mentionne le résumé. Et en fait, il s'agit d'expériences qui vont se focaliser sur l'Homme noir, et sur son « espèce ». Et j'ai trouvé ça super intéressant, même si complètement horrible, de voir comment réfléchissaient certains hommes à cette époque, et sur leurs chemins de réflexion. C'est assez compliqué à expliquer en vrai je vous avoue.

Et puis, on est tenu en haleine jusqu'au bout. Parce qu'il y a évidemment cette histoire de meurtre. Jusqu'au bout, on ne sait pas ce qui s'est passé. Frannie a-t-elle tué ? Car elle revient sur tout son passé avant qu'on puisse enfin accéder à cette vérité tant attendue. Et d'ailleurs, malgré ça, je n'ai trouvé aucune longueur, chaque passage avait sa juste place dans le récit, ça a été un vrai page-turner comme vous pouvez le deviner puisque je l'ai dévoré en un temps record pour moi. Et puis, en plus de ça, le récit de Frannie est entrecoupé de différents supports, on a des interrogatoires, des pages de journal, et du coup ça nous donne aussi la vision d'autres personnages, ça nous ajoute des éléments, puisque finalement on est entre les mains d'une narratrice à qui on ne sait pas si l'on doit faire confiance.

Et puis cette fin.

En résumé, c'était donc un très gros coup de coeur, je le conseillerai à tout le monde car je trouve qu'il rassemble beaucoup d'éléments très différents, ni trop d'Histoire, ni trop d'amour, ni trop d'enquête. Il a réussi à se faire une place parmi mes livres préférés je pense… je le relirai un jour c'est sûr. Et j'ai l'impression que ma chronique ne rend pas assez compte d'à quel point j'ai aimé ce roman, mais je ne peux que vous le conseiller. Voilà.
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