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Critique de Titine75


Francis Softly est la belle canaille du roman de Wilkie Collins. Sa mère est issue d'une noble lignée, tandis que son père est un honorable médecin. Il tente d'ailleurs de faire embrasser cette carrière à son fils qui n'éprouve qu'un profond ennui à cette idée. Pour s'occuper et gagner de l'argent, Francis dessine des caricatures de l'aristocratie rencontrée dans les salons de sa grand-mère. Malheureusement, son père le découvre et le jette à la porte. Notre ami étant plein de ressources, il s'essaie à la carrière de portraitiste qui ne rapporte pas assez. “Cela eût suffi à décourager des personnes mieux intentionnées et pourvues d'un caractère moins bien trempé ; mais votre franche canaille est dotée d'un tempérament élastique, non aisément comprimable sous la pression du désastre quelle qu'elle soit.” Francis se trouve donc une nouvelle activité : la copie d'oeuvres de grands maîtres. Mais les aventures de Francis ne font que commencer…

Ce roman réjouissant de Wilkie Collins fut écrit à Paris en 1856. Il fut ensuite publié en feuilleton dans Household Words, le journal de Charles Dickens. Wilkie Collins rencontra l'auteur d'“Oliver Twist” en 1851 et tous deux devinrent amis et collaborateurs. Dickens emmena son jeune ami en villégiature à travers l'Europe et ils se retrouvèrent à Paris en février 1856. Dickens exigeait beaucoup de travail de Wilkie Collins qui devait écrire en cachette ses oeuvres. L'amitié du grand écrivain était probablement teintée de jalousie et il étouffait quelque peu la créativité de son cadet. Il n'en publia pas moins “A Rogue's life” dans son hebdomadaire mais il essaya de modifier la fin de l'histoire qui manquait singulièrement de morale. Fort heureusement Wilkie ne changea rien à son texte.

Ce qui m'a tant plu chez Francis Softly est justement ce que Dickens lui reprochait : son manque de morale. C'est un personnage frivole, désinvolte et bourré d'humour. le ton du roman est très surprenant lorsque l'on a abordé l'oeuvre de Wilkie Collins par “La dame en blanc” et “Pierre de lune“. L'auteur est connu essentiellement pour ses romans à suspense, ses intrigues mystérieuses. Ici on ne trouve rien de tout cela, il s'agit uniquement du portrait d'une belle canaille qui se joue de tous les obstacles, de toutes les mésaventures avec panache et amusement. Ce Wilkie Collins est extrêmement jouissif, quelle légèreté dans le ton, quel plaisir de lecture ! le rythme du roman est une grande réussite. Les aventures de Francis Softly sont pleines de rebondissements : jeté à la porte par son père, il devient portraitiste, faussaire, secrétaire d'une institution culturelle et faux-monnayeur par amour ! “Existence passablement changeante que la mienne, n'est-il pas? (…) Shakespeare devait penser prophétiquement à moi lorsqu'il évoquait “tel homme jouant maints rôles en son temps”. Quel personnage j'aurais composé pour lui, si seulement il avait encore été de ce monde !” le récit de la vie de Francis Softly est entraînant et se lit d'une traite. le roman est court, contrairement aux oeuvres victoriennes qui étaient en général conséquentes (c'est d'ailleurs la raison pour laquelle “Une belle canaille” n'a été publiée en volume qu'en 1879). Les aventures se succèdent de manière enlevée, dynamique et on ne s'ennuie à aucun moment.

Le personnage de Francis Softly est terriblement plaisant, sa drôlerie et son irrévérence m'ont conquises. Wilkie Collins semble s'être follement amusé à nous raconter cette histoire et c'est contagieux. Je dois cette lecture à Cryssilda, fan numéro 1 de Wilkie, car malheureusement “Une belle canaille” n'est plus rééditée. C'est fort dommage car cette oeuvre mérite d'être largement diffusée.
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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