Alors elle désigne l'école et dit simplement: Va.
Lalita ne sait pas que sa tresse va faire un long voyage.
Des torrents de pèlerins descendent sur le quai, chargés de couvertures, de bagages, de timbales en métal, de provisions de fleurs, d'offrandes, des enfants dans les bras, des vieillards sur le dos. La gare ressemble à une fourmilière où s'agitent des milliers d'insectes.
Dans la classe, Lalita est intimidée. Le Brahmane lui demande d'approcher, et lui tend un balai : elle est une Intouchable, elle doit nettoyer la salle devant les autres enfants. La petite fille est terrifiée.
Les hommes portent des dhotis, les femmes des saris mauves, rouges, verts, jaunes, bleus, dorés. Lalita est surprise par ce tourbillon de couleurs qui lui donne le tournis.
« Lorsqu’elle rentre le soir, Smita trouve sa fille recroquevillée dans la cahute. Son sari est déchiré (…) « Le maître voulait que je balaye devant les autres. J’ai dit non. Alors il m’a frappée avec sa baguette en jonc ». Smita a le souffle coupé. Elle prend Lalita dans ses bras, et la serre aussi fort qu’elle peut.
Il faut partir, confie Smita à son mari. Elle refuse que sa fille soit à nouveau battue. On dit qu’au bord de la mer, à l’autre bout du pays, une école pour les enfants intouchables a été créée. Là-bas, Lalita serait bien traitée, elle apprendrait à lire et à compter. »
Dans peu de temps, elle pourra à nouveau les tresser.