55 poèmes à recevoir 5 sur 5...

PRÉFACE de Sylvie TOUAM

55 poèmes à recevoir 5 sur 5 ? Le titre n’est pas banal…
« A recevoir » : La faveur est déjà du côté du lecteur, parce que Didier COLPIN aime avant tout donner, gratuitement, sans passage en force. « Votre interprétation sera la bonne » nous dit-il en déposant ici ses poèmes.
Pour autant une parfaite transmission existerait-elle, j’espère ne pas le trahir en prétendant que non… mais les clés peuvent peut-être nous y aider.
« 5 sur 5 » … En décoration intérieure on dit que le nombre impair procure un sentiment de plénitude : 5 cadres, 5 coussins, 5 tabourets… Cette même géométrie s’appliquerait-elle à l’homme que le chiffre 5 représenterait aussi ses 5 sens. Les nombres ont cette aptitude à modéliser, à figurer, à amorcer l’image. Même si leur présence est parfois contestée, elle est bien souvent recherchée dans les sciences, les échelles, les arts. Alors quand la Muse de Didier COLPIN lui murmure un vers en 5 pieds c’est aussitôt une complicité qui s’installe. Il va adopter ce rythme, s’y complaire même, pour entrer avec elle en poésie et écrire… de 5 en 5.
Comme on le voit dans ce recueil, il aime aussi complexifier la tâche et installer une césure à 5 pieds pour créer alors des décasyllabes, et plus encore mêler dans le même poème ces deux constructions Cette notion de symétrie-miroir et de complémentarité est tout aussi présente dans le monde du vivant : elle est celle qui garantit l’équilibre.
Il arrive même que Didier COLPIN pousse la plume encore plus loin. Il le dit lui-même : l’un des 55 poèmes de ce recueil -intitulé « Radotage » qui fut d’ailleurs son 3 000ème en écriture- est composé de 5 strophes, chaque strophe ayant 5 vers, chaque vers ayant 15 pieds avec césures à 5/5/5.
Un véritable nombre d’or, mais il n’est de la part de l’auteur en rien d’ordre mystique. C’est un challenge, parmi ceux qu’il aime se fixer (il suffit de se plonger dans ses autres recueils pour s’en rendre compte) Savoir l’identifier ici permet de mieux accéder à cette poésie-là, comme un indice de pureté, mais un indice seulement. Car bien évidemment ces proportions esthétiques exemplaires sont étroitement liées à la quête de sens que ces poèmes magnifient.
« J’aime la règle qui corrige l’émotion. J’aime l’émotion qui corrige la règle. » écrivait Georges Braque au sujet de son art. Nul doute qu’il n’aurait pas renié la poésie de Didier COLPIN.
L’émotion… Intarissable et féconde elle a donné naissance à ces poèmes. L’auteur a trouvé en elle l’essence de son écriture. Emotion elle-même née d’un état d’âme, plus ou moins émerveillé, plus ou moins mélancolique, née d’une rencontre, d’une musique, d’une émission-radio, d’une actualité… les prétextes sont divers. Des prétextes comme autant d’alibis pour ne pas se perdre en faux-semblant.
Car avec humilité, lucidité et vérité, ce sont tour à tour le tourment, l’état de nature, la barbarie, tout en le désemparant, qu’il va sublimer vers des instants de grâce : une onde d’Absolu qu’il fait naitre en filigrane et nous donne à saisir. L’œuvre de l’artiste est ici.
Parce qu’il n’a pas peur de la complexité et des paradoxes, ni dans le fond, ni dans la forme, le noir comme le blanc, le 5 comme le 10, voire le 15, l’invitation majeure demeure pour nous lecteurs celle d’oser en pénétrer toute la subtilité, la beauté et l’harmonie,
En recevant ses poèmes… 5 sur 5.

Sylvie TOUAM. Août 2019

Sylvie Touam ‘nantaise’ d’adoption est vendéenne de cœur. Elle partage sa vie entre sa famille, son métier d’enseignante et l’écriture. Elle a ainsi publié à ce jour 14 recueils de poésie.
Tous constitués d’une centaine de poèmes faisant plus qu’une bonne part aux alexandrins… La Rolls des vers…

Elle est titulaire d’une licence de philosophie délivrée par la faculté de Nantes et comment ne pas souligner le rapport philosophie/ poésie qui ne cesse d’interpeller ?
« Si nombre d’ouvrages de philosophie distillent l’ennui, c’est que la vie en est absente... Le simple jeu des concepts n’apporte pas la vie... Il y a différentes façons de faire vivre un ouvrage. La poésie en est une » écrivait Marcel Conche.

La vie…
N’est-elle pas vibrante et émouvante chez les enfants ? Chez ces demain en devenir ?
Dans le cadre de son activité professionnelle, à deux reprises Sylvie Touam a conçu -et mené à terme dans le cadre d’une édition- ce noble projet qui consiste à faire écrire par ses élèves un recueil collectif de poésie…
Que deviendront-ils ces bambins ? Certains seront-ils philosophes ? Poètes ? Qu’importe… Car il est facile d’imaginer que tous devenus adultes se souviendront avoir écrit un jour un livre poétique…
Ils se souviendront par là même de leur Sylvie…

Dans leur cœur la poésie sera vivante…
Quelle belle réussite !

Dos de couverture :
"Régulièrement Didier COLPIN puise dans le flot linéaire de ses poèmes écrits jour après jour un certain nombre de textes pour constituer des recueils ayant un thème conducteur (comme la mort, la Femme mais aussi le rock, la guerre, la Bible, la religion, l’Art).
Il a opéré ici de la même manière, mais plutôt qu’un fond commun c’est une forme particulière qui les unit :
: ils sont tous sur une base de cinq pieds :
- En 5
- En 10 (et un en 15) avec césures à 5.
Pourquoi 55 textes pourquoi ce titre ?
Juste un écho musical à leur construction, en espérant que vous les recevrez effectivement 5 sur 5…
Et comme le sens appartient au lecteur, votre interprétation sera obligatoirement la bonne…"