D'ailleurs et d'autres... Concerto pour deux plumes

"Préface Bruno MERCIER

Lorsque deux poètes, l’un que j’apprécie de longue date, Francis George, l’autre que je découvre avec empathie, Didier Colpin, me demandent d’écrire quelques lignes, dans un partage d’amitié avant tout, d’emblée la barre est fixée haute. Ecrire une préface pour un recueil écrit à quatre mains représente un défi pour moi. Dans leurs inspirations croisées, chacun reprend le premier vers du poème de l’autre pour donner naissance à un nouveau texte poétique.

A tour de rôle, chacun des deux poètes s’élance sur une scène de papier vierge, reprend le premier pas de danse du partenaire, improvise des figures, des arabesques qui donnent corps à ce magnifique recueil. L’improvisation entraîne parfois des rencontres face à face inattendues, véritables odes à la fraternité. Des vagues de vers au rythme scandé s’émoussent sur la crête d’alexandrins émotifs.

Les poètes danseurs miment, sculptent l’Humaine condition… dans l’écho d’une onde.
Parfois, les quatre mains s’emmêlent, se frôlent, se touchent, sans forcément chercher le même horizon, la même vision.
L’origine des mots de Francis et Didier ne vient-elle pas de lointaines terres d’Afrique ?
La danse des revenants pourchassant les lecteurs dans les affres de la vieillesse, de la mort, de la femme, de l’amour, thèmes de prédilection.

Dans son recueil « Afritudes », Francis George écrit : chemins
Il y a des ombres bizarres,
Qui font croire à de l’eau
Mais qui ne sont que des trappes à soleil
Construites par le vent des dunes
Des chemins sans début ni fin
Africains

Didier Colpin, féru de poésie africaine, explique :
Parce que le français est la langue dans laquelle je rêve, je pense, je parle et j’écris, je me sens naturellement proche des autres poètes utilisant cette langue commune, comme c’est le cas en Afrique francophone.

Chère lectrice, cher lecteur, laissez-vous surprendre par la verve poétique de nos deux griots* dont je vous livre quelques bijoux :

Les êtres que l’on bâillonne
Par un espoir qui chantonne
Constatent que leurs censeurs
Se transforment en loosers…

Ceux auxquels on a crevé les yeux
Ont le regard perçant
Qui questionne et s’obstine à fixer
Les mains du bourreau

* poète musicien ambulant en Afrique noire

BM, Lausanne, octobre 2020


Bruno MERCIER, délégué au Comité des Ecrivains pour la Paix est un poète franco-suisse humaniste, engagé pour la paix, né à Orléans (France) en 1957.

Il a publié en Suisse et au Maroc une vingtaine de livres de poésie, a traduit de l'allemand des écrits du peintre Hans-Werner Geerdts et collabore à de nombreuses anthologies et revues poétiques en Allemagne, en France et en Suisse.
Poète de l'évènementiel, Bruno Mercier, qui s'inspire de ses nombreux voyages pour nous livrer ses émotions fortes -témoignage de notre temps- s'exprime sur scène (Lausanne, Genève, Soleure, Berne) accompagné de musiciens.
• En 2001, paraît son premier volume d'une série mettant en scène les quatre éléments associés à la lumière. Il crée aussi, un style de poésie en trois dimensions, associant ces textes poétiques aux œuvres de peintres et de musiciens.
• En 2003 sort un disque, ‘Impressions d'ailleurs’, mariant sa poésie à la musique du compositeur saxophoniste Pierre Diaz. Deux autres CD sont sortis depuis.
• Depuis 2006, avec ses recueils de poésie traduits en langue arabe, l'auteur s'engage pour la paix. Quatorze voyages au Maroc et une vingtaine de lectures publiques dans des écoles et des instituts lui ont permis de partager son idéal.
• En 2012, paraît d'un recueil intitulé "A Ciel ouvert", chantant l'environnement et le chemin de Compostelle.
Bruno Mercier, membre de l'Association vaudoise des écrivains a remporté la médaille d'argent de l'Académie européenne des arts à Madrid et le premier Prix de poésie du CEPAL, Centre européen de promotion des arts et des lettres."