Les semaines passaient et mon petit poisson s'agitait de plus en plus souvent. C'est sa façon de dire "bonjour maman !" disait mon médecin.
Monter sur scène compensait tout : l'épuisement, la nourriture grasse, l'ennui. C'était une drogue. J'adorais cela. J'adorais nos costumes de scène et nos chaussures luminescentes. J'adorais me déhancher et suer devant ces enceintes géantes. ...
"Pendant ma carrière de choriste avec Vernon et Ruby Tremblay & les Tremblettes, il m'est souvent venu à l'esprit que je ne ferrais pas cela toute ma vie et qu'un jour il me faudrait trouver ma véritable place dans la société."
J'ai fermé la porte. Je n'ai pas pu me forcer à lui dire au revoir, mais en partant j'ai vraiment ressenti ce que disait l'une des chansons de Ruby: j'avais coupé mon cœur en deux et j'en avais laissé une partie derrière moi.
Que la vie est douce et simple pour ceux qui ont une identité, me disais-je.
-Tu sais, j'aime penser que nous nous connaîtrons probablement toujours.
-Pourquoi ? ai-je demandé d'un ton implorant.
-Eh bien, nous aimions tous les deux Ludwig. Et puis, tu es mon Amérique. Je suis ton Europe
je veux dire quelque chose, mais je ne suis pas sûr de savoir quoi. Ca m'a rendu heureux d'être avec toi.
-C'est vrai ?
-Oh oui. peut-être que nous étions un peu amoureux l'un de l'autre, et peut-être que nous avions juste besoin de nous connaître
-Pas besoin. Je veux dire, il s'agit de la même personne, non ? Et puis, ce n'est pas parce que tu es la mère de Franklin que ça doit t'empêcher de faire ce que tu veux, non ?
-J'ai l'impression que mon âme l'appelle, si tu vois ce que je veux dire. Je ne veux pas m'enfuir avec lui. Je me sens juste destinée à le connaître
-Tu es en pèlerinage (Marie)
-Tu dis toujours ça
-Je veux être comme ces gens qui connaissent par coeur ce genre de choses