Pourquoi faut-il se souvenir de Sarah ?
Dans ce roman écrit de quatre mains sous le pseudonyme de « PAGE COMAN » les narrateurs nous emmènent entre l'Écosse et l'Irlande, à la découverte de ces deux pays. Ils nous permettent de souffler à travers ces paysages grandioses, le bon whisky et la gastronomie.
Il nous faut cette bouffée d'oxygène pour que nos pas cheminent dans ceux de Sarah, car l'atmosphère y est souvent irrespirable.
Dans les années 60, Sarah, juste sortie de l'enfance, commence à rédiger un journal intime, pas un roman.
Née en Irlande, le jour de la
Saint Patrick, elle se retrouve orpheline très jeune. Enceinte à quinze ans de Richie, son petit ami qui se retrouve en prison pour de petits délits, elle est recueillie par Père Patrick. On ne peut pas dire que ce soit la Providence qui lui ai mis Père Patrick sur son chemin…Il aura une emprise malsaine sur Sarah, elle deviendra sa chose.
2012, bien des années plus tard un manuscrit est déposée chez une éditrice « Diane ».
Devant cette révélation elle se met en quête de retrouver son auteure.
Mensonge ou réalité ?
Le lecteur est embarqué dans cette aventure, à l'affut du moindre indice.
Il est plongé dans cette Angleterre puritaine des années 60. le contraste est saisissant entre les chansons des Beattles et l'histoire du couvent de TUAM, nous naviguons d'une époque à l'autre, nous plongeons dans cette temporalité.
Comment peut-on encore croire en l'église, entre des religieuses sadiques et des prêtres pédophiles et violeurs.
Péchés, luxure dépravation……
L'implication de personnages de la haute société, au-dessus des lois, dans cet univers secret des turpitudes, des bassesses, des abjections et des ignominies. Un luxe décadent.
La jouissance de ces hommes de pouvoir, de commettre l'abominable en toute conscience et de se savoir à l'abri de tout jugement.
Encore et toujours la violence ultime contre les femmes. Contre une gamine cette fois.
Alors Sarah tu as tué pour survivre.
Oui Sarah ta vie a été très dure, comme malheureusement bien d'autres jeunes filles.
Mais tu as avec toi « MUMIAH », ta confidente, ta conscience qui t'aide et qui te rassure.
Certaines scènes sont à la limite du soutenable, j'avais la gorge serrée devant tant de cruauté. Comment ne pas faire le parallèle avec le magnifique roman de
Franck BOUYSSE « né d'aucune femme », même si l'époque est différente. Mais la perversité et le sadisme naviguent à travers les âges et l'espace-temps.
Ce roman est original, puisque c'est un mélange de confession et d'enquête policière.
Les chapitres alternent entre les extraits du journal de Sarah, rédigés à la première personne du singulier, beaucoup plus intimistes, et les investigations de Diane, où la narration passe à la troisième personne du singulier.
Mais Diane a une longueur d'avance, puisqu'elle a terminé la lecture du journal de Sarah avant nous ! Elle nous distille donc des informations, mais, faisant fi de notre progression, ne nous dit pas tout ! le lecteur est frustré.
Une différence de style des auteurs est palpable, même si un effort d'harmonisation a été effectué.
Leur plume est tranchante, ciselée, fluide, visuelle et poétique avec un rythme soutenu, et une lecture addictive.
Le scénario est recherché, travaillé. Les personnages offrent au lecteur des émotions totalement contradictoires en fonction des situations.
Empathie pour Sarah, haine pour Patrick.
Les personnages qualifiés de secondaires, mais tout aussi importants, sont riches, détaillés et intéressants.
La fin se devine, certains indices ne peuvent échapper au lecteur. On n'est pas retourné.
Ce dénouement prévisible est pour moi un petit bémol de ce livre qui restera gravé dans ma mémoire.
Un roman vraiment noir, mais pourtant il s'en dégage un bel espoir.
Un roman original, humaniste, historique, géographique.
Je recommande.
Pour les âmes sensibles abstenez-vous !