L'imposteur est le prolongement direct de la parole perdue, une suite qui s'articule aussi parfaitement qu'elle laisse à penser que ces deux albums sont en fait un diptyque. Ce septième album est le dénouement tant attendu du Triangle secret, du moins de la série originale qui s'est depuis décomposée en séries ou saisons annexes.
Didier et Josiane, ont été recueillis par les frères de la Loge première et demeurent suivis de près par le mystérieux messager, bien décidé à leur délivré la dernière lettre posthume de Francis. Se croyant pour un temps à l'abri, voilà que leurs espérances vont être rapidement mises à mal. Ils vont devoir affronter une nouvelle escouade des Gardiens du sang, alors que le mystérieux commanditaire abat ses cartes pour rafler une mise tant attendue.
Le dénouement est en lui-même imprévu. Moins il reste de pages avant la fin et plus le lecteur s'interroge : où veut en venir
Didier Convard ? La réponse est surprenante et imprévisible, pourtant elle permet d'ancrer la série dans une forme de réalité. Quel coup de théâtre ! Même si l'on ne peut que regretter que ce choix a été fait, il faut reconnaître qu'il y a ici un coup de main de maître.
Les différentes péripéties qui nous sont offertes ne se hissent toutefois pas à ce niveau. Comme précédemment, les personnages ne s'étonnent guère et ne s'interrogent pas quand à la possibilité d'être espionnés. L'identité du correspondant secret de Martin
Hertz et celle du mystérieux personnage tirant les ficelles au nom du cardinal Montespa n'étonneront guère. Celle du mystérieux messager non plus. Tout cela est franchement décevant et prévisible. D'ailleurs, Didier lui aussi semble suive une trajectoire cousue de fil blanc jusqu'à parvenir à une destination qui l'est moins. Pendant ce temps, plusieurs personnages sont laissés en plan, ne servant plus directement l'intrigue.
Les dessins, comme pour La parole perdue, connaissant une évolution fulgurante qui se sera longuement fait attendre. La majeure partie de l'intrigue se déroulant de nuit ou sous l'eau, permet l'utilisation de zones d'ombres. Les traits des personnages sont particulièrement soignés et confèrent à cet album un regain de solennité. En revanche, la partie se déroulant à l'époque romaine demeure peu précise et floue. Une nouvelle révélation sera faite ici, sera-t-elle exploitée par la suite ? Peut-être…
L'imposteur achève donc avec panache le triangle secret et annonce déjà une continuation plus qu'une suite avec La suaire, premier album d'une série consacrée à INRI. L'histoire débutée avec Didier Mosèle s'achève pourtant ici… laissant la possibilité de s'arrêter ici et pour les plus curieux de continuer leur chemin.