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Citations sur Le procès du cochon (54)

La mère a mis son plus beau voile et ses plus belles larmes.
On appelle ça le gratin - tous ceux qui seront là en plus de la foule. On les reconnaît d'abord au port de tête, à la tournure. Ils ne se tiennent pas comme les autres ; ils sont plus rigides, leurs regards les élèvent. Les puissants glissent -ils ne foulent pas la terre.
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Il [un curé] leur parle ensuite. Des mots de tendresse et de pardon qu'il répète et qu'il use. Y croit-il encore ? Il ne se pose pas la question. Les hommes qui se jettent dans une mission infinie répètent souvent leurs gestes sans y penser.
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On avait beau le menacer ou lui expliquer quand on était patient, on avait beau le punir et le battre, le croqueur [le cochon] ne respectait aucune règle d'hygiène. Jamais il ne chiait dans son seau.
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On les plaça tous les deux [l'avocat du cochon et ce dernier] dans une petite pièce à part. Le gardien attendait derrière la porte -question de discrétion. On pouvait ici parler librement et envisager une stratégie.
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Regardez-le. Imaginez sa vie. Il erre nu sur les routes. On l’a frappé, on l’a chassé. Toute sa vie, on l’a méprisé. On ne l’a jamais rendu digne – et maintenant, on l’estime digne d’être jugé ! Non, ça ne va pas. On ne l’a jamais considéré. Il a tenté tant bien que mal de survivre avec sa bêtise, avec tous les coups que les hommes lui ont portés. Alors s’il n’était pas digne de vivre une vie paisible, il n’est pas digne non plus de vivre une vie de criminel.
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Il arriva devant une petite maison blanche. Dans le jardin, l’herbe était longue et souple. Il s’allongea lentement. Il resta ainsi un bon moment, faisant briller ses paupières, le cuir de son ventre, aux rayons forts du soleil. Personne ne le chassa.
Il se calma peu à peu. Ses veines, alors si saillantes, vinrent s’enfouir sous la peau détendue. Il s’endormit un instant. Puis, entièrement délassé, il entreprit de faire le tour de la propriété. Une femme chantait à l’intérieur. Un air paisible, de ceux qu’on siffle en travaillant. Aucune silhouette en vue. Il poursuivit sa ronde.
Là-bas, devant la porte, dans un couffin en osier, un bébé gazouillait à l’ombre. Il s’approcha. Il n’avait jamais vu d’aussi près un si jeune enfant. Il aperçut les joues roses, les bras nus et replets. Leurs regards se croisèrent. Au loin, on entendait quelques oiseaux piauler. Le temps semblait se suspendre.
Il se pencha sur le couffin, sentit la peau d’abord, le savon et les huiles, puis il mordit avec force, la joue, l’épaule. 
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INCIPIT
Il marche toujours seul et sans y réfléchir. Il s’arrête parfois, pour grignoter une racine ou la chair d’un animal crevé là. Ses pieds connaissent bien les chemins de traverse, ces pistes rocailleuses où la poussière recouvre les herbes. On l’a battu, parfois ; on ne l’a jamais aimé. Il n’est pas vieux. Sa peau pourtant s’est durcie, une coque rose que la pluie lave quand il ne peut trouver d’abris. La chance et un instinct obstiné l’ont poussé à ne pas se laisser mourir dans les solitudes de l’hiver, dans le froid des forêts.
Il a de grandes dents sales et le regard clair. La tête s’allonge, les oreilles se dressent. Depuis combien de temps n’a-t-il pas croisé un homme? Aucune idée. Il ne compte pas les jours. Lorsqu’on rôde ainsi, sans foi et sans but, qu’on s’endort quand l’épuisement nous coupe les pattes, on ne se soucie ni de la compagnie ni des calendriers.
Personne ne le cherche. Il n’est pas en fuite. Les enfants, quand ils le croisent, lui lancent des cailloux. Il presse le pas et s’en va front baissé. Il s’est habitué aux petites cruautés. Son corps s’est fermé aux blessures. Qu’est-ce qu’une cicatrice supplémentaire si personne ne la regarde?
Son souffle pue la terre mouillée. Ses respirations sont courtes et saccadées. Il halète. C’est un contraste étrange : l’allure lente et tout cet air qui pantelle dans les bronches. Les rues des villes, s’il y traînait, n’auraient pas tardé à le couvrir de gris. La campagne l’habille de brun ou de vert, de ces couleurs pures quand elles ornent les arbres, les jardins ou les bois mais sordides et grasses lorsqu’elles abîment les corps. En ce sens, oui, il est sale – il sent, il tache.
Son esprit est absorbé par la marche. Il doit avancer – une force étrange l’y pousse. Les forêts se valent et les herbes se mélangent. Le vent, la pluie, partout, se ressemblent. Pourquoi ne pas trouver un coin paisible pour y rester un moment? Cela éviterait les impasses et les surprises. Oui, pourquoi ne pas se calmer ici, laisser les jambes se taire et le cœur reprendre? À chaque éveil, il part ailleurs, délaissant sa couche. Il pourrait s’organiser, déposer çà et là un peu de confort, mais il préfère reprendre la route. Il doit aimer cette violence faite à son existence, un éternel recommencement. On ne lui a jamais offert de fauteuil; il n’en a jamais cherché non plus. Est-ce une idée, s’asseoir? 
Le soleil narguait l’orage de la nuit passée. Il montait de la terre des effluves agréables. Les couleurs semblaient plus fortes qu’à l’ordinaire. Les pierres et le ciel s’étiraient en douceur.
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Elle pensait que la mort n’arrivait que dans les coins sombres.
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Avant d’être un homme, Jean est un bourreau. Il n’est pas question, alors, de passer sans trace. Des fonctions comme celle-là laissent des empreintes. On est souillé. On promène avec soi les perles de la mort.
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L’excitation des premières heures fait place à digestion longue. On se sent lourd. Les deux verres de vin nous encerclent le crâne comme un chapeau dont on ne pourrait se découvrir.
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