Les aventures de Sharpe, tome 5 : L'ennemi de Sharpe

On ne peut rien contre ses maudits parents, ce qui est la raison pour laquelle nous devons rosser nos maudits enfants.

J’imagine que je suis sacrifiable ?
Vous êtes un soldat, pas vrai ? Bien sûr que vous êtes sacrifiable.
Sharpe souriait toujours. Il était soldat, et une dame avait besoin d’aide, et n’était-ce pas là la raison d’être des soldats depuis l’origine des temps ? Son sourire s’élargit encore.

Les femmes entraient agenouillées dans la chapelle. Elles se traînaient maladroitement sur les pierres, leurs mains occupées par leurs rosaires, leurs voix murmurant des prières impérieuses, et leurs genoux les conduisaient jusqu’en haut des marches. Le prêtre psalmodiait en latin. Les femmes se courbaient et embrassaient le granit sombre et poli. La pierre était percée d’un trou et la légende prétendait que si vous embrassiez cet endroit et que votre langue pouvait toucher le fond de l’orifice, vous auriez un garçon.

Tout le monde déteste l’armée jusqu’au moment où son aide est nécessaire, et alors, tout à coup, nous devenons tous des héros, des chevaliers blancs.

Les baïonnettes étaient rarement engagées sur un champ de bataille, en tout cas avec l'intention de tuer. La force de cette arme résidait plutôt dans la peur qu'elle inspirait chez l'adversaire, et Sharpe avait ainsi assisté à des dizaines de charge à la baïonnette au cours desquelles aucune lame n'avait jamais touché l'ennemi. Les hommes préféraient faire demi-tour et s'enfuir en courant plutôt qu'affronter l'acier tranchant.

Sachez reconnaître le mérite des autres, quand bien même il serait tentant de vous l'approprier, car plus un homme s'élève dans la hiérarchie de l'armée, plus il a besoin de la loyauté et du soutien de ses subordonnés.

- Tout le monde déteste l'armée jusqu'au moment ou son aide est nécessaire, et alors, tout à coup, nous devons tous des héros des chevaliers blancs.

- Vous serez volontaire, Sharpe. C'est un ordre.

Un homme devenait meilleur lorsqu'il était confronté à de hautes exigences, et quand une telle rigueur conduisait à la victoire et à la reconnaissance, les hommes se battaient jusqu'au bout.

Dans la guerre, comme en amour, les choses se déroulent rarement comme prévu [...].