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Critique de Cancie


Troisième roman de Gérard de Cortanze que je lis. Après Laisse tomber les filles roman assez léger, j'ai eu le très grand plaisir de découvrir Femme qui court (Prix Historia 2019) qui retrace l'épopée de Violette Morris. Et voilà que je découvre à ma médiathèque favorite son dernier roman Moi, Tina Modotti, heureuse parce que libre, qui comme le titre l'indique, va suivre, cette fois la vie de Tina Modotti, que, grande lacune de ma part, j'avoue ne pas connaître.
Le livre débute en 1896 par un mini résumé de la situation un peu partout dans le monde, pour arriver en Italie, à Rome, au Frioul, faire escale à Udine, ville située au coeur de cette région et s'arrêter enfin au numéro 113 de la via Pracchiuso, où le 17 août 1896, une femme accouche. le bébé est le troisième enfant de Assunta et Giuseppe Modotti. Il s'agit d'une fille prénommée Assunta Adelaïde Luigia, vite surnommée Tina. La mère est couturière et le père, mécanicien, fait partie des 10 à 15 000 activistes qui répandent la théorie marxiste.
Des raisons économiques et politiques poussent la famille à partir et à s'installer à Klagenfurt, Tina est à peine âgée de deux ans. Ils y resteront jusqu'en 1905 puis la vie en Carinthie devenant de plus en plus difficile, plutôt que de souffrir loin de leur patrie, ils rentreront à Udine. Mais Giuseppe pense comme beaucoup d'autres que la solution ultime pour échapper à la misère est le départ aux Amériques, d'autant qu'il est surveillé de près par la police, eu égard à ses activités politiques.
Il décide donc de partir rejoindre son frère Francesco aux Stati Uniti, le 19 juin 1905. Ce n'est pas une fuite mais un projet. Il partira et fera venir le reste de sa famille dès qu'il aura pu réunir la somme nécessaire au voyage. En 1911, Mercedes, l'aînée sera la première à le rejoindre. Tina se retrouvera en quelque sorte soutien de famille. Elle doit quitter l'école et s'engager dans des ateliers de filatures et travailler douze heures par jour. "Cette lutte incessante contre la pauvreté va la marquer à jamais." Petite lueur d'espoir avec l'oncle Pietro, photographe réputé, qui lui apprend les rudiments du métier. C'est avec lui "qu'elle vit ses premiers contacts avec cet art si particulier." mais cela ne suffit pas au bonheur et à l'équilibre de Tina, épuisée par le travail. Elle décide, un matin de 1913, d'embarquer pour Gènes avec pour destination finale : l'Amérique.
Après une traversée infernale de deux semaines, jusqu'à New York, un voyage de huit jours en train la conduira à San Francisco où l'attendent son père et sa soeur Mercedes. Elle trouve rapidement un emploi de couturière puis de mannequin. D'une beauté légendaire, elle devient une vedette du cinéma muet puis photographe. "Tina vécut pleinement ses turbulentes années de jeunesse avec fougue et liberté." Elle devient amante du photographe Edward Weston qui la fera poser pour lui (À noter le détail d'une de ces photos, magnifique, imprimé sur le bandeau du livre : l'iris blanc).
Elle voyage, se rend au Mexique, côtoie de nombreux intellectuels et artistes dont Diego Riviera, Frida Kahlo et tombe amoureuse de Julio Antonio Mella, révolutionnaire cubain en exil, avec qui elle vivra quelques mois intenses et dont l'assassinat bouleversera sa vie. Elle deviendra alors une militante révolutionnaire à part entière. Expulsée du Mexique, elle se rendra à Berlin, Moscou, Paris, en Espagne...
J'ai été complètement époustouflée par la vie intense de cette femme inclassable, tellement forte et talentueuse, qui s'est cherchée sa vie durant et qui a connu à la fois les montées en puissance du communisme et du fascisme, fascisme qu'elle a combattu toute sa vie. Elle a par ailleurs, toujours défendu sa propre liberté et celle d'exercer son art. J'ai vraiment été fascinée par cette forte personnalité, toujours en recherche d'esthétisme et qui n'a jamais dissocié la politique de la photographie.
Gérard de Cortanze, dans ce livre formidablement documenté où les éléments de la vie de Tina font très souvent référence à des lettres ou à des citations de ses contemporains met en lumière, une fois encore une femme d'exception !
Tous les titres de chapitre sont extraits de lettres écrites ou de propos tenus par Tina Modotti, pour exemple, les deux premiers :
1 - J'aime me balancer du haut du ciel.
2 - Je sens qu'il doit exister quelque chose pour moi, mais je ne l'ai pas encore trouvé.
J'ai lu ce roman avec une grande curiosité, tant il retrace une vie trépidante, hors du commun et menée à une allure plus que soutenue.

À noter qu'une minisérie télévisée de six épisodes sur la vie de Tina Modotti est en développement, avec Monica Bellucci dans le rôle principal et que quatre pièces de théâtre sont également en préparation.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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