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Critique de cathcor


Bravo à Bernadette Costa-Prades d'avoir pratiquement sorti de l'oubli, où il était maintenu depuis tant d'année en France, cet homme hors du commun, Varian Fry, brillant journaliste américain, qui, de Marseille, où il était parti pour 3 semaines et où il restera d'août 1940 à septembre 1941, aidera plus de 2000 juifs, intellectuels, artistes anti-nazis ou considérés comme "dégénérés", à fuir l'Europe et le régime de Vichy. Parmi eux citons André Breton, Chagall et son épouse, André Masson, Alma Mahler et Franz Werfel, Jean Malaquais,..
En 1996 seulement, un an après Oskar Schindler, Varian Fry a été déclaré Juste parmi les nations par Israël. Il a été le premier américain à recevoir cette distinction.
Un livre qui se lit comme un roman. Certes l'époque est horrible et on a souvent le coeur étreint d'angoisse, comme lorsque Walter Benjamin, serrant contre son coeur, durant la dure marche vers l'Espagne par le chemin rocailleux des contrebandiers, le cartable qui contient son dernier manuscrit, déclare forfait et préfère passer la nuit seul, à attendre le prochain groupe. Il sera finalement refoulé à la frontière , et, n'ayant plus le courage de s'enfuir, se suicidera dans une chambre d'hôtel. Un jour plus tôt il serait passé sans difficulté.
Mais, paradoxalement, tous ces êtres en sursis vivent aussi des moments lumineux. Il y a le ciel bleu de Marseille, les cafés, les jeux surréalistes, la jeunesse, l'amitié, l'amour parfois.
Et Bernadette Costa-Prades a su intégrer à son récits des épisodes drôles et savoureux: le poisson rouge du bassin de la villa Air-Bel ( qui accueille un temps ce phalanstère d'artistes) dévoré faute de nourriture plus substantielle, ou Alma Mahler, qui, bien que la consigne lorsque Fry organise son évasion, soit de voyager léger, apparaît sur le quai de la gare saint Charles, suivie d'un porteur et de douze valises, sans parler de la sacoche qu'elle serre sur son coeur "comme un bichon maltais" .
Un grand moment de lecture. de magnifiques pages d'Histoire. La mémoire d'un homme qui, en 1935 déjà, revenant d'Allemagne, avait, sans succès, tenté d'alerter l'opinion sur l'horreur qui s'annonçait...


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