À la dérive

Paris sous l'eau. Un braquage qui tourne mal parce que les bandits ne savent pas se tenir tranquilles. Un exil au bagne. Une évasion.

La dérive sous toutes ses formes, au propre comme au figuré. Au fil de la Seine en crue. Au fil de l'océan ou des lagunes. Au fil de la vie, quand "madame" choisit de disparaître de la circulation avec le magot, pendant que son mari (qui ne l'a pas vendue à la police) purge sa peine de travaux forcés.

Il m'a été impossible d'éprouver la moindre sympathie pour ces malfrats. Je ne pense pas que c'était le but de Xavier Coste, cela dit. Il était trop occupé à concocter un album graphiquement impeccable... mais au détriment du récit et des émotions (sauf visuelles). Car pour le regard, cet album est un régal. Aquarelle, je suppose, aux couleurs brillamment étudiées. Avec un découpage qui évoque largement l'Art Nouveau. Avec moult encarts, moult arabesques. C'est beau. Il n'y a pas grand chose à redire.

Le récit est (malheureusement) banal et linéaire. Ce qui est bien dommage. Il se clôture, de plus, sur une fin un peu ambiguë. Et la crue de la Seine apparaît alors comme un (faible) prétexte... car elle joue un rôle ténu et tout à fait dispensable. Que de regrets...

Xavier Coste est un jeune auteur de 25 ans que je suis depuis son fameux Egon Schiele et surtout son Rimbaud l'indésirable. Il réalise une bd un peu différente du portrait d'artiste célèbre en s'inspirant de faits réels mais romancés. Bien que cela ne soit pas numéroté, on peut supposer qu'il s'agit d'une série ou d'un diptyque. En tout les cas, cela appelle une suite.

Cela commence par les inondations parisiennes de 1910 qui donnent lieu à un braquage qui tourne mal. le début est plutôt lourd avec une narration assez pesante puis petit à petit, on se laisse guider par cette histoire d'amour. Oui, au-delà du cambriolage de cette banque américaine, il y a le récit d'Agatha et d'Eddie. Ce dernier va d'ailleurs se sacrifier pour la belle qui ne sera pas très reconnaissante une fois l'argent en poche. On se demande pourquoi.

Bon, assez parlé de nos deux protagonistes qui partent un peu à la dérive ! Concentrons-nous sur la bd et rien que la bd pour en découvrir toute la substance. Il y a de très belles planches qui font de Paris une cité lacustre à la vénitienne. C'est presque irréel mais tellement réaliste.

J'ai aussi beaucoup aimé les décors de la jungle guyanaise et des îles sauvages au milieu des Caraïbes. le style graphique est un mélange de classicisme et de modernité avec une certaine audace des cases qui concourt au dynamisme de l'ensemble.

Au final, une sorte de Bonnie and Clyde à l'ancienne avec un auteur qui exploite un beau potentiel. A suivre bien évidemment !

Nous sommes en 1910, Paris subit sa crue centennale. Inondée sous les eaux de la Seine, ses habitants doivent se déplacer en barque. Si certains en profitent pour piller les biens personnels et mener à bien des petits braquages, la situation cauchemardesque d'Eddie et Agatha les oblige à imaginer une action plus lucrative : braquer la banque American Express.

Les décors peints par Xavier Coste, les paysages d'un Paris sous les eaux sont absolument magnifiques et incroyables à voir. Les couleurs utilisées et le coup de crayon de Xavier Coste créent une atmosphère sublime, onirique et surréaliste, très romanesque et quasiment fantastique. On s'attend à tout en voyant ces rues inondées. Rien que pour regarder les images, de manière enfantine et candide, cette bande-dessinée est une vraie pépite. Tout est absolument magnifique : les couleurs, les camaïeux de bleu, la disposition des cases et leur forme, les détails...

Si j'ai découvert en Xavier Coste un dessinateur de génie, j'ai en revanche été assez déçue par le scénario. Loin d'être mauvaise, l'intrigue est assez déstabilisante. Il se passe un nombre de chose incalculable en seulement 72 pages ! du braquage à Paris, Eddie et Agatha vont atterrir à Londres puis en Guyane. Les événements (assez rocambolesques) s'enchaînent à une vitesse folle et j'ai regretté qu'ils ne soient pas plus développés parfois, à tel point que cette rapidité a presque porté préjudice à l'histoire selon moi. A force de manquer de liant, l'intrigue a un peu perdu en crédibilité et faisait même parfois trop bâclée...

Le format de 72 pages était trop court selon moi, j'aurais apprécié d'avoir quelques pages en plus ici et là dans le récit, pour approfondir des situations ou la psychologie des personnages. Agatha, par exemple, aurait mérité d'être plus développée. Son caractère est brièvement esquissé, l'accent est plus mis sur Eddie puisqu'en outre d'être celui que l'on va suivre sans cesse tout au long du récit, c'est aussi le narrateur de cette histoire. Mais même ici, Eddie est un personnage que l'on rencontre et qui reste très mystérieux et que l'on quitte sans avoir l'impression de l'avoir vraiment connu.

Finalement, mon seul regret par rapport à cette bande-dessinée est que le format trop court ait contraint l'intrigue à des raccourcis hâtifs, mais malgré cette faiblesse dans le scénario, on quitte surtout cette bande-dessinée nostalgique de ses magnifiques dessins et déçu de ne pas avoir quelques planches supplémentaires à se mettre sous la dent. Les dessins sublimes compensent largement le côté tiré par les cheveux du scénario.
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L'histoire est inspirée de faits réels : mouvementée, bien racontée, mais au déroulé finalement sans trop de surprise. Une aventure bien divertissante.
Le dessinateur est très talentueux, on ne peut pas rester insensible à quelques belles planches, mais il reste quelques traces du travail à la tablette graphique couplée au logiciel de digital painting, dommage. Il y a eu peut-être à faire un choix en terme de productivité.

L'album en lui-même est un petit bijou.
Les cases, régulièrement ornée à la manière du style 1900 dans laquelle l'histoire prend place, sont magnifiques.
Un travail remarquable a été réalisé pour que chaque planche se fonde pleinement dans le style de l'époque et on a l'impression de voir des vitraux 1910 ou des peintures début de siècle. Chaque case est un tableau avec un travail magnifique sur les flous et les couleurs.
Une véritable claque visuelle pour moi.
Pour ce qui est de l'histoire, si elle est plutôt prenante, j'ai été légèrement déçu par la fin.
Quelques détails suffisent à poser les protagonistes principaux, la descente aux Enfers de notre héros dans des situations logiques qui s'entraînent les unes les autres. On est pris à chaque fois par ce qui se passe… Dès lors, cette fin un peu légère m'a déçu – je ne dis pas qu'elle est mauvaise ou que j'aurais fait mieux mais je suis resté sur ma faim, comme si on ne terminait pas par un point d'exclamation fort…
Cela étant, la période abordée est originale, les documents à la fin, intéressant et le tout, très agréable.