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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Seyoum, passeur abject qui considère ceux qu'il fait traverser comme de la marchandise, ces pauvres hères fuyant vers ce qu'ils espèrent être un monde meilleur.
Seyoum, qui s'abrutit de khat et de gin, s'en embrouille le cerveau, et ne tient plus à rien qu'à sa drogue.
Qu'a-t-il traversé, Seyoum, pour en arriver à être autant dépourvu d'humanité ?

Petit à petit, nous allons remonter dans le passé de Seyoum, aller à la rencontre de celui qui a d'abord été un petit garçon, puis un jeune homme amoureux, les tortures et maltraitances dont il a été victime, pion anonyme dans une guerre qui ne laisse plus de place à la compassion et à l'entraide.

Le Passeur est un roman qui prend aux tripes, qui présente une vision réaliste de ce continent meurtri qu'est l'Afrique, qui dénonce la déshumanisation, les guerres, les violences.
C'est un premier roman dur et éprouvant mais aussi puissant, que je vais garder longtemps en tête.
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Il est des livres que l'on aimerait ne pas avoir lus, non pas qu'ils sont mal écrits (il y en a aussi !) mais parce qu'ils nous parlent de choses qu'on aimerait ne pas entendre. Des livres qui nous rappellent la dureté de certains destins, qui nous rappellent que l'abominable se passe là, juste à notre porte, qui nous mettent mal à l'aise dans notre peau d'occidentaux privilégiés. Des livres qu'on aimerait qu'ils ne soient qu'une fiction. Des livres comme le passeur.

Seyoum est passeur depuis 10 ans, il est même devenu le plus puissant de cette partie de la côte libyenne. Venu d'Érythrée, il n'a plus de famille. Sa seule famille désormais c'est l'argent. Son humanité, il l'a aussi perdue en route. Ce qui lui reste c'est cette boule, et quand elle remonte en lui, il la fait disparaitre à coup de khat et de gin.
Pour nous parler de ceux qui quittent tout pour survivre, quitte à tout perdre, leur argent, leur famille, leur dignité ou même leur vie, Stéphanie Coste choisi le point de vue le plus sombre, le plus dur, celui du passeur.
Pour mieux comprendre ce narrateur qu'on n'a pas vraiment envie de porter dans son coeur, l'autrice fait des aller-retours entre 2015 et 1995 et mêle son histoire personnelle à une histoire politique bien réelle celle-ci (celle de l'Érythrée et son basculement dans la dictature).
Sans tomber dans le documentaire ou le témoignage, le texte prend une force réaliste par un style vivant, direct qui nous plonge au coeur de la vie de Seyoum et des migrants prêts à tout endurer pour atteindre l'eldorado européen.

Alors oui, il y a des livres qu'on aimerait ne pas lire parce qu'on sait qu'ils ne sont pas que fiction.
L'Érythrée existe bien, sa dictature est toujours en place et sa population fuit toujours.
L'actualité est toujours là pour nous rappeler que des migrants se noient toujours en Méditerranée, les survivants toujours repoussés des côtes, renvoyés chez eux ou (au mieux) parqués dans des camps dans nos pays dans lesquels ils avaient placés tous leurs espoirs.

Court, intense et brillant, il y a des récits comme le passeur qui nous percutent.
Il y a des livres qu'on est content d'avoir lus, même si cela fait mal !
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J'avais repéré le livre de Stéphanie Coste au moment de sa sortie chez Gallimard en janvier dernier, me disant que ce serait probablement un livre à lire car j'ai une affection particulière pour les premiers romans.

C'est une des spécialités de la collection blanche de cette maison d'éditions que de trouver de jeunes auteurs talentueux. Et quand j'ai vu qu'il était dans les présélections pour un prix littéraire, là je n'ai plus hésité un instant.

Cela tombe bien puisque « le Passeur » de Stéphanie Coste est le lauréat 2021 du Prix de la Closerie des Lilas.

Dans le landerneau des prix littéraires, celui-ci, encore récent, il est né en 2007, a pour caractéristique d'être 100% féminin. le jury n'est composé que de femmes, et le prix est obligatoirement décerné à une femme !

Mais revenons à Stéphanie Coste et son livre « le Passeur ». le livre vient nous rappeler la triste réalité des migrants qui traversent la Méditerranée dans des conditions effroyables pour fuir leur pays et espérer trouver en Europe un havre de paix.

Stéphanie Coste frappe fort, et sans doute son enfance africaine, elle a vécu à Djibouti et au Sénégal, l'a prédestinée à évoquer le sujet. Elle ne se place du côté de victimes mais de celui du bourreau, pour mieux marquer les esprits sur le sordide de la situation, et éviter le misérabilisme habituel auquel la Presse nous habitue sur le sujet.

« le Passeur » c'est Seyoum, un homme qui a fait le choix d'être trafiquant de l'humanité, vendeur de rêves, ou plutôt de misère. Il est l'expression humaine de la honte humaine, de la honte européenne, absente face à cette aberration de l'humanité, une de plus… Mais Seyoum n'est pas devenu passeur du jour au lendemain. Seyoum est le symbole de toutes les victimes des guerres africaines. Il a connu l'emprisonnement, la dictature, l'effondrement de son pays. Ses rêves sont derrière lui. Et aujourd'hui il ne lui reste plus que cela à faire. Acheter des bateaux des fortune pour y vendre à prix d'or à de pauvres bougres l'espoir d'un monde meilleur… Comme si cela pouvait être une revanche sur la vie !

Comment peut-on en arriver là ? C'est aussi la réflexion que mène Stéphanie Coste dans son livre pour expliquer les ressorts profonds qui peuvent transformer un homme en brute sans scrupule. Mais nous le savons tous, l'histoire ne fait que se répéter.

Le livre évoque aussi la tragédie de la traversée, du départ la nuit des côtes libyennes à l'espoir de voir Lampedusa, la mer qui s'agite et les corps que l'on retrouve au petit matin déversés sur le sable comme de vulgaires morceaux de bois car le bateau de fortune où ces hommes, ces femmes ces enfants ont été entassés n'a pas tenu la mer.

Et le récit de Stéphanie Coste est réaliste, cru, sans fard, pour rappeler une réalité que l'on oublie un peu trop vite avec nos "breaking news". le livre est court, presque trop, mais le ton narratif employé par l'auteure lui donne d'autant plus de force, de vigueur, comme pour donner au lecteur un bon uppercut.

Ce livre est une arche de Noé, une bouteille à la mer, qui nous est lancée comme est lancé un boomerang. Il revient d'où il est parti. Et où revient -il ?

Pas en Afrique, là où règnent la pauvreté et la misère, mais là où règne l'opulence, avec cette outrance des pays "d'enfants gâtés" toujours prêts à se plaindre, mais qui surtout ne regardent pas trop loin, pour ne pas être dérangés.

Ce livre puissant et terriblement bien écrit nous lance une question : Combien de temps encore laisserons nous faire l'inacceptable ? Je ne crois pas que la réponse soit dans ce roman, mais il est un témoignage pour que quelque part dans notre conscience une petite lumière reste allumée et nous incite à agir.

Bonne Lecture

Aux éditions Gallimard – 01/2021 -136 pages

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Avec ce premier roman, Stéphanie Coste donne un visage aux migrants et les rend proches de nous. Au manichéisme bourreau-victime, elle préfère un tableau gris, avec toutes les variantes du nuancier, sans éviter parfois les gros rebondissements romanesques tirant sur les ficelles du mélodrame. Ce livre court confirme ce que nous pensions du drame humanitaire qui se vit aux frontières de l'Europe et particulièrement en Méditerranée, avec l'échec de la communication, la dureté du régime lybien, l'échec d'un monde qui se veut bon et un récit qui rattrape ses défauts par un rythme haletant.
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n premier roman saisissant qui nous plonge dans la réalité crue et violente du business des passeurs. Ceux qui, comme Seyoum, sur la côte libyenne, de mèche avec la police des mers, organisent des traversées vers Lampedusa sur des rafiots qui prennent l'eau. Candidats à l'odyssée, fuyant l'Érythrée, des hommes et des femmes paient très cher pour être parqués, sans eau et sans nourriture, dans des hangars noirs comme le désespoir avant d'être lancés sur les vagues avec, comme seul guide, un GPS dont on n'est pas sûr qu'il trouvera ou qu'il tiendra la route. Petit caïd d'un réseau qui génère beaucoup d'argent, défoncé du soir au matin, Seyoum, lui-même Érythréen, est le produit d'une histoire tragique où tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un semblant de bonheur - y compris l'amour de Madiha - lui a été confisqué. En écho à ses agissements dégueulasses de professionnel de la migration, Stéphanie Coste relate sa jeunesse maltraitée, plaçant son lecteur dans l'étroit espace moral qui distingue le bien du mal.
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En trois mots : Commerce. Émigration. Déshumanisation.
Avis : Incisif !
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Immersion acerbe dans la vie d'un homme dont la mort, saupoudrée d'espoir, est le métier...
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✒️ Seyoum est un passeur ; vendeur d'espoir et de rêve comme façade d'une mort certaine en pleine mer pour des milliers d'âmes. Déshumanisé par la violence d'une dictature, il devient l'un des maillons de cette émigration cruelle et vicieuse, elle-même fille de l'impossibilité de vivre dans un pays devenu intolérable. Constat acrimonieux d'un monde créateur de monstres que nous ne pouvons pas plaindre mais qui nous inspirent malgré tout une compassion nébuleuse. Ce roman soumet, avec justesse, à notre philanthropie la question suivante : pouvons-nous continuer de laisser faire sans rien faire ?
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✒️ Les personnages sont doubles. L'auteur joue avec le manichéisme : à la fois homme criblé de drame et de désespoir et semeur de ces mêmes abjections, Seyoum devient une créature bifrons. Si bien que nous nous perdons dans les sentiments à éprouver face à lui, à eux. Une dualité que j'aurai aimé voir plus prononcée avec quelques pages supplémentaires !
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✒️ L'intrigue est simple, nous entrons dans l'univers machiavélique du commerce de la traversée émigrante vers le faux Eldorado européen à travers le personnage du passeur. L'enchevêtrement entre présent et passé de Seyoum nourrit l'histoire de la déshumanisation d'un homme et l'utilisation du présent narratif sert la puissance des actes. Un choix technique bien maîtrisé qui ajoute à la puissance de plume !
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✒️ En bref, cet ouvrage aussi percutant dans son infamie que dans sa dénonciation d'une réalité inhumaine prend au coeur notre humanité en soulevant une question nécessaire !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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À lire jusqu'à la fin, vous pourriez être surpris !

Un premier roman poignant et remarquablement bien écrit sur le parcours d'un vendeur d'espoir pour les migrants, entre les côtes libyennes et l'Europe. Dénué de toute humanité en apparence, son passé le rattrape lorsque son amour de jeunesse croise sa route et fait voler en éclats son quotidien bien établi.
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Texte puissant, lu d'une traite.
Texte à mettre entre de nombreuses mains...
Stéphanie Costes réussit un tour de force: nous plonger dans la tête d'un passeur et nous permettre de comprendre les racines du mal. Dur et beau.
Un petit bémol pour la fin où je trouve le trait du malheur trop appuyé, mais ce roman reste une véritable secousse, plus encore, un livre nécessaire.
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C'est le roman d'un anti-héros. le narrateur est plutôt odieux et indifférent à la souffrance des autres. Passeur, c'est un business comme un autre. Peu importe le détail.
Et, petit à petit, grâce aux retours en arrière, le passeur s'humanise et, en apprenant son histoire, le jugement du lecteur à son égard s'adoucit et l'on en vient à se dire, sans pour autant l'absoudre : mais qui sommes-nous pour juger, de notre canapé, bien au chaud et en sécurité ?
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