Même si elle rentrait chez elle après la cure sans être guérie, elle n’imaginerait plus l’extérieur de la même façon. Elle ne se sentait pas prête à affronter la réalité. Il y avait trop de choses. Trop de tout. Son baquet lui sembla soudain l’endroit le plus sûr du monde ; elle s’y serait engloutie pour assourdir à nouveau les bruits du dehors.
Il paraît que les voyages forment la jeunesse…
Ce n'est pas un exercice ni un recrutement ! Il y a des enfants en danger et de nombreux innocents. Ne retiens pas tes sorts ! On s'occupera du coût plus tard. Je peux vivre avec des dettes, pas avec des cadavres sur la conscience.
Cassandra laissait son esprit dériver sur sa possibilité de se marier un jour. Cela lui semblait tellement impossible ! Rien que la perspective de fréquenter un garçon relevait du fantasme. Si au moins elle avait pu prendre la main de quelqu’un sans le blesser… Les souvenirs terribles de toutes ses tentatives de contact avec ses proches firent naître une boule d’angoisse au creux de son ventre. La peur de faire mal ne la quitterait pas, même quand elle serait guérie.
Il se sentit étrangement épié. Il ne jeta qu'un seul coup d'œil par-dessus son épaule et se détourna bien vite: il aurait juré que Kiana fixait ses fesses.
Il n’avait jamais caché ses doutes sur l’efficacité de la cure. Pour lui, Jeannie Majorelle faisait partie de ces charlatans capables de vendre de l’eau en bouteille en lui prêtant des capacités miraculeuses. Tout ce qu’il voyait, c’était le coût de ce voyage inutile.
D’habitude, les enfants ne découvraient leurs pouvoirs qu’en grandissant. Ils portaient en eux la capacité d’interagir avec le feu, l’eau, la terre et l’air mais, génétiquement, c’était dans les éléments de leurs parents que se trouvaient l’élément récessif, et celui, dominant, qui déterminerait leurs pouvoirs.
Ses cheveux bruns se répartirent autour d’elle, la faisant sourire de fierté. Ils étaient tellement longs qu’ils touchaient ses épaules, à présent ! N’importe quelle jeune femme de son âge aurait trouvé cela banal… mais Cassandra Berthold avait passé l’essentiel de sa vie avec le crâne aussi lisse qu’une cuisse de cochon, alors tout centimètre supplémentaire représentait une victoire sur ses pouvoirs incontrôlables.