"Là-bas, c'était, en plus des eaux verdâtres et gluantes qui stagnaient dans les ruelles, le paradis des moustiques, ces anophèles aussi gros que des libellules qui, en vous piquant, vous aspirent l'équivalent d'un bol de sang."
Comme ça, d'emblée, l'auteur nous fait bien saisir où on est tombé.
On est dans le glauque, dans le sordide, dans le dangereux.
On est dans la vie quotidienne des pauvres du Bénin, on est au village ou dans les faubourgs de Cotonou.
"On m'avait toujours dit de l'Afrique qu'elle était une terre poubelle, un espace de déchets, bras ouverts à tous les rebuts de la terre et les crasseries du monde. Erreur : j'ai découvert, en l'embrassant ce matin-là, qu'il s'agit d'un continent de la récupération, le territoire élu du recyclage (...) comme si la matière et les êtres devaient se renouveler indéfiniment, comme si la mort devait entraîner la vie."
On est plongé dans un monde de trafics et de corruption (Barbecue blues), dans un monde de fantômes, de sorcellerie et de superstitions (Femelle de ta race, Enfant-siège enfant sorcier, le fils de l'ancêtre), dans un monde de vengeances et de règlements de compte (Le retour du mort, La femme étoile).
On s'immerge aussi dans l'amour, souvent interdit, mais qui transcende : amour maternel, amour fraternel.
On est dans un monde structuré par les femmes, traitées en inférieures, soumises, mais qui font vivre le récit par leurs croyances, leurs actions, leurs paroles.
On est parfois dans un poème. On est parfois... un camion.
On est chez
Florent Couao-Zotti, dans son écriture poétique, lyrique, enchantée qui fait toute la beauté, absolument magique, de ces dix nouvelles bouleversantes.
Challenge Globe-trotter (Bénin)