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EAN : 9782268068909
202 pages
Le Serpent à plumes (14/01/2010)
3.56/5   17 notes
Résumé :

Il y a d'abord une miss, belle et longiligne, qu'on retrouve mutilée sur la berge de Cotonou. Il y a ensuite une autre galante, toute aussi irrésistible, qui vient proposer à un homme d'affaires libanais d'échanger de l'argent contre une valise de cocaïne. Il y a enfin un détective privé, contacté par une troisième chérie, qui voudrait un acquéreur pour la même poussière d'ange. Par-dessus l... >Voir plus
Que lire après Si la cour du mouton est sale, ce n'est pas au porc de le direVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Quand il se passe au Bénin, le roman policier se prête aux proverbes africains et au glossaire dont les termes "correspondent à des réalités spécifiques du Bénin. Ce sont des mots issus du parler populaire, des langues locales et même des expressions empruntées à d'autres aires géographiques comme la Côte d'ivoire".

À retenir du glossaire de ce livre :

Zem = conducteur de taxi-moto.
Go = fille, petite amie
Gaou = naïf ou bête (comme dans la chanson de Magic System)
Fanta-Coca = se dit en afrique francophone de femmes qui utilisent des crèmes blanchissantes, et dont le visage est orangé comme la boisson Fanta et les membres sombres comme du Coca-Cola
Asheo ou Ashao = Dans la sous-région ouest africaine, on appelle ainsi les prostituées d'origine ghanéenne. le terme, par extension, désigne toutes les filles de rues ...

On peut dire que ce roman policier est plus qu'instructif, plus que dépaysant, en plus d'être plus qu'efficace. Il y a des prostituées qui font de la bagarre, des flics plus ou moins ripoux, un détective privé qui se fait mercenaire, un mafieux Libanais, et deux mallettes remplies de poudre ou d'argent sale. L'auteur respecte le code du genre tout en apportant sa touche personnelle, les expressions employées pour comparer tel ou tel personnage, tel ou tel lieu, telle ou telle situation, étant parfois cocasses, dans l'esprit des proverbes africains qui rythment le livre, mes préférés*étant :

"Si tu cherches ton mouton et que tu en retrouves les entrailles, contente-t'en !"
"Si la cour du mouton est sale, ce n'est pas au porc de le dire."
"La brebis broute l'herbe là où on l'attache"
"Si tu as échappé au crocodile en te baignant, prends garde au léopard qui t'attend sur la berge."

"C'est en voulant s'asseoir qu'on connaît l'utilité des popotins"
"Celui qui se baisse pour regarder le postérieur de son voisin ne sait pas qu'il expose le sien à tout le monde"

"Quand le rythme de la danse change, on ajuste ses pas"
"Le fleuve fait des détours parce que personne ne lui montre le chemin"

Et je note deux proverbes supplémentaires à ceux qui seraient tentés de faire dans le trafic de drogue, comme dans le bouquin :

"Qui veut avaler un coco fait confiance à son anus" (très connu celui-ci)
"Qui a des oeufs dans son panier doit éviter de courir."

PS : Certes, ça fait beaucoup de proverbes africains préférés mais j'y peux rien si j'en trouve beaucoup vachement pertinents.





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"Si tu as échappé au crocodile en te baignant, prends garde au léopard sur la berge." Des sentences comme celles-ci, proverbes
béninois, Florent Couao-Zotti en a 24 à proposer, soit autant que de chapitres d'un polar au titre évocateur : Si la cour du
mouton est sale, ce n'est pas au cochon de le dire. Un polar noir comme les nuits africaines, où des prostituées aux longues
jambes, un malfrat libanais et un détective miteux cavalent pour récupérer une valisette bourrée d'héroïne. Les cadavres se
ramassent à la Peul, les coups fourrés abondent et les courses-poursuites se multiplient dans ce récit picaresque au rythme
époumonant. Voir Cotonou et mourir.
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Une malette de came qui ne se retrouve pas dans les bonnes mains entraine trois filles dans une sale histoire où elles laisseront plus ou moins de plumes car Smaïn n'a pas l'intention de passer en perte sa marchandise et Smaïn ce n'est pas un tendre. Course poursuite et embrouilles en tout genre entre le trafiquant, ses sbires et les filles auxquels on ajoute un détective privé et la police qui compte bien ne pas laisser passer ce trafic.

Belle balade dans Cotonou avec des personnages hauts en couleur et des rues pas tranquille du tout , rien à voir avec Kirikou !

Un petit polar honnête qui offre pour chaque chapitre un proverbe savoureux .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Un polar déjanté du maître béninois de l'humour noir...

Paru en 2010 et dernier roman en date de l'écrivain béninois Florent Couao-Zotti, cet authentique polar nous permet de renouer avec la verve truculente et l'inventivité qui nous enchantent dans ses nouvelles.

Un extrait de la quatrième de couverture : "Mais les nuits à Cotonou ont de multiples saveurs, qu'elles proviennent des fantômes teigneux, des amazones ou des populations elles-mêmes. Des gens qui aiment se rendre justice et charcuter au couteau tous ceux qui, dans leurs quartiers, sont surpris en flagrant délit de "pagaille nocturne". Pour eux, personne ne peut leur donner de leçon : si la cour du mouton est sale, ce n'est pas au porc de le dire !"

Si l'on retrouve par moments aussi quelques tonalités proches du "African Psycho" de Mabanckou, c'est comme précédemment l'humour noir et les moments de farce débridée qui emportent l'adhésion. Seul point plus faible de ce roman, une construction sans doute par trop décousue qui dilue les effets que les nouvelles concentraient avec tant de bonheur. À creuser sur d'autres écrits du même auteur donc, car la sensation à la lecture appelle de nouvelles doses !
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Voici un roman bien sympathique. le titre donne l'ambiance, car ce livre est truffé d'expressions inattendues, souvent des proverbes locaux très imagés "Le coassement de la grenouille n'empêche pas l'éléphant de boire" ou "Celui qui se baisse pour regarder le postérieur de son voisin ne sait pas qu'il expose le sien à tout le monde".
L'intrigue tourne autour d'une mallette de coke égarée mais pas pour tout le monde, et les personnages sont tous plus véreux les uns que les autres : un homme d'affaire libanais plus enclin à vendre la coke que les articles de son magasin, des prostituées de plus ou moins bas étage, et un agent de sécurité tombé par hasard au milieu de l'intrigue. Seuls les flics paraissent honnêtes, ce qui est quand même surprenant.
Ce qui fait la saveur de ce récit c'est la plongée dans la vraie vie de Cotonou, et ce sont les expressions délicieuses dont il est émaillé : "La voiture exécuta la danse du fou emmerdé par l'urticaire." ou "Smaïn courait comme un diarrhéique" ou encore "Elle puait la haine et la colère, dix kilos d'envie de tuer dans les yeux". Trop drôle quand l'auteur parle d'une "banque poilue" pour désigner une pute de luxe, "une caisse à sous où l'on met de l'argent sans rien en retirer".
A la lecture de ce livre on comprend que le but n'est pas de nous faire suivre une enquête, mais de nous faire découvrir l'ambiance de Cotonou et surtout de nous faire sourire.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Dèkoungbé, un des quartiers de Godomey, ville de la banlieue de Cotonou. De simple bourgade au début des années quatre-vingt, il était devenu, en l'espace d'une décennie, l'une des zones les plus populeuses et les plus tumultueuses, à mi-chemin entre village, brousse et foutoir. Foutoir, surtout lorsque arrivent les pluies, la saison dite des chiens.
D'ailleurs, avec l'orage d'il y a deux jours, la crue ne s'était pas fait prier pour s'installer. Les eaux débordaient de partout. Elles sinuaient dans les rues, croupissaient dans les maisons, faisaient gonfler les ordures en même temps qu'eles arrachaient aux latrines leurs sympathiques contenus.
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"D'ailleurs d'être en face de ce cadavre avait déjà ouvert la vanne à palabres. Ils se déchiraient en conjectures sur la personnalité de la jeune femme, sur les circonstances du meurtre, se demandaient ce qu'il fallait que la société fasse de cette nouvelle race de gamines qui s'accordent tous les risques avec le diable pourvu qu'on leur offre des bibelots, du cosmétiques et même du chou blanc, quelle génération!"
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Mais alors, comment partir d'ici ? Comment sortir de Cotonou ? Aucun homme de main sur qui compter en cette situation. Même le commissaire Tonoucon, à qui il glissait souvent quelques "ferme-gueule" pour obtenir des protections, ne pourrait pas lui apporter le moindre petit grain de sel. Il était tombé en disgrâce et s'ennuyait dans les profondeurs de l'anonymat, depuis qu'il avait été confondu dans une affaire de détournement de fonds publics. Et les manas manas ? Ce menu fretin d'agents, brigadiers ou autres gardiens de la paix ? Il ne comptait jamais d'amis parmi eux. Vaut mieux, dit-on, avoir affaire directement à Dieu qu'à ses saints.
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Il sortit de sa poche une liasse de billets et la leur tendit. Un silence accueillit sa proposition. Le vieil homme soupira. - Si tu gardais cet argent pour t'acheter un peu de jugeote, lança-t-il, je crois que tu mentirais moins et tu ne nous prendrais pas pour des demeurés. Regarde-toi. Tu es affreusement blessé, une de tes femmes a le groin ébréché et puis toi-même, tu as une arme. Si la vérité a du mal à sortir de ta bouche, je serai bien forcé de te l'arracher. Les jeunes du quartier sont avec moi. Ils ont une expérience dans le tabassage et le charcutage.
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"Cette nouvelle génération de filles a quelque chose de véritablement spécial. Des amazones du cru. Jamais froid aux yeux. Capable d'utiliser le dévergondage comme on entre en religion. Rien à voir avec leurs aînées ou leurs mamans qui, mis à part deux ou trois fêlées, ne connaissaient que les contours de leurs cuisines ou l'intérieur de leurs trousses à bijoux."
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Video de Florent Couao-Zotti (1) Voir plusAjouter une vidéo

Florent Couao-Zotti : Les Fantômes du Brésil
Dans le décor du Rostand, Olivier BARROT présente l'ouvrage de Florent COUAO-ZOTTI "Les Fantômes du Brésil" paru chez Ubu.
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