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Citations sur Les ronces (100)

UNE FOIS PAR JOUR

Une fois par jour quelqu'un que je ne connais pas
me demande mon avis sur des choses
qui ne me regardent pas,
- comment faire pour se remettre d'une rupture -
- est-ce que je dois avoir honte de ce que je suis -
- Peut-on tout pardonner -
des questions de ce genre, des questions comme des briques
sur le coin de la figure et une fois par jour je réponds
que personne ne peut répondre à la place de celui
ou celle qui pose la question
et pourtant ça continue, plus j'écris des romans
et plus je raconte
des histoires idiotes en soirées plus on me demande des conseils
sur des passages difficiles du quotidien :
c'est la première et la dernière fois que je dis ce que j'ai à dire
là-dessus après je retournerai couper la tête des poules
dans la basse-cour
ou jouer aux cartes.
Si tu veux te remettre d'une rupture, d'un deuil, cesse d'avoir
honte de ce que tu es et pardonner au monde extérieur
ses innombrables trahisons, mensonges
et croche-pattes,
travaille comme un âne du dix-huitième siècle,
avec acharnement et en silence,
bois souvent mais jamais seul,
fais-toi jouir une fois par jour au moins,
pour que ton corps se souvienne de ce que ça fait,
de plus jouir est excellent pour le sommeil
et contre les mauvaises pensées,
ouvre les fenêtres en plein hiver le froid ça occupe la tête
et ça empêche de pleurer
ne garde rien de ce qui t'a fait tant de mal, les lettres,
les photos, les listes de courses,
les partitions, les marque-pages,
ne garde rien, ne jette rien non plus,
fais-en cadeau à quelqu'un qui trouvera ça beau,
travaille comme un cheval du moyen-âge,
mange une seule fois dans la journée,
la faim ça occupe la tête et ça empêche de pleurer,
vois tes amis mais jamais chez toi
vois tes familles mais jamais chez toi
vois tes collègues mais jamais chez toi
répète que ce n'est pas grave, tu as atrocement mal
et ton sourire est une plaie ouverte
mais ce n'est pas grave, ça ne le sera jamais
répète que ça n'a pas d'importance, ne réponds pas
au téléphone, ne réponds pas aux messages sur le répondeur,
ne réponds pas aux lettres, ne réponds pas à toutes
ces formes de signaux lancés à travers les autres,
les sites internet et les inscriptions sur les murs dans l'entrée,
claque tout ton pognon, achète des objets inutiles et très chers,
fais-toi jouir une fois par jour au moins,
pour que ton corps se rappelle que tu en es capable,
fume, mais pas dans ton lit
fume, mais pas dans les toilettes
fume, mais pas en regardant les voisins
qui s'embrassent sur la terrasse
si tu veux t'en sortir, nom de dieu,
fais absolument ce que tu veux de ta vie mais cesse donc
de poser la question à quelqu'un qui a mis du temps
avant de trouver ses propres réponses.

(P41-43)
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LA SURFACE, POÈME POUR CEUX QUI ONT MAL

dans ces moment où tu cesses de tourner avec le monde
quand tu ne comprends pas
que les autres ne puissent pas comprendre
que tu es blessée
que tu es cassée
qu'il y a dans ta tête
la voix insupportable du passé
qui répète
"je te l'avais bien dit
je te l'avais bien dit"
dans ces moment où tu ne peux pas
aller plus loin que la porte de ta chambre
où ta colère est une valise pleine impossible à fermer
quand tu saute sur ton cœur pour qu'il cesse d'aboyer
les autres ne comprennent pas
non
ils ne comprennent pas
que c'est comme être punie après un long voyage
qu'on t'a renvoyée
qu'on t'a humiliée
les autres ne peuvent pas faire autrement
que de te prendre dans leurs bras
en murmurant "ça va aller"
l'amour est un naufrage
et la voix du passé s'agace
"je te l'avais bien dit
je te l'avais bien dit
tu ne m'as pas écoutée"
ne t'inquiète pas
tu auras longtemps mal
ça peut prendre une semaine
un mois une année
jusqu'à ce que le prochain bateau passe
ne t'inquiète pas
il faudra du temps
avant que tu puisse enfin
remonter à la surface
dans ces moments où tu te demandes si tu as mérité
cette plaie grande ouverte qui bat comme un tambour
quand tu ne sais plus
si tu te détestes ou non d'y avoir cru
Personne ne devrait s'en vouloir d'avoir cru en l'amour
c'est un enfant farceur, c'est un mauvais joueur
qui est parti avec les meilleures cartes
et la voix du passé dans ton corps tout entier
Brisé de larmes et de fatigue
qui répète
"je te l'avais bien dit
je te l'avais bien dit
tu ne m'as pas écoutée"
ne t'inquiète pas
Il faut que tu apprennes à vivre de nouveau
à retrouver ta place
ta tristesse est un enclos
ouvert
Il faudra du temps
mais un jour
tu sauras comment
remonter à la surface.
Il n'y a pas de justice en amour
il n'y a pas de victime, de coupable
seulement des corps tendus, des promesses murmurées
des ronds de sueur sur vos deux oreillers
il n'y a pas de route nationales qui permette de contourner
les pires moments
il n'y a pas de bourreau, de responsables
il n'y a pas de passion plus respectable
que celle d'aimer
tu voudrais croire que ça ne recommencera pas
que tu as vécu assez
il n'y a pas d'expérience en amour
seulement des tremblements soudains
et des sourires navrés
et des valises fermées
ton cœur n'a pas manqué d'audace
il n'y a pas de chants sacrés
seulement le souvenir des bouches qui s’embrassent
il ne faudra pas les oublier
la vie ne se tait pas
il faudra l'écouter
si tu veux remonter
bientôt
à la surface.

(P76-79)
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Noël

Noël est venu si vite que tu ne te souviens pas
qu'il y ait eu trois saisons entre aujourd'hui
et l'année dernière.
Il n'a pas neigé comme tu aurais voulu.
Tu n'as pas autant d'argent que tu aurais voulu.
Tes parents ont vieilli et leurs parents aussi...
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On se demande, chaque jour, comment
enlacer
un cœur brisé.
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LA PARTIE


Il y a des jours comme ça
où je me demande si
la partie est terminée
ou si, au contraire,
elle vient juste de commencer.
Aujourd'hui est un de ces jours-là
sauf qu'il dure depuis dix ans,
déjà.
Je commence à trouver le temps
long.
En plus de ça, depuis ce matin
je me demande si un poème
est le début, ou la fin
d'un énième chapitre.
J'en suis arrivée à la conclusion suivante :
un poème c'est quelque chose
d'éphémère et joli
comme la signature d'un doigt
sur la buée d'une vitre.

p.134
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DEPUIS LA FENÊTRE OUVERTE…


Extrait 3

je cesserai d’écrire des poèmes le jour où l’on cessera
de considérer
les hommes sincères
comme des hommes malades
en attendant la rivière continue
elle
la pluie continue
elle
demain matin les ronces vont griffer les renards dans les bois
le ciel ce grand poumon sauvage a jeté ses filets
sur les hommes tout en bas
seul le bruit de la terre arrive depuis la fenêtre ouverte.

p.72
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Ton poème

C'est un poème riche en images,
pauvre en divertissements.
Rassure toi. Il ne dure pas longtemps.
Il ne reste pas. Il est plus léger qu'un sanglot,
plus fin qu'une tige de coquelicot.
Il ne demande rien parce qu'il n'a pas de langue
ni de gorge. Il ne possède pas
ce que nous avons la chance d'apprendre
dans les sous-sols de ce château en ruines
que nous appelons "enfance". Alors il marche,
bien encore après sa propre fin, en silence,
courbé sur lui-même comme un long
sucre d'orge .
.....
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PUISQUE J'AI TON SANG
[...]
Ceux qui restent sont les tombeaux
Des gens que nous aimons
Une dernière fois sur la colline
Nous avons hissé ton drapeau
Rappelé nos promesses et gravé ton prénom
Déposé ton corps dans sa cabine
Les secrets que ton absence emporte
Il nous reste le sang
D'une toute petite dame pour ses tout petits enfants.
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COURIR

...
Courir c'est ruisseler de douleur, de la gorge aux talons, des poumons aux genoux ; choisir d'abandonner au paysage, à la vitesse, tout ce qu'on ne sait pas faire de soi. ...
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LE DEPART

[...]
ce soir je ne me comprends pas,
ce serait pourtant simple : il suffirait d'écrire,
au moins une fois,
un très bon roman,
pas quelque chose qu'on lit uniquement
quand on a le temps,
non,
une déflagration,
qui m'emporterait, jusqu'à la fin, dans les montagnes.
[...]
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