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Citations sur Un dimanche à la piscine à Kigali (73)

Qu'est-ce qu'un pays pour celui qui n'est ni militaire ni patriote exacerbé? Un lieu de correspondances subtiles, un accord implicite entre le paysage et le pied qui le foule. Une familiarité, une entente, une complicité avec les couleurs et les odeurs. L'impression que le vent nous accompagne et que parfois, il nous porte. Un renoncement qui n'est pas une acceptation devant la bêtise et l'inhumanité que le pays nourrit.
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Tu as raison, le silence est effrayant car dans le silence, on ne peut mentir.
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Valcourt se sentait porté par un de ces manèges monstrueux qu'on trouve dans les grands parcs d'attractions et qui procurent presque simultanément la terreur et l'extase, la peur de mourir et la sensation de vivre intensément sans trop savoir comment départager ces sentiments les uns des autres.
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Ici, nous allons tuer dans un grand excès de folie, de bière, de mari, dans un déferlement de haine et de mépris qui dépasse ta capacité de comprendre, et la mienne aussi. Je dis "nous" parce que je suis rwandais et parce que les Tutsis le feront aussi quand ils en auront l'occasion. Je dis "nous" parce que nous sommes tous devenus fous.
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Non, il n’est pas un des neveux du président. Valcourt les connaît tous. Celui qui au Québec se donne des airs d’étudiant en sciences politiques, mais qui organise les escadrons de la mort faisant la chasse aux Tutsis, la nuit, à Remero, à Gikondo ou à Nyamirambo. Et l’autre qui contrôle la vente des préservatifs offerts par l’aide internationale, et l’autre encore, le sidéen, qui croit qu’en baisant de jeunes vierges il se libère de son empoisonnement, et les trois autres qui sont militaires et protecteurs des putains du Kigali Night, les putains les plus « propres » de Kigali, que les paras français se tapent sans capote dans les bosquets qui entourent le bar, parce qu’Eugène, Clovis et Firmin, les neveux du président, leur disent qu’ils les baisent sans capote et qu’ils ne sont pas malades.
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Voilà Raphaël et sa bande de copains qui travaillent à la Banque populaire du Rwanda. Ils repartiront à minuit quand le bar du quatrième fermera. Et monsieur Faustin, qui sera premier ministre quand le président donnera la démocratie à ses enfants. Viendront se joindre à lui les autres membres de la table de l’opposition, Landouald, ministre du Travail qui est entré en politique pour faire plaisir à sa femme, une Québécoise libérée, et quelques autres qui feront des courbettes en allant trois fois se servir au buffet.
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Depuis deux ans, tous les jours à la piscine, on parle inlassablement du changement qui se prépare, on déclare qu’il sera là demain ou mardi, mercredi au plus tard. Mais cette fois, c’est vrai, et un grand frisson de rumeur saisit les habitués. Le mari de la secrétaire du président est mort du sida il y a deux jours à Paris où il était hospitalisé depuis six mois. C’est Émérita, taxiwoman, businesswoman, le meilleur taux au marché noir du franc rwandais, qui est venue le dire à monsieur Faustin.
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Peu importe, dans une demi-heure, quand Émérita aura terminé son Pepsi après avoir parlé à Zozo le concierge, une nuée de chauffeurs de taxi partira pour la ville. Ce soir, de Gikondo à Nyamirambo, en passant par Sodoma, le bien nommé quartier des putes, on imaginera, puis on déclarera que le président se meurt du sida. Demain, cela se dira à Butare et après-demain à Ruhengeri, le fief du président. Dans quelques jours, quand le président sera le dernier à apprendre qu’il se meurt du sida, il fera une énorme colère et des têtes tomberont. Ici, les rumeurs tuent. Ensuite, on les vérifie. Dans le même avion que le médecin du Val-de-Grâce et sa meurtrière nouvelle sont arrivés les dix exemplaires de L’Express et de Paris-Match qu’on s’échangera durant un mois et les fromages français un peu trop ou pas assez faits qui seront mangés en grande pompe trimestrielle à la salle à manger de l’hôtel.
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Ils manient la dissimulation et l’ambiguïté avec une habileté redoutable. Léo est une caricature de tout cela. Il est absolument double. Père hutu, mère tutsie. Corps tutsi, cœur hutu. Carte du PSD et rédacteur des discours de Léon, l’idéologue extrémiste hutu, dit l’Épurateur, ou le Lion Vengeur. Discours de colline, vêtements du 6e arrondissement. Peau de Noir, rêves de Blanc. Heureusement, pense Valcourt, Immaculée n’entretient que mépris et dédain pour Léo qui s’escrime en fleurs et en chocolats
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Lisette, qui est désespérée depuis qu’elle s’est fait voler son sac de golf, maugrée. Imaginez sa désolation. Elle est gauchère, la seule gauchère parmi tous les membres du Golf Club de Kigali qui étend ses fairways mal entretenus dans une petite vallée que surplombent l’arrogant édifice du Conseil national du développement, les villas luxueuses des favoris du régime, les résidences d’ambassadeurs et le Club belge. Dans ce pays de merde qu’elle exècre, le golf constitue son seul plaisir, sa seule activité civilisée. Être nommée à Kigali quand on a dix-sept ans de service dans la Carrière, c’est une invitation à démissionner.
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