Citations sur Grizzli et moi : Les jours heureux d'un chat et d'une.. (4)
« Moi, Dorothée, chaussette rayée rouge et blanche, molle mais libre, je suis ici pour parler de son quotidien, ses exploits (quand il y en a), ses doutes, ses hésitations et ses échecs (il y en a beaucoup).
Ce livre est un monument à la gloire de mon ami Grizzli…miaou ! » page 7
Expliquons d’abord pourquoi Grizzli s’appelle Grizzli, et pas Jean-Floch ou Tartempion. Chaque nom a une histoire, et celui de mon ami ne fait pas exception. Il y a fort longtemps (bien avant que lui et moi devenions amis), Grizzli n’avait pas de nom. On l’appelait le chat, ou bien on ne l’appelait pas. On se souciait rarement de lui. Puis vint le jour où un oiseau, à peine sorti de son oeuf, aperçut la silhouette immobile de Grizzli faisant la sieste sur un carré d’herbes sauvages.
– C’est qui ? demanda l’oisillon.
Il aurait pu aussi demander C’est quoi ? Parce qu’à cette distance et dans cette position, le chat ressemblait davantage à un paillasson qu’à un chat. (…)
Son propriétaire déboule dans la salle d'attente alors que toutes les chaises sont occupées. L'homme soupire. Il doit rester debout, un carton moyennement volumineux entre les bras.
- Chien ou chat ? je demande à Grizzli en fixant le carton. Hamster ou lapin domestique ?
- Appareil à raclette, me répond du tac au tac mon ami.
- Appareil à raclette ? [...]
- Qu'est-ce que ça peut être d'autre ? raisonne Grizzli. Qu'est-ce qu'il peut y avoir d'autre qu'un appareil à raclette dans un carton d'appareil à raclette.
Sa logique se passe de commentaire. Je reste bouche bée. Les yeux rivés sur le carton, essayant d'imaginer dedans un appareil à raclette. Un appareil à raclette blessé, peut-être mourant. A l'agonie. Du fromage séché sur les parois, une rondelle de salami coincée entre deux poêlons. (pp. 32-33)
« Puisque, d’un point de vue gastronomique, Grizzli ne s’intéresse pas plus un mulot ou à un oiseau qu’à un sandwich au dentifrice ou une tartelette aux clous, que mange-t-il exactement ?
Les croquettes, on a dit que ça ne compte pas. Les croquettes, c’est seulement quand il n’y a rien d’autre ? On le comprend facilement. Qui parmi vos accepterait de manger chaque jour (matin, midi et soir) ces petites crottes sèches parfumées au vomi et à la viande avariée ? qui ?
Non, mon ami le chat Grizzli est comme tout le monde. Pour qu’il se lèche les babines, il lui faut beaucoup mieux.
Du thon, voilà ce qu’il préfère.
Pas du thon fraichement péché, tout droit sorti du bateau, non ? Pas du thon vivant, qui gigote encore et vous supplie de son œil brillant de l’épargner. Non non. Du thon en boite, voilà qui suffît au bonheur de Grizzli.
Du thon cuit, mis en conserve, dans ces petites boites rondes qui s’ouvrent par une tirette, avec un petit bruit reconnaissable entre tous. Clac !
Où qu’il soit, quand Grizzli entend ce bref claquement, ses moustaches frémissent, sa queue se trémousse. Crac ! Ce bruit, c’est l’appel du ventre… » page 19-20