AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les sables de l'empereur (4)

Je comprends la logique de nos autorités. Il fallait l’humilier, faire comme on fait aux éléphants en Inde lorsqu’on veut les domestiquer : leur briser les genoux afin que leurs pattes cessent de rêver. Et l’administrateur leur avait ordonné de le frapper d’abord avec un nerf de cheval du fleuve. Et le nègre avait alors procédé à une petite correction : à cet endroit il n’y avait pas de chevaux, ni du fleuve ni de la terre. Et que cette queue desséchée appartenait à une bête qui répondait au nom de mpfufu. Si nous n’avions pas de nom adéquat dans la langue portugaise, il suggérait d’emprunter ce terme à sa langue.
Il ne vint pas à l’esprit de l’administrateur qu’hippopotame était le mot dont notre noble langue disposait déjà. Et il prit ces déclarations pour une preuve d’insolence redoublée. Puisqu’il n’y avait pas de nom approprié pour nerf de cheval du fleuve, qu’on le fouette alors avec une vieille férule. (P. 128)
Commenter  J’apprécie          260
Le rituel du passage de l'Equateur a une histoire, dit Antonio de Sousa. Ceux qui festoient ne la connaissent pas. Mais le commandant est décidé à me la raconter. Au temps des caravelles, commence-t-il, ce n'étaient pas les tempêtes mais les accalmies que les marins redoutaient. La zone de l'Equateur était riche en soleil, mais pauvre en vents. Chaque fois qu'un navire s'immobilisait, ce n'étaient pas seulement les aliments qui se détérioraient : la discipline et le sens de la hiérarchie se dégradaient également. Il fallait créer une soupape, une espèce de carnaval où tous pouvaient être tous. C'est ainsi qu'est né le rituel de la traversée de "l'échine du monde". L'océan était une femme et l'ongle des marins, comme une lame aiguisée, dessinait une ligne sur le dos de cette femme. L'Atlantique souriait et ce rire était l'autorisation dont ils avaient besoin. La frontière entre le Nord et le Sud, comme une robe déchirée, tombait aux pieds des marins.
Les Eglises catholiques et protestantes avaient interdit le rituel. Elles y voyaient une survivance païenne. Mais ce ne sont pas les interdictions qui ont affaibli cette vieille pratique. Ce sont les techniques. En se libérant des caprices des vents, le navire à vapeur est venu au secours des efforts chrétiens. Bien qu'affaibli, le rituel a résisté. Tant que la peur survivra, les dieux ne seront pas détruits par les machines.
Commenter  J’apprécie          20
- Mieux vaut Ngungunyane que n'importe quel Portugais.
Et il expliquait : le monarque vanguni était un empereur déjà sans empire ; les blancs étaient un empire sans empereur. Un empereur prend fin à sa mort ; un empire élit sa demeure dans notre tête et reste vivant après sa disparition. C'était de l'enfer et non du démon que nous devrions nous défendre.
Commenter  J’apprécie          20
La différence entre la Guerre et la Paix est la suivante : dans la Guerre, les pauvres sont les premiers à être tués ; dans la Paix, les pauvres sont les premiers à mourir. Pour nous, les femmes, il y a encore une autre différence : dans la Guerre, nous sommes violées par ceux que nous ne connaissons pas.
Commenter  J’apprécie          20




    Lecteurs (85) Voir plus




    {* *}