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EAN : 9782367320861
104 pages
Editions Chandeigne (11/09/2014)
3.79/5   38 notes
Résumé :
« L’indécision de la pluie n’était pas motif de joie. Malgré tout j’inventai une facétie : mes parents m’avaient toujours traité d’ébahi. Ils disaient que j’étais lent pour agir, attardé pour penser. Je n’avais pas vocation à faire quoi que ce soit. Peut-être n’avais-je même pas vocation à être. Eh bien la pluie était là, clamée et réclamée par tous et finalement aussi ébaubie que moi. Enfin, j’avais une soeur tellement maladroite qu’elle ne savait même pas tomber. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Dans tous les livres de Mia Couto il y a une tristesse poignante empreinte d'une grande poésie qui émeut profondément.
Le grand-père à son petit-fils auquel il refuse un verre d'eau :
— Ne t'inquiète pas, je bois comme les oiseaux, je picore dans les gouttes. »

Les vieux aiment raconter des histoires aux enfants qui viennent se réfugier près d'eux, « leur révéler des légendes ». Pour le faire ils « délient leurs paroles » comme l'écrit l'auteur. Mia Couto, lui, délie la langue portugaise pour la réinventer, donner une autre forme aux mots et aux phrases pour leur faire rendre les choses et les émotions plus vivantes en y mêlant un peu de fantastique (par exemple « on dîna sous le nuage du silence plutôt que dans un silence pesant). Il redonne aussi, en recréant la langue, une voix à tous les mozambicains pauvres, pris dans un monde qui leur est bien dur à vivre, qui gardent, malgré tout, une capacité d'émerveillement et savent sourire même tristement : 
« Cette nuit-là, la lune était pleine. Dans le noir, le clair de lune se répliquait en mille gouttelettes, allumant une crèche fantastique. Jamais je n'avais assisté à tant de lumière nocturne, l'étoilement du ciel juste sur notre toit. Mon père sourit :
— On a la lune électrique ! »

Et c'est encore une réussite que ce conte de « La pluie ébahie » où « la cérémonie des commandeurs de nuages » n'ayant pas porté ses fruits « le lendemain matin, la pluie demeurait accrochée à un cintre invisible, planant sans poids. »

Par le biais du conte et l'introduction du fantastique Mia Couto n'occulte pas les problèmes contemporains : la pollution, le racisme, la condition des femmes qui envahissent le quotidien du village de Senaller et de ses habitants et perturbent leur vie.
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C'est un texte très court à la fois tendre et poétique que « Cette pluie ébahie » que nous propose Mia Couto.
Pendant une heure, j'ai voyagé au Mozambique où quelque chose de terrible vient d'arriver. La pluie refuse de tomber, pire, elle reste en suspens dans l'air, créant une brume humide. Les villageois, notamment la famille du narrateur, y voient le signe d'une malédiction, causant une terrible sécheresse et une perte des récoltes à venir. Pourtant il se pourrait bien que la cause de cette pluie figée qu'ils appellent « pluviotis» soit plus simple à expliquer : depuis peu une usine nouvellement installée non loin du village recrache de noires volutes de fumée. Chacun y va de son opinion mais personne ne sait comment réagir, excepté la mère du narrateur qui prendra la décision de se rendre à l'usine pour rencontrer son directeur, dans le plus grand secret.

Avec ce roman aux allures de conte, Mia Couto nous livre une belle image de ce pays où modernité et traditions tentent de cohabiter. Une atmosphère pluvieuse et mélancolique plane au-dessus de cette famille qui ne sait plus vers qui ou quoi se tourner, perdue dans une société qui se transforme.

Je connaissais déjà la plume tellement imagée de l'auteur pour avoir lu « L'accordeur de silence ». Cette nouvelle lecture me laisse une impression étrange, comme s'il me manquait quelques éléments pour en savourer pleinement le mystère et la beauté. J'ai cependant passé un très bon moment avec ce livre.



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Quel plaisir de lire la plume de Miao Couto. Je tiens à remercier les éditions Chandeigne et Babelio pour cette seconde expérience.

Comme le premier que j'avais lu (Le chat et le noir) , la prose de Couto est très poétique mais porteuse de beaucoup plus que de belle formules lyriques.

La pluie ébahie nous parle du temps qui passe, même si elle ne vient pas elle est celle que toutes les générations qui passent attendent. Malgré le temps les hommes qui restent les mêmes dans ce petit village du Mozambique.

Des légendes des ancêtres à l'industrialisation sauvage et polluante du siècle dernier, Couto nous parle de la cupidité et du racisme ordinaire, des histoires de famille et du poids de leur passé. le tout est évoqué par teintes touches, comme en peinture.

Un très bon moment de lecture.
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Plus qu'un récit, ce texte ressemble à un long poème, ou encore une fable poétique.
Dans un pays africain où les couleurs font deux poids deux mesures, la pluie ne tombe plus: elle reste en suspens. Et le monde se renverse, c'est en haut qu'il faut regarder, chercher, pêcher, dans cette autre moitié visible. Un jeune garçon observe les réactions de sa famille, la tante vieille fille qui vampirise les hommes, la mère qui va affronter le chef blanc de l'usine qu'elle croit responsable de cette pluie immobile, le grand-père qu'on doit attacher de peur qu'il ne s'envole et qui lui raconte les mythes familiaux.

La quatrième de couverture annonCE un récit sur un Mozambique en transition et de terribles secrets familiaux.
C'est une écriture triste, onirique, qui malheureusement ne m'a pas captée comme je l'aurais espéré.
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Un conte poétique doux-amer avec des phrases joyaux et des images un peu floues qui pourtant emmènent dans un village du Mozambique et sa réalité : l'importance de l'eau, la mine qui engloutit l'humain, l'usine polluante, le chef d'usine qui désire et méprise, la couleur de peau qui interdit les jeux ensemble, la place des femmes, le rôle des anciens, la fuite des pères... dans le regard d'un enfant laissé à lui-même. Le temps d'une pluie suspendue, la légende familiale peut se retisser, et nous en quelques pages, on effleure un ailleurs, un coeur inconnu...
"Face au froid
fais avec le coeur
l'inverse de ce que tu fais avec le corps :
déshabille-le.
Plus il sera nu,
plus il trouvera
le seul réconfort possible
- un autre coeur."
(conseil du grand-père, en exergue du récit).
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critiques presse (1)
Telerama
01 octobre 2014
Tout n'est que grâce, altruisme et subtilité chez cet écrivain qui se place une fois encore du côté de l'enfance.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (58) Voir plus Ajouter une citation
Dans les mines d'or mon vieux descendait si profondément que mes rêves ne parvenaient même pas à son souvenir.
(...) Chaque fois qu'il revenait, il revenait de plus en plus malade. Il fumait pour que sa poitrine ne soit pas dépaysée par le manque de poussière. Lorsque enfin, il s'établit définitif parmi nous, mon père n'avait qu'une seule préoccupation : dormir.
(...) -- Je dors pas par paresse. Je dors de tristesse.
Ce n'était pas la tristesse. C'était un vide. Les tristes ont un Ciel gris, mais un ciel.
Les désespérés ont un désert. Mon père regardait en arrière : c'était davantage l'oublié que le vécu. Ce qu'il ne se rappelait pas, c'était pourquoi il avait oublié de vivre. Ou tout était-il resté là-bas, dans la mine qui s'était écroulée ? p 22
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Epigraphe

Face au froid,
fais avec le coeur
l'inverse de ce que tu fais avec le corps :
déshabille-le
Plus il sera nu,
plus il trouvera
le seul réconfort possible
-- un autre coeur.
Conseil du grand-père

Je veux sauter à l'eau
pour tomber dans le ciel
Neruda, Crépusculaire
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Tous me parlaient de sa beauté. Mais elle n'aimait pas être belle. Grand-mère répondait toujours : si je suis belle alors maudite soit la beauté ! C'était ainsi qu'elle parlait. La beauté disait-elle, était une cage que grand-père avait inventée pour qu'elle fût oiseau. Un de ces oiseaux qui chantent même en captivité. Et l'erreur de ces oiseaux est de croire que le ciel se trouve à l'intérieur de la cage.
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Qu'il y eût une chute pour cette pluie : nous l'attendions ardemment. Dans cette attente, je m'amusais à regarder les milliers d'arc-en-ciel qui luisaient tout autour. Jamais aucun ciel ne s'était multiplié en autant de couleurs. La pluie est une femme, disait ma mère. L'une de ces veuves à la superbe retenue : elle possède une robe de sept couleurs mais ne la porte que les jours où elle sort avec le soleil. p 10
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-La première fois que je t'ai vu, mon fils, tu n'étais pas encore né. je t'ai vu dans une goutte de pluie.
Oui, elle m'avait vu dans une goutte qui ruisselait dur la vitre, comme si elle entendait faire partie de la maison. Ma mère avait recueilli cette goutte sur le bout de son doigt et l'avait ensuite semée entre ses cils. A cette époque, elle avait promis:
-A la prochaine tristesse c'est toi que je pleurerai mon fils...
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Dimanche 2 octobre 2022 Clôture du FIG 2022 et annonces du FIG 2023 avec François-Xavier FAUVELLE, président 2022, Merieme CHADID, grand témoin 2022, Mia COUTO, président du Salon du Livre 2022, Bruno TOUSSAINT, maire de Saint-Dié-des-Vosges et Thibaut SARDIER, président de l'ADFIG
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