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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Témoignage d'une ancienne esclave qui a eu la chance d'apprendre à lire et écrire.
Le récit de Hannah est facile à lire. Ce dernier permet de voir la condition des esclaves de l'intérieur, principalement des esclaves des maisons, non pas les esclaves qui travaillaient dans les champs et dont la vie étaient certainement beaucoup plus dure. Ici, on découvre la vie d'Hannah sur une période où elle a vécu avec plusieurs maîtres.
Autant j'ai lu aisément et assez rapidement le texte d'Hannah, j'ai en revanche très vite abandonné la partie explicative en début de livre où Henry Louis Gates Jr. Celui-ci a découvert ce manuscrit et a permis l'édition de ce témoignage. J'ai trouvé cette partie lourde. Une simple explication de quelques pages aurait amplement suffi. de même, je ne me suis pas du tout attardée sur les notes en fin d'ouvrage.
Pour conclure, lecture intéressante mais je reste cependant sur un sentiment mitigée.
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The Bondwoman's narrative
Edition établie, annotée et préfacée par Henry Louis Gates Jr
Traduction : Isabelle Maillet

Cette autobiographie romancée est surtout remarquable par le fait que, selon les enquêtes effectuées, elle constituerait le premier document rédigé par une Noire avant la Guerre civile américaine. En effet, jusqu'aux années 1860, il y eut, bien entendu, des écrits (fictionnels ou non) rédigés par des Blancs oeuvrant en tant que Blancs ou se faisant passer pour Noirs, des textes pro-abolitionnistes comme pro-esclavagistes. Mais il semble bien que, jusque là, aucun Noir n'avait pris la plume pour raconter l'esclavage.

Les obstacles, on s'en doute, étaient évidemment légion pour le malheureux homme de couleur qui y aurait songé. Mais assez curieusement, ce n'est pas l'illettrisme et l'ignorance qui, selon Henry Gates, sont ici à mettre en cause : le fait qu'un Noir put exprimer tout simplement son opinion personnelle sur l'esclavage ne venait à l'esprit de personne, pas même dans le Nord abolitionniste.

Le manuscrit d'Hannah Crafts fut redécouvert au XXème siècle, lors d'une vente aux enchères spécialisée. Il se présente comme un hybride mêlant allègrement ce que nous appelons le roman populaire à une part autobiographique et à la fascination, très XIXème, pour les histoires gothiques.

Hannah Crafts - appelons ainsi cette femme dont nous ignorerons toujours l'identité réelle - était certainement une ancienne esclave qui, après mille avatars, était parvenue à s'enfuir dans le Nord et à s'y faire une vie libre. Enfant curieuse et douée, elle avait appris à lire et à écrire un anglo-américain tout ce qu'il y a de plus honorable, que renforce et égaie çà et là un sentiment poétique inné. Les prêches constituant à l'époque la seule ressource de l'esclave, les citations bibliques abondent - un peu trop - surtout en début de chapitre, de même que les sentences habituelles sur la sagesse divine.

Voilà pour le style. Côté intrigue et péripéties, Hannah Crafts a certainement lu pas mal de romans, des bons et des moins bons mais, comme elle réfléchissait à ce qu'elle lisait et possédait une grande sensibilité, elle a su en retirer la leçon. Elle a dû beaucoup apprécier Dickens et les grands romans gothiques à la Brontë et ce penchant lui a permis de développer une technique narrative qui, malgré quelques coups de théâtre, respecte la logique de la vie.

Les portraits qu'elle fait, des Blancs comme des Noirs, sont très vivants et pleins de ces petits détails qui "font" le personnage. Elle rappelle notamment que, parmi les Noirs eux-mêmes, une ségrégation puissante existait entre les esclaves des champs et les esclaves de maison, entre ceux qui avaient le teint vraiment sombre et ceux qui l'avaient plus clair. Avec un naturel qui, compte tenu des influences religieuses qu'elle a certainement subies, surprend assez, elle n'hésite pas à évoquer le douloureux problème de la sexualité entre maîtres et esclaves. Et l'on devine alors la femme de tête qu'elle fut sûrement, dans sa quête éperdue de dignité et de liberté, une femme forte et qui, tout en gardant sa foi dans un paradis céleste, a dû penser bien souvent : "Aide-toi, le Ciel t'aidera ..."

Le manuscrit fut-il remanié ? ... Voilà une autre énigme. Gates affirme ne pas y avoir touché et on peut le croire. Mais avant lui ? ... Les portraits des planteurs sont plutôt convenus et les abolitionnistes sont pour ainsi dire des anges. Enfin, l'un dans l'autre, cette "Autobiographie d'une esclave", si romancée qu'elle soit - un peu trop pour mon goût - se laisse lire et, surtout, incite à vouloir en savoir plus sur la scission entre le Sud et le Nord des Etats-Unis. ;o)
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La curiosité m'a guidée vers cette autobiographie romancée car elle est unique dans le monde de l'édition : écrit dans les années 1850 , c'est le premier récit d'une esclave relatant ses conditions de domestique et sa fuite. La description de son environnement et des relations entre Blancs et Noirs à cette époque est très intéressante.
Le coeur de l'histoire pour moi est la description de sa fuite et l'errance sur laquelle elle va déboucher. L'opiniâtreté de son dessein, quoiqu'il puisse arriver, est édifiant et la description de sa terreur , le long de cette fuite, fait vibrer avec justesse le lecteur. Hanna Crafts parvient par ce biais à nous montrer le courage qu'il lui a fallu pour pouvoir vivre son humanité que les conditions d'esclavage n'ont cessé de tenter de la déposséder en vain.
Peut-être y a-t-il des défauts dans son récit mais il est à placer dans le contexte d'une femme extraordinaire qui a appris à lire et écrire dans le contexte que l'on sait. Ce récit a un charme suranné mais il s'en dégage une force et une volonté hors du commun pour survivre.
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c'est une autobiographie romancée, donc il y a du vrai et du faux dans ce livre. Malgré tout ça cette oeuvre donne, à coup sûr, une excellente idée ce qu'a pu vivre une esclave au milieu du 18e siècle. Ses tentatives de fuite, ses nombreuses familles de maitre qui l'ont achetée, ses relations personnelles avec les maitresses, etc... Surtout c'est le premier livre retrouvé, écrit par une femme noire, qui n'a été publié que 100 ans après sa rédaction.
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