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Critique de Agneslitdansonlit
(Critique déjà publiée en juillet mais retirée car l'ouvrage était sous embargo jusqu'au 15/09/2022)
Je ne suis pas une habituée des polars et romans noirs. Certainement du fait d'un caractère peu enclin à l'optimisme, particulièrement lorsque j'entends les "nouvelles du monde", lequel me paraît déjà bien assez sombre... Alors pourquoi "demander du rab" en me plongeant volontairement dans un récit où règnent la violence et la torture, et côtoyer le pire de l'être humain ? le remède pour mon mal ne serait-il pas plutôt de grapiller quelques instants fugaces de grâce, ces petits moments extraordinaires après lesquels je cours au fil des lignes? Emily Dickinson plutôt que M.W.Craven...
La tentation... Je n'ai pu y résister lorsque s'est présentée l'occasion de lire "Le cercle de pierre" dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée. Et je remercie Babelio et les éditions de L'Archipel pour leur confiance.
Il faut dire que la présentation du polar a su appuyer sur un bouton sensible : l'utilisation des mots "épreuves non corrigées"! La sensation d'avoir entre les mains un manuscrit que personne d'autre à part l'auteur n'aurait lu... Personne d'autre, à part peut-être, ... 275 000 lecteurs anglais ! Et ce depuis déjà 4 ans, puisque ce roman très noir de 2018, traduit dans 22 pays, a été primé par le Gold Dagger Award du meilleur roman policier 2019... Voilà qui m'apprendra à me croire l'élue récipiendaire du manuscrit secret de l'année, partageant l'intimité des éventuelles ratures et erreurs d'orthographe de l'auteur. Je me sentais déjà le costume d'un Bernard Pivot du Dimanche, et je me voyais pénétrer, à la découverte du manuscrit secret, dans la bibliothèque interdite du "Nom de la Rose" ... Oui, celle qui brûle. Qui brûle, qui se consume du fait d'un acte de malveillance délibéré...
(Si je ne découvre pas en avant-première les talents de M.W. Craven, j'espère qu'on me concèdera l'art flamboyant des transitions fort à propos). Car oui, de feu, de brûlure et d'immolation, il en est bien question dans ce roman noir!
L'auteur nous plonge dès les premières pages dans des scènes abominables et récurrentes.
Dans la région du Cumbria , comté rural du nord-ouest de l'Angleterre, le moins densément peuplé du pays,
toujours le même type de lieu : des sites préhistoriques, où trônent menhirs, cromlechs, tumulis, monolithes et henges ( j'ai déployé tout le champs lexical possible !).
Au centre, invariablement, un homme d'une soixantaine d'années. du moins c'est ce qu'affirme à chaque fois l'autopsie. Car difficile de donner un âge de prime abord à ces dépouilles, les victimes ayant été brûlées vives. Ce qui amènera la presse, toujours prompte à faire les choux gras de faits divers ignobles, à surnommer le/ la/ les tueur (s) "l'immolateur"...
Les enquêteurs se cassent les dents sur ces scènes de meurtres successives, qui ne concèdent aucune preuve, aucun élément oublié, rien d'exploitable permettant de constituer une quelconque piste. Jusqu'à ce qu'une victime présente, gravé dans ses chairs mutilées et carbonisées le nom de Washington Poe, ancien enquêteur mis à pied, parti commencer une nouvelle vie dans une ferme isolée du Cumbria.
C'est noir, très noir et j'ai apprécié d'y retrouver des similitudes avec "L'île des âmes"de Piergiorgio Pulixi, lu l'année dernière, et dont l'intrigue est aussi mise en valeur parce que l'auteur sait étoffer le récit en le posant dans un cadre spécifique à une région : les sites nuragiques siciliens pour "L'île des âmes", les sites circulaires mégalithiques pour "Le cercle de pierres".
De par son parcours personnel, M.S. Craven parvient à inviter le lecteur dans l'ambiance et le processus d'une enquête policière grâce à des descriptions nourries et précises. Contrairement à d'autres romans policiers se concentrant principalement sur l'intrigue elle-même, ici M.W.Craven projette le lecteur dans le quotidien d'une enquête, incluant la reconstruction d'une pièce de Q.G. à proximité des lieux de crimes. Ça pourrait paraître anecdotique ou superflu, mais c'est cet aspect qui m'a aidée à "rentrer" dans l'intrigue. Cette description du quotidien réel d'enquêteurs. de même, à lire quelques critiques de lecteurs anglais, certains saluent la précision et la justesse des termes employés pendant l'enquête, relatifs aux différents services et professionnels qui rentrent en jeu. Et pour cause, M.W.Craven après quelques années dans l'armée britannique, poursuivit des études en criminologie, puis exerça la profession de conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation! D'où certainement sa connaissance du terrain pénal. Ce souci d'exactitude donne corps à l'enquête.
Un autre attrait de ce polar tient à la relation très particulière entre ce flic désabusé et "sur le retour" et sa jeune collègue analyste l'assistant sur l'enquête, Tilly Bradshaw, geek surdouée mais inadaptée aux rapports sociaux. Ils sont aux antipodes l'un de l'autre et c'est tout le charme de cette équipe !
Malgré tout, je regrette, comme à chaque rare lecture d'un polar, que le dénouement représente une part minime du récit. Je ressens toujours une forme de frustration à ne pas revenir sur l'ensemble de l'intrigue, une fois celle-ci résolue, comme un rétro éclairage où toutes les pièces se remettent en place...
"Le cercle de pierres", publié en juin 2018 sous le titre "The Puppet Show", paraîtra le 22 septembre 2022 en France. Ce polar est le 1er opus des cinq enquêtes à venir de Washington Poe.
Je ne suis pas une habituée des polars et romans noirs. Certainement du fait d'un caractère peu enclin à l'optimisme, particulièrement lorsque j'entends les "nouvelles du monde", lequel me paraît déjà bien assez sombre... Alors pourquoi "demander du rab" en me plongeant volontairement dans un récit où règnent la violence et la torture, et côtoyer le pire de l'être humain ? le remède pour mon mal ne serait-il pas plutôt de grapiller quelques instants fugaces de grâce, ces petits moments extraordinaires après lesquels je cours au fil des lignes? Emily Dickinson plutôt que M.W.Craven...
La tentation... Je n'ai pu y résister lorsque s'est présentée l'occasion de lire "Le cercle de pierre" dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée. Et je remercie Babelio et les éditions de L'Archipel pour leur confiance.
Il faut dire que la présentation du polar a su appuyer sur un bouton sensible : l'utilisation des mots "épreuves non corrigées"! La sensation d'avoir entre les mains un manuscrit que personne d'autre à part l'auteur n'aurait lu... Personne d'autre, à part peut-être, ... 275 000 lecteurs anglais ! Et ce depuis déjà 4 ans, puisque ce roman très noir de 2018, traduit dans 22 pays, a été primé par le Gold Dagger Award du meilleur roman policier 2019... Voilà qui m'apprendra à me croire l'élue récipiendaire du manuscrit secret de l'année, partageant l'intimité des éventuelles ratures et erreurs d'orthographe de l'auteur. Je me sentais déjà le costume d'un Bernard Pivot du Dimanche, et je me voyais pénétrer, à la découverte du manuscrit secret, dans la bibliothèque interdite du "Nom de la Rose" ... Oui, celle qui brûle. Qui brûle, qui se consume du fait d'un acte de malveillance délibéré...
(Si je ne découvre pas en avant-première les talents de M.W. Craven, j'espère qu'on me concèdera l'art flamboyant des transitions fort à propos). Car oui, de feu, de brûlure et d'immolation, il en est bien question dans ce roman noir!
L'auteur nous plonge dès les premières pages dans des scènes abominables et récurrentes.
Dans la région du Cumbria , comté rural du nord-ouest de l'Angleterre, le moins densément peuplé du pays,
toujours le même type de lieu : des sites préhistoriques, où trônent menhirs, cromlechs, tumulis, monolithes et henges ( j'ai déployé tout le champs lexical possible !).
Au centre, invariablement, un homme d'une soixantaine d'années. du moins c'est ce qu'affirme à chaque fois l'autopsie. Car difficile de donner un âge de prime abord à ces dépouilles, les victimes ayant été brûlées vives. Ce qui amènera la presse, toujours prompte à faire les choux gras de faits divers ignobles, à surnommer le/ la/ les tueur (s) "l'immolateur"...
Les enquêteurs se cassent les dents sur ces scènes de meurtres successives, qui ne concèdent aucune preuve, aucun élément oublié, rien d'exploitable permettant de constituer une quelconque piste. Jusqu'à ce qu'une victime présente, gravé dans ses chairs mutilées et carbonisées le nom de Washington Poe, ancien enquêteur mis à pied, parti commencer une nouvelle vie dans une ferme isolée du Cumbria.
C'est noir, très noir et j'ai apprécié d'y retrouver des similitudes avec "L'île des âmes"de Piergiorgio Pulixi, lu l'année dernière, et dont l'intrigue est aussi mise en valeur parce que l'auteur sait étoffer le récit en le posant dans un cadre spécifique à une région : les sites nuragiques siciliens pour "L'île des âmes", les sites circulaires mégalithiques pour "Le cercle de pierres".
De par son parcours personnel, M.S. Craven parvient à inviter le lecteur dans l'ambiance et le processus d'une enquête policière grâce à des descriptions nourries et précises. Contrairement à d'autres romans policiers se concentrant principalement sur l'intrigue elle-même, ici M.W.Craven projette le lecteur dans le quotidien d'une enquête, incluant la reconstruction d'une pièce de Q.G. à proximité des lieux de crimes. Ça pourrait paraître anecdotique ou superflu, mais c'est cet aspect qui m'a aidée à "rentrer" dans l'intrigue. Cette description du quotidien réel d'enquêteurs. de même, à lire quelques critiques de lecteurs anglais, certains saluent la précision et la justesse des termes employés pendant l'enquête, relatifs aux différents services et professionnels qui rentrent en jeu. Et pour cause, M.W.Craven après quelques années dans l'armée britannique, poursuivit des études en criminologie, puis exerça la profession de conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation! D'où certainement sa connaissance du terrain pénal. Ce souci d'exactitude donne corps à l'enquête.
Un autre attrait de ce polar tient à la relation très particulière entre ce flic désabusé et "sur le retour" et sa jeune collègue analyste l'assistant sur l'enquête, Tilly Bradshaw, geek surdouée mais inadaptée aux rapports sociaux. Ils sont aux antipodes l'un de l'autre et c'est tout le charme de cette équipe !
Malgré tout, je regrette, comme à chaque rare lecture d'un polar, que le dénouement représente une part minime du récit. Je ressens toujours une forme de frustration à ne pas revenir sur l'ensemble de l'intrigue, une fois celle-ci résolue, comme un rétro éclairage où toutes les pièces se remettent en place...
"Le cercle de pierres", publié en juin 2018 sous le titre "The Puppet Show", paraîtra le 22 septembre 2022 en France. Ce polar est le 1er opus des cinq enquêtes à venir de Washington Poe.
