Le présent roman graphique est une adaptation du roman de
Stephen Crane,
L'Insigne Rouge du Courage, publié en 1895. Une oeuvre considérée comme majeure dans la littérature américaine. Elle connaîtra plusieurs traductions en français entre 1911 (Mercure de France) et 2019 (Gallmeister). Elle fera aussi l'objet d'une adaptation au cinéma sous le titre La Charge Victorieuse de
John Huston (1951).
Henry Fleming s'engage dans l'armée nordiste alors qu'il vient d'avoir 18 ans. Un jeune homme insouciant qui veut défendre les valeurs de son pays et rêve de gloire, une recrue parmi tant d'autres… Mais la réalité est tout autre, son régiment ne s'engage sur aucune bataille, l'ennui et la désillusion le gagne peu à peu. Jusqu'à ce jour du printemps 1863 où les troupes sont enfin appelées à aller se frotter aux rebelles sudistes.
Bien que rien n'indique clairement de quelle campagne il s'agit, les dates d'engagement et le fait que le régiment d'Henry Fleming soit situé sur les rives de la rivière Rappahannock font pencher la balance vers la bataille de Chancellorsville qui se déroula du 1er au 6 mai 1863.
Le roman se concentre sur le personnage d'Henry Fleming, sur le champ de bataille le jeune soldat découvre une réalité bien loin des idéaux qu'il avait imaginés. Entre manoeuvres inutiles, voire dangereuses, incompétence de l'état-major qui n'hésite pas à sacrifier les troupes et dureté des combats, il sera sans cesse tiraillé entre résignation, désillusion, lâcheté et courage.
Si les scènes de combat sont bel et bien présente au fil des pages, l'auteur priorise l'impact de la guerre sur la psyché de l'humain. Son personnage n'a rien d'un héros invincible, c'est une jeune recrue lambda qui va se retrouver confrontée à une situation qui dépasse l'entendement… et forcément face à l'horreur et à l'incompréhension ça cogite dur dans sa tête.
Au niveau du graphisme
Steve Cuzor opte pour des planches en bichromie noircies à l'encre de chine et joue énormément avec les ombres. Contre toute attente (je craignais des planches trop sombres), le rendu est des plus convaincants, que ce soit dans les décors ou les expressions des personnages, le résultat est criant de vérité.
Le roman se décompose en dix actes qui ne correspondent pas forcément à différentes phases de l'intrigue. Peut-être un choix scénaristique visant à souligner l'incohérence de cette guerre fratricide qui restera malgré tout fondatrice des États-Unis tels qu'on les connaît aujourd'hui.
La grande force de ce roman demeure son intemporalité, je suis en effet convaincu qu'aujourd'hui encore, le soldat lambda envoyé au front pour la première fois, qu'il sorte d'une école militaire ou soit engagé volontaire, doit se poser bien des questions au moment où éclatent les hostilités.
Pour la petite histoire
l'insigne rouge du courage (red badge of courage en version originale) fait référence à une blessure de guerre.
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