La passe-miroir, tome 1 : Les fiancés de l'hiver

Les femmes, c'est une chose [...]. Mes sœurs en sont une autre.

C'est ce que je suis avant d'être une paire de mains, conclut Ophélie. Je suis la Passe-miroir.

Le plus infime changement dans l'équilibre des pouvoirs précipite les intrigues et les meurtres de couloir.

Comment donc, c’était tout ? « Tu es un assassin, parfait, passe-moi le sel… »

Au même instant, l'aiguille du phonographe se prit au piège d'une rayure. L'écho en boucle de la soprano emplit toute la pièce : " Si je... Si...je...Si je ... Si je... Si je ...
(...)
"Si je ... Si je... Si je ... Si je ... ", bégayait le tourne-disque. (...)
L'aiguille du tourne-disque sursauta et poursuivit son bonhomme de chemin tandis que la soprano clamait triomphalement : " Si je t'aime, prends garde à toi !"

Quand les illusions disparaissent, seule demeure la vérité.

Si tu veux vraiment me rendre service, ne devient pas l'une des leurs. Fais les bons choix, ne te compromets pas et trouve ta propre voie. On en reparlera d'ici quelques années, d'accord ?

_ Ne donnez plus votre confiance qu'à ma tante, rappela-t-il.
Ophélie se sentit peinée de voir à quel point il accordait du crédit à Berenilde. Elle les manipulait comme des marionnettes et il était entré dans son jeu sans même s'en rendre compte.
_ A elle, je ne sais pas. Mais à vous, n'en doutez plus.
Ophélie avait cru bien faire en lui disant cela. A défaut de pouvoir jouer les épouses aimantes, elle voulait au moins être honnête avec Thorn. Il avait sa confiance, il devait le savoir. Elle se demanda toutefois si ce n'était pas une erreur quand les yeux gris se dérobèrent brusquement aux siens, dans un mouvement de raideur.
_ Vous devriez partir, maintenant, marmonna-t-il.

De Thorn elle s'était attendue à tout. Brutalité. Mépris. Indifférence.
Il n'avait pas le droit de tomber amoureux d'elle.

Ses lointains ancêtres avaient assisté à la dislocation de leur univers. S’étaient-ils laissé mourir pour autant ? Non, ils s’étaient inventé une autre vie.